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Semer, récolter, partager

Publié le

01 septembre 2020

Fanny Beaudin, des Trouvailles gourmandes de Fanny
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Jeune adulte, elle avait trouvé du boulot aux marchés Jean-Talon et Atwater pour payer ses études. Une rencontre marquante a fait en sorte qu’elle ne quitte jamais ce milieu... Voici le fabuleux destin de Fanny Beaudin. 

Texte de Mélanie Gagné
Photos de Fabrice Gaëtan

Fanny garnit chaque matin les tables de son étal du marché Atwater en ayant à cœur d’agencer les couleurs, les formes, les textures. «J’ai l’impression que je peins une toile. C’est comme ça que je le vis», raconte-t-elle. Le parallèle avec la peinture n’est pas anodin. Elle a étudié en art et en psychologie à l’université. «Je voulais devenir art-thérapeute, mais je suis finalement légume-thérapeute!» lance-t-elle à la blague. 

Le champ pour la vie 

Ce qui devait n’être qu’un emploi d’étudiante est devenu un métier passionnant. Pendant 15 ans, Fanny a travaillé dans les serres, dans les champs et au stand du marché Atwater pour l’entreprise maraîchère Le potager du gourmet de Saint-Michel. «C’est un métier intense et difficile au champ comme au marché, parce que les journées sont longues et exigeantes, mais j’aime tellement ce que je fais que mon défi a toujours été de laisser de la place au reste de ma vie.» 

Gaétan et Diane Pinsonneault étaient les propriétaires de l’entreprise Le potager du gourmet. Lorsque Fanny a commencé à travailler pour eux, elle les a tout de suite aimés. Si fort qu’ils sont devenus sa deuxième famille. Elle a appris le métier avec eux et s’est découvert une grande passion: «De voir pousser ton produit et de le donner aux gens, ça rend heureux. Tu sais qu’ils vont passer un bon moment grâce à toi. Et travailler au jardin, c’est une thérapie: tu es dans le moment présent et ça fait beaucoup de bien!» 

En 2012, songeant à une retraite, Gaétan et Diane ont voulu vendre la terre. Fanny n’avait pas les moyens de l’acheter. Le couple a pris un arrangement avec elle. Ils lui ont loué une partie de la terre, ont poursuivi la production avec elle et elle a pris les rênes de l’étal du marché Atwater. C’est ainsi qu’Aux trouvailles gourmandes de Fanny est née, en 2013. La maraîchère y vend ses légumes et ses fines herbes, mais comme ce sont de petites productions, elle offre aussi les récoltes de producteurs qui partagent les mêmes valeurs qu’elle. À l’étal de Fanny, tout est local, issu de petites productions, biologique, sans pesticides ni insecticides. 

Fanny produit de nombreuses fines herbes, des piments forts, de multiples variétés de tomates ancestrales, d’aubergines et de poivrons, ainsi que des fleurs comestibles. En plus de la verdure connue, elle propose des espèces plus rares: épazote, papalo, parcel, mizuna, pourpier, entre autres. «On veut faire découvrir des choses aux gens. Il y aura toujours quelque chose de nouveau pour les sortir de leurs habitudes. On souhaite que ce soit une expérience de venir au marché.» 

L’amour, toujours 

Fanny adore les liens qu’elle tisse avec ses clients au marché. Elle sert autant de jeunes adultes épicuriens de Griffintown, friands de découvertes, que des personnes plus âgées ou aux goûts plus traditionnels. Elle en est à trois générations de clients. «Je suis une fille hyper empathique envers mes clients. J’ai 39 ans, je n’ai pas d’enfant, mais j’ai 1000 enfants! J’aime prendre soin de chacun de mes clients à ma façon, mais je ne peux pas tout le temps alors j’ai une équipe en or qui m’aide: mon chum, ma marraine et deux super nouvelles recrues. Je leur dis: “Donnez le service que vous auriez envie de recevoir.” Surtout en ces temps de COVID. Les gens ont besoin de se sentir accompagnés.» Le chum, c’est l’ancien voisin de Fanny au marché. Il travaillait à la poissonnerie. Ils ont été d’abord amis et un jour, voyant bien que Fanny avait beaucoup de boulot, il lui a offert son aide (puis son cœur). Le joli duo rêve maintenant de s’acheter une fermette. 

La maraîchère a toujours eu une attirance pour les marchés publics. Ce sont pour elle des lieux de rencontres remarquables. «Quand je voyage, c’est le premier endroit que je veux visiter. J’ai l’impression que tu connais un peuple à travers ses marchés. Je suis allée au Maroc, dans les Caraïbes, en Europe, au nord et au sud. Toute de suite, ça te situe, ça te fait comprendre l’essence, l’âme des gens. Je le vis comme ça.» Lorsque des touristes passent à son étal et qu’ils discutent avec elle, Fanny sait qu’ils vont se souvenir de leur passage au marché Atwater. «Ce contact humain touche les gens. Ça enrichit leur journée.» 


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