Aqua apocalyptica - Caribou

Aqua apocalyptica

Publié le

15 novembre 2018

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Invitation à une prise de conscience tardive... avant qu’il ne soit réellement trop tard! Un texte d'Amélie Baillargeon 2068. J’ai 87 ans, mon mari 91 et notre fille, 51 ans. Nous habitons cette province qu’on surnommait autrefois le «pays de l’or bleu». Alors qu’en 2018, il suffisait d’ouvrir le robinet pour que l’eau coule abondamment et gratuitement, maintenant, nous devons négocier avec le trafiquant aquatique du coin pour avoir droit aux quelques litres de notre ration familiale. Car, en l’espace de quelques décennies, le Québec s’est vidé de son eau douce, parce que nous l’avons collectivement embouteillée, polluée, gaspillée. Une mine d’or bleu Dans la Belle Province, l’eau coulait de source ou plutôt, de sources. Selon un rapport du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, en 2013, l’eau provenait de sept grands réservoirs, appelés «bassins versants» et recouvrait alors plus du cinquième de la superficie du Québec. Toute cette richesse hydrique représentait, à elle seule, 3% des réserves en eau douce renouvelable de la planète. À l’époque, ce chiffre semblait une goutte dans l’océan, mais quand on sait que des 70% d’eau qui composaient la Terre, seuls 5% étaient de l’eau douce, cette goutte d’eau se transformait rapidement en océan. La province baignait dans une véritable mine d’or bleu, alors que sa population représentait environ 0,1% de la population mondiale. Soif et besoins insatiables Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’être humain requiert au minimum 20 litres d’eau potable chaque jour pour s’hydrater et manger, 50 litres pour s’occuper en plus de son hygiène personnelle, de sa lessive et de l’entretien ménager, et 100 litres pour réellement bien vivre. Au Québec, en 2015, une personne utilisait grosso modo au-delà de 570 litres d’eau chaque jour, soit 470 litres de plus que la quantité requise pour bien vivre et dépassant allègrement la moyenne canadienne (447 litres), de même que celles de la France et du Royaume-Uni (130 à 160 litres). À la lumière de ces données, un petit examen de conscience aurait dû s’imposer. Encore plus lorsque l’on sait que, pendant ce temps, ailleurs dans le monde, selon le Programme des Nations unies pour le développement, plus de 40 % de la population mondiale faisait face à une pénurie et 663 millions de personnes n’avaient tout simplement pas accès à des sources d’eau potable. Abondance sabotée À cette époque, la plupart des Québécois jouissait d’un accès facile, pratiquement illimité et quasi gratuit, l’eau étant considérée alors comme un bien commun, utilisée à diverses fins (agriculture, énergie, industries, etc.). Enviable, cette situation était tout sauf problématique en soi, l’eau faisant partie des droits de l’homme. C’est la gestion ou plutôt l’exploitation que nous, comme peuple, en faisions, tantôt causant des déversements de contaminants divers (industriels, pharmaceutiques, etc.), tantôt la gaspillant, tantôt favorisant la vente à rabais de la ressource aux joueurs industriels. Rappelons que, durant les élections provinciales de 2018, on dévoilait que les joueurs industriels avaient payé, en 2017, 3,2 millions de dollars pour utiliser l’équivalent de 250 000 piscines olympiques d’eau douce. Enfin, rajoutons à ces constats le spectre d’une éventuelle inclusion de l’eau dans les ententes de commerce international, ouvrant la porte à l’exportation en masse de l’eau, ainsi que les impacts possibles ou avérés des changements climatiques, nous sommes ainsi arrivés au sabotage de notre avenir. 2018. Bien sûr, cette vision apocalyptique se veut d’abord une invitation à prendre conscience de notre chance de voir couler cette richesse sur notre territoire, mais aussi de notre responsabilité individuelle et collective à l’égard de sa gestion. Autrement, ce pourrait être bel et bien un scénario digne d’un film de science-fiction qui nous attend dans les 50 prochaines années…

Petits gestes, grands impacts

Certes, les joueurs politiques et économiques pèsent et pèseront toujours plus dans la balance hydrique du Québec. Mais comme pour l’alimentation, nous pouvons individuellement voter chaque jour, directement et indirectement, avec notre robinet notamment :
  • en le fermant lorsqu’on se brosse les dents ou se lave les mains;
  • en adoptant une alimentation plus végétale;
  • en remplissant au maximum de sa capacité le lave-vaisselle ou la laveuse avant de les actionner;
  • en optant pour des toilettes utilisant peu d’eau;
  • en recueillant l’eau de pluie pour arroser le jardin et surtout, en arrêtant d’arroser les entrées en bitume;
  • en diminuant notre utilisation de bouteilles, sacs et autres objets en plastique à usage unique;
  • en réfléchissant à notre consommation d’eau de façon générale;
  • en élisant des gouvernements qui mettent de l’avant des «politiques aquaresponsables».
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