Passent les modes, restent ces restos: Chez la Mère Michel - Caribou

Passent les modes, restent ces restos: Chez la Mère Michel

Publié le

20 juin 2017

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Certains restaurants ont la couenne dure, résistent et occupent la scène montréalaise depuis plus de 25 ans malgré la «restaurantite aiguë» qui touche la métropole. Comment ces institutions font-elles pour durer? Caribou a eu la chance d'en discuter, notamment, avec la restauratrice Micheline Delbuguet, avant qu'elle ne s'éteigne le 10 juin dernier, après 53 ans à la barre de son restaurant Chez la Mère Michel.

Texte de Sophie Suraniti Photos de Fabrice Gaëtan et tirée de Facebook L'exemple de Chez la Mère Michel Ouvert depuis 1964 1209, rue Guy Sur la photographie en noir et blanc que nous tend Micheline Delbuguet, une jolie jeune femme sourit à l’objectif. Elle tient entre ses mains la carcasse d’un lapin entier, qui deviendra bientôt un lapin à la moutarde. «Ce n’était pas facile d’en trouver à l’époque», se rappelle la chef du restaurant Chez la Mère Michel, âgée de 87 ans. En 1964, cuisiner des produits fermiers et flamber des rognons devant les clients, voilà qui offusquait bien des âmes sensibles. «Mais, madame, vous n’êtes pas en France ici!» disait-on à cette cuisinière originaire de la Côte d’Azur. À leur arrivée au Québec, les Delbuguet ont un coup de coeur pour une demeure de style victorien un peu décrépite sur la rue Guy. Au rez-de-chaussée, on installera le restaurant de Micheline; au premier étage, la famille aura ses quartiers privés; au dernier, le mari de Micheline, René, aménagera son studio de photographie. Pendant plus d’un demi-siècle, politiciens, hommes d’affaires et travailleurs des alentours fréquenteront ce qui sera une des premières nappes blanches montréalaises, tenue par une des premières femmes chefs du Québec. Aujourd’hui, la santé de Micheline est fragile, et sa silhouette, fluette. Pourtant, elle fait chaque jour son tour en cuisine et en salle pour s’enquérir des besoins de la petite équipe, des réservations prises et des fidèles qui se régalent de barquettes alsaciennes aux oignons doux, un plat inscrit sur la carte depuis l’ouverture de l’établissement! Avec les années, le restaurant a perdu un peu de sa popularité. Certains clients sont décédés, d’autres ont quitté la ville; quant aux jeunes, ils choisissent aujourd’hui les adresses qui sont la saveur du moment. En ce jeudi soir, les clients sont plutôt rares. Marc, un des fidèles serveurs – il travaille Chez la Mère Michel depuis plus de 30 ans! – ne sortira donc pas son guéridon. Même si, autour d’eux, tout bouge, le temps semble s’être figé Chez la Mère Michel. Le décor façon chic auberge provençale, avec ses tapisseries florales, ses boiseries, ses panneaux de cuivre émaillé et son jardin d’hiver, n’a pas changé. «Quand nous avons ouvert le restaurant, nous faisions des choses différentes pour l’époque», confie Micheline. L’excentricité d’hier s’est transformée en nostalgie. Heureusement, il y aura toujours des nostalgiques à nourrir. **Pour lire les secrets de la longévité des restaurants Au Petit Extra, Dilallo, Snowdon Deli et Café Santropol, procurez-vous le numéro complet de Caribou spécial Montréal.**
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