Les Miels d’Anicet: la classe ouvrière contre-attaque - Caribou

Les Miels d’Anicet: la classe ouvrière contre-attaque

Publié le

23 septembre 2016

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C’est un automne chargé qui s’annonce pour les Miels d’Anicet. Texte de Laura Shine Photos de Xavier Girard Lachaîne (fournies par Télé-Québec) Anicet Desrochers et sa conjointe Anne-Virginie Schmidt sont bien connus des gourmands de la Belle Province, qui ont d’abord découvert leurs miels bios et uniques dans des épiceries fines et des évènements gastronomiques, avant de les retrouver dans les grandes surfaces. Mais d’ici quelques semaines, l’entreprise change de stratégie et se lance de plain-pied dans la vente directe aux consommateurs par l’entremise d’un site web revampé, agrémenté d’une image de marque renouvelée qui soulignera les quinze ans de la petite ruche qui voyait grand. Ces révolutionnaires de l’apiculture partent aussi à la conquête d’un public encore plus large dès le 26 septembre, alors que l’émission La classe ouvrière s’ouvre sur les ondes de Télé-Québec. Au fil de l’automne, c’est tout un monde – et un pari un peu fou – que l’on découvrira. Celui d’une apiculture écoresponsable, raisonnée, qui mise sur une flore nordique peu commune pour produire non seulement des miels typés et sauvages, mais aussi des abeilles résilientes et capables de s’adapter aux bouleversements climatiques. Tout cela à 250 kilomètres au nord de Montréal, dans un rang isolé de Ferme-Neuve, entouré de champs de sarrasin biologique et d’écosystèmes floraux uniques.

«La mission première, honnêtement, c'est de dynamiser la ruralité et de faire en sorte que les jeunes ne désertent plus. À Ferme-Neuve, comme au Lac-St-Jean ou en Gaspésie [...] de faire en sorte qu'on le vive, ce territoire-là.» –Anicet Desrochers

Miels_AnicetSi, depuis le mois de février, la petite équipe se plie aux exigences d’une cinquantaine de jours de tournage dans toutes les conditions et aux moments les plus occupés de l’année, ce n’est pas que pour mousser son image de marque. C’est plutôt pour lever le voile sur ces insectes encore méconnus et sensibiliser le grand public aux défis qui menacent l’apiculture contemporaine: perte de la diversité végétale indigène, omniprésence des monocultures traitées aux intrants chimiques, importation de maladies et de parasites dévastateurs et, par-dessus tout, changements climatiques qui perturbent la ruche et ses habitants. Si, d’une région du monde à l’autre, les effets varient, c’est néanmoins partout le même constat, explique Anicet au téléphone. Les aléas du climat sont de plus en plus violents et les saisons, de moins en moins prévisibles. Qu’elles soient soumises à des sècheresses, des inondations, des hivers qui s’éternisent ou des chaleurs suffocantes, les abeilles peinent à suivre le rythme brutal de ces bouleversements. Pour une apiculture durable C’est pourquoi, au-delà du miel, la petite équipe travaille assidûment au développement de lignées génétiques résilientes et rustiques, aussi uniques que le rude territoire haut-laurentien qui les voit naître. De concert avec des chercheurs canadiens, notamment à l’Université Laval et à Génome Canada, Anicet – un des rares éleveurs de reines au pays – s’intéresse à ce parent pauvre de la recherche agronomique. En effet, si les élevages porcin, bovin ou avicole ont fait l’objet d’innombrables études, l’apiculture a bénéficié de relativement peu d’attention jusqu’à la découverte, il y a quelques années, de taux de mortalité mystérieux et alarmants chez les abeilles. Et encore, estime Anicet, cet engouement récent a engendré des réponses inadéquates et à courte vue: l’usage d’antibiotiques et autres pharmacopées chimiques a pris le pas sur le renforcement du système immunitaire de l’abeille et le développement de lignées plus résistantes. Mais pour en arriver à des solutions durables, il faut aussi mieux comprendre la place de ces insectes au sein d’un système plus vaste. L’agriculture intensive, avec son lot de pesticides et de monocultures parfois hostiles aux pollinisateurs (dans le cas de graminées telles que le maïs ou l’avoine, par exemple), nuit gravement aux colonies, qui dépendent d’une grande diversité de fleurs pour assurer une stabilité nutritionnelle et produire un miel de haute qualité. C’est pourquoi, il y a une dizaine d’années, Anicet et Anne-Virginie ont remué ciel et terre afin d’éviter l’implantation dans leur région d’un centre de recherche sur le canola génétiquement modifié, qui voulait tirer profit de l’isolement géographique des fermes adjacentes et menaçait de facto la certification biologique de leur miel. Ils ont ainsi convaincu les agriculteurs avoisinants de se lancer plutôt dans la production de cultures biologiques et de développer un réseau de producteurs locaux.

Anicet Desrochers«On s'est fait voler un trentaine de ruches cet été [...] on ne pensait jamais que ça arriverait jusqu'à Ferme-Neuve. [...] C'est très négatif, mais le positif de la chose, c'est qu'il y a eu une solidarité rurale incroyable. [...] Ça a fait parler. Ce n'est pas juste les abeilles d'Anicet, c'est les abeilles des Hautes-Laurentides. Tout le monde se sent concerné.» –Anicet Desrochers

Résultat, les abeilles butinent aujourd’hui sur ce qui représente probablement la plus vaste superficie en culture biologique au Québec, et possiblement dans l’est de l’Amérique du Nord. «Dynamiser la ruralité», voilà en effet une autre vision portée par Anicet, dont l’entreprise emploie en haute saison 22 travailleurs et s’inscrit au sein d’un regroupement alimentaire régional ancré dans l'originalité de ce territoire nordique. Car si l’éloignement et la rudesse du climat imposent des contraintes particulières, ils permettent aussi l’éclosion de projets uniques… et la réalisation de rêves un peu fous. La classe ouvrière Les lundis à 19h30, à Télé-Québec
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