Glyphosate: faire pipi pour la cause

L’automne dernier, l’organisme Vigilance OGM m’a fait une demande particulière: elle voulait que je fasse pipi dans un petit pot. L’objectif? Tester 40 Québécois.es pour dévoiler le taux de glyphosate de leur urine. 

Une chronique de Katerine-Lune Rollet

Les comédiennes Christine Beaulieu et Ève Landry, l’écologiste Laure Waridel et le chef David McMillan ont aussi répondu à l’appel. Le résultat des tests a été dévoilé mercredi le 17 juin 2020.  

Selon Vigilance OGM, le glyphosate est le pesticide le plus utilisé au monde. Celui que l’on connaît sous le nom de Roundup (breveté par Monsanto, maintenant propriété de Bayer) est largement utilisé au Québec. Le hic c’est la dangerosité de cet herbicide qui ne fait pas consensus. 

Les recherches sur ses effets secondaires sont souvent faites par l’industrie; et de plus en plus de voix s’élèvent pour démontrer un lien entre l’exposition au glyphosate et le cancer. Des études indépendantes ont été réalisées pendant 2 ans (et non 90 jours) sur des rats. On leur donnait les quantités acceptées pour les humains par des agences de santé. Les résultats ont démontré une destruction progressive du foie, des reins et des cancers des organes reproducteurs.

Ceux qui sont touchés au premier rang sont les agriculteurs. D’ailleurs, parmi les 40 «glyphotestés», celui qui a obtenu la plus haute quantité dans son urine est un fermier. Selon le médecin Eric Notebaert, les enfants des agriculteurs développent aussi davantage d’autisme et de trouble de déficit de l’attention.

En faisant le test, on m’a questionnée sur mes habitudes alimentaires, histoire de voir mes prédictions personnelles. Voici ce que j’avais répondu:

Finalement, plus du 2/3 des échantillons d'urines testés contenaient du glyphosate. Je fais partie des 14 où l’on n’a trouvé aucune trace dans ses urines. Cela ne me réjouit pas pour autant. Ce test est un instantané de ce qui est entré dans mon corps dans les jours précédents l’échantillon. Je pourrais manger plein d’aliments transformés et non-bio et mon résultat serait différent.

Cette campagne de sensibilisation a pour objectif de développer une agriculture moins dépendante des pesticides et donc de mettre en place des agricultures plus biologiques et plus respectueuses de nos écosystèmes et de notre santé.  

Le confinement dû à la COVID-19 a souligné à grands traits notre faible souveraineté alimentaire. Pourrait-on mettre maintenant de l’avant des politiques claires qui encouragent une nouvelle agriculture? Et qui remettent en question ce que l’on met dans nos champs en fermant les yeux depuis 50 ans. 

Si vous vous demandez pourquoi un organisme qui lutte contre les OGM, désire nous tester à propos d’un pesticide, voici la réponse sur leur site internet:

Vingt ans après leur arrivée sur le marché, 88% des OGM dans le monde sont créés pour résister à des herbicides tels que l’herbicide à base de glyphosate, le Roundup de Monsanto. L’usage de ce type de culture a entraîné une augmentation de l’utilisation des herbicides, notamment ceux contenant du glyphosate.

Donc, on crée actuellement des OGM qui résistent aux herbicides et ensuite on utilise davantage d’herbicides. On n’est pas sorti de l’auberge!