L’hiver au verger - Caribou

L’hiver au verger

Publié le

11 février 2019

publicité

Les pomiculteurs Dominique Vincent et Francis Brabant, traducteurs de métier, ont acheté un verger en 2009, le Verger bio d'Oka. Leur idée: faire pousser des fruits bios. Mais comment occupent-ils les heures une fois la dernière pomme de la saison cueillie?

Texte d’Emilie Villeneuve
Photos de Melissa Phillips

C’était un projet que les principaux intéressés appellent «de nid vide». «Quand les enfants sont partis de la maison, on a senti qu’on cherchait quelque chose…» explique Dominique. Un jour, ces traducteurs à la pige ont visité un verger de huit hectares à Oka. «Avec l’agent d’immeuble, on a fait le tour de la terre et on est tombés amoureux. Mais on ne voulait pas faire une culture industrielle», poursuit Francis. Ils ont donc consacré trois ans à apprendre la pomiculture «sur le tas» et à faire la transition vers le bio, non sans heurts, par exemple lorsque la tavelure – ce champignon maléfique qui attaque les pommiers – s’est faite plus persistante.

Le bucolique plan «de nid vide» s’est ainsi transformé en boulot à temps plein, du moins au cours de la belle saison et certainement à l’époque de la récolte, où Dominique commence à faire des biscuits pomme-avoine-chocolat à 6h du matin, accueille plus de 350 familles pour l’autocueillette les jours de grand achalandage et fait sa dernière fournée de biscuits à 22h.

À l’automne, les derniers visiteurs partis, il faut s’empresser de tailler les parcelles malades, de vider l’eau des pompes et des tuyaux avant le gel et de terminer la construction ou la réfection de quelque bâtiment. Francis parle aussi de la nécessité de ramasser «la pomme à terre», pour laquelle il pourra obtenir cinq sous la livre et qui sera transformée en jus.

Et après? «Il faut réparer l’équipement qu’on a abîmé durant l’été et qu’on a rabouté à la va-vite avec de la broche et du Duck Tape. J’en profite par ailleurs pour lire des résultats de recherches, précise Francis. En ce qui concerne la culture bio, y a pas de manuel d’instructions, et encore moins en pomiculture.» Il s’informe sur les populations d’insectes nuisibles, leurs déplacements géographiques et les nouveaux traitements biologiques offerts sur le marché.

Il faut aussi profiter des mois froids pour fabriquer du savon insecticide en quantité industrielle «avec de l’huile et de la soude caustique biologiques, dans des barils de 45 gallons», pour être prêt au printemps. «Et en mars, conclut Francis, on taille les gourmands qui ont poussé l’année d’avant», parfois en raquettes quand la neige est encore haute, avant que le printemps réveille les pommiers. «L’hiver, ajoute Dominique, on en profite pour manger trois repas par jour et rattraper un peu le temps perdu.» Clin d’œil, rires, le nid n’est jamais vraiment vide.

publicité

Plus de contenu pour vous nourrir