Le grincement de dents de Véronique Bouchard: Bio ou local? Pu capable! - Caribou

Le grincement de dents de Véronique Bouchard: Bio ou local? Pu capable!

Publié le

30 novembre 2020

Veronique Bouchard Ferme aux petits oignons
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Cofondatrice de la Ferme aux petits oignons ainsi que du Marché et bistro fermiers aux petits oignons à Mont-Tremblant dans les Laurentides, Véronique Bouchard grince des dents chaque fois qu’elle entend la question: est-il mieux de choisir un aliment bio importé ou un aliment non bio local? Agronome, fermière de famille et autrice du guide pratique Cuisiner sans recettes publié cet automne chez Écosociété, la maraîchère est agacée chaque fois qu’elle entend cette question qui, croit-elle, n’est pas celle qu’on devrait se poser.

Texte de Julie Aubé

Pourquoi essayer de choisir entre le bio ou le local est-il une fausse piste?
C’est une question récurrente – et irritante! – parce qu’elle sous-entend qu’il y a «juste un bio» et «juste un local». Du bio industriel importé qui exploite des travailleurs? Non merci! Du saumon local OGM? Non merci! Le bio et le local ne sont à mettre en opposition: ce sont deux des nombreux éléments pouvant mener à de bons choix, sans pour autant être des panacées. En agriculture et en alimentation, rien n’est noir ou blanc. Simplifier à l’extrême en opposant seulement deux caractéristiques d’un aliment, c’est chercher une formule magique, un «prête-à-penser» qui camoufle un grand pan de la réalité. Chercher le meilleur choix entre le bio ou le local est une fausse piste qui détourne des vraies questions à se poser.

Quelles seraient, alors, ces vraies questions à se poser pour faire les meilleurs choix possibles?
Pour chaque aliment, au cas par cas, il faut d’abord chercher à savoir comment il est produit. Les méthodes sont-elles respectueuses du sol, des cours d’eau, de la biodiversité? Il est aussi déplorable de constater qu’on s’intéresse si peu à ceux qui produisent les aliments: joignent-ils les deux bouts? Comment sont traités les employés? Sont-ils exposés à des produits qui nuisent à leur santé? On devrait également se demander où va notre argent: aux gens qui produisent les aliments? Ou à une poignée d’actionnaires? À des gens de notre communauté ou à des multinationales qui ne payent pas leur juste part de taxes pour soutenir nos systèmes d’éducation et de santé, contribuant à notre appauvrissement collectif?

Il y a une valeur commune derrière tous ces questionnements: le respect. C’est LA valeur qui doit guider chacun de nos choix alimentaires.

Véronique Bouchard

Évidemment, aucune transition d’habitude alimentaire ne se fait du jour au lendemain. On commence par mettre le focus sur l’objectif «respect», et on chemine un pas à la fois dans la bonne direction, dans le respect de tous.

Quelles sont les meilleures façons de savoir si nos aliments sont produits avec respect?
Mettre le respect au cœur de nos questionnements c’est, par exemple se questionner à savoir si et comment l’utilisation de pesticides a un impact sur la santé des travailleurs agricoles, les habitants des milieux ruraux et la biodiversité, plutôt que de seulement chercher à savoir si le bio est meilleur pour notre santé personnelle. L’individualisme, à mon avis, est à la racine de bien des problématiques sociales et environnementales. Il faut sortir de notre attitude individualiste pour s’ouvrir à des considérations plus globales et empathiques.

Ensuite, pour savoir si nos aliments s’inscrivent dans notre «objectif respect», rien ne vaut la certification du «blanc des yeux», expression de mon amie Léa Charest de la Ferme hantée qui désigne le lien de confiance qui se bâtit entre les fermiers et les citoyens-mangeurs.

Il est urgent de ramener l’humain au cœur de la relation économique, pour cultiver le respect et que les bénéfices profitent à nos communautés, de façon telle qu’on soit collectivement gagnants.

Véronique Bouchard

Tous, nous souhaitons une agriculture respectueuse des humains, de l’environnement et de toutes les formes de vie. Pour faire de bons choix, cessons de nous demander si le bio vaut mieux que le local ou l’inverse. (Re)bâtissons des liens entre les producteurs et les mangeurs et mettons le respect au cœur de nos questionnements et de nos choix d’approvisionnement!

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