Épiceries mobiles: des marchés sur quatre roues - Caribou

Épiceries mobiles: des marchés sur quatre roues

Publié le

28 juin 2021

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Dans les campagnes comme au cœur des grandes villes, il est parfois difficile d’avoir accès à des aliments frais, locaux, sains et abordables. Parce que certains clients ne peuvent pas se rendre à l’épicerie, certains commerces ont décidé d’aller vers eux. Zoom sur trois épiceries mobiles au profil bien différent.

Texte de Benoit Valois-Nadeau

Tout pour le vrac

C’est avec une grande fierté qu’Amélie Poirier-Aubry prendra la route à la mi-juillet à bord de son camion Grumman 1989 fraîchement peint et réaménagé pour servir de garde-manger roulant. La musicienne de formation arrêtera son mastodonte dans quatre villages de la Mauricie: Saint-Élie-de-Caxton, Saint-Mathieu, Saint-Barnabé et Charette.

Amélie Poirier-Aubry dans son camion Vroum Vrac - Crédit photo: François Marchesseault

Le temps de quelques heures par semaine, elle offrira aux habitants du coin des produits en vrac, bios et locaux: légumineuses, fruits séchés, noix, farines, céréales, chocolat, bonbons, craquelins, granola, etc.

«Le projet part d’une réflexion sur le mode de vie zéro déchet, explique celle qui s’est établie de façon permanente à Saint-Élie-de-Caxton avec sa famille en 2020. À Montréal, je parvenais à faire presque toute mon épicerie en mode zéro déchet, mais à Saint-Élie, ce n’est pas possible. Je dois aller à Shawinigan ou Trois-Rivières pour avoir accès à des épiceries en vrac.»

L’idée du Vroum Vrac a donc germé dans sa tête au printemps 2020, lorsqu’elle a vu disparaître tous ses contrats d’accordéoniste en raison de la pandémie.

L’objectif premier était donc de se trouver un nouveau gagne-pain, tout en participant à la transition écologique de sa région d’adoption. «Comme je me rends sur place, les clients n’ont pas besoin de prendre leurs voitures pour aller dans les grands centres. Je deviens un commerce de proximité pour plusieurs villages», soutient-elle.

Le Vroum Vrac viendra également compléter l’offre alimentaire de la région, qui se résume, au mieux, à des dépanneurs-épiceries. «Le terme désert alimentaire est peut-être un peu fort, mais au niveau du vrac et du bio, il n’y a à peu près rien, constate Amélie Poirier-Aubry. Ce sont des ingrédients de base dont tout le monde a besoin.»

Vroum Vrac s’arrimera au projet Caxton mange, qui offre des paniers de produits frais de producteurs locaux. «Ce sont deux projets faits pour être complémentaires, pour qu’on puisse finalement avoir une épicerie complète à deux pas de chez soi.»

Une oasis au milieu du désert

À Gatineau, le Marché mobile promet le panier d’épicerie le moins cher en ville! Avec son camion réfrigéré, l’entreprise d’économie sociale vient pallier le manque chronique d’épiceries dans certains quartiers défavorisés de la quatrième plus grande ville du Québec. Le Marché mobile s’arrête dans 15 points de service pour offrir des fruits et des légumes frais et locaux à petits prix.

«Une de nos clientes nous a raconté que, l’hiver, elle marchait 2-3 kilomètres avec son traineau dans la neige pour aller chercher de la nourriture. Quand on entend une histoire comme celle-là, on pense à des pays défavorisés, mais ça arrive ici aussi, à Gatineau, une ville dynamique», se désole Michaël Daudelin, directeur général de l’organisme.

C’est pour amener un peu de fraîcheur dans ces déserts alimentaires que le Marché mobile a commencé ses opérations en 2016. «À l’époque, c’était la solution la plus facile, parce qu’il y avait beaucoup de territoires à desservir. Le but, c’était de rentrer dans l’action et d’offrir une solution rapidement. À court terme, ça demandait beaucoup trop d’énergie de faire 15 mini-épiceries. C’était plus rapide de mettre un camion sur la route», explique Michaël Daudelin.

Aujourd’hui, plus de 500 clients sont devenus membres à vie de cette coop de solidarité, ce qui leur donne un rabais de 10% sur leurs achats.

Le service est particulièrement populaire auprès des personnes âgées. «Ce sont eux qu’on voit le plus régulièrement, constate le directeur général. Ce n’est pas une surprise: se déplacer quand on est âgé, c’est déjà un défi. C’est encore plus dur en trainant ses sacs d’épicerie. Comme on va dans leur cour, on simplifie leur vie énormément.»

Le Marché mobile de Gatineau s’est également donné une mission éducative. L’organisme veut faire la promotion des saines habitudes culinaires.

«Même si l’on met de beaux légumes sur nos étals, ça ne sert à rien si nos clients ne savent pas les apprêter. On pousse beaucoup sur des légumes moins connus pour expliquer d’où ça vient et comment les cuisiner. Dans une épicerie conventionnelle, c’est rare qu’un commis commence à t’expliquer comment utiliser tes légumes. Nous, on le fait régulièrement, pour faire découvrir de nouveaux aliments aux gens et les inciter à manger de façon plus diversifiée.»

Une épicerie hyper locale… dans sa cour

Pas envie d’aller à l’épicerie? Pas de problème! Dans les Cantons-de-l’Est, le Marché de Charlotte vient jusqu’à vous.

L’entreprise pousse le concept de marché mobile à son paroxysme.

L’idée est simple: on réserve une plage horaire via la page Facebook de l’entreprise et le moment venu un camion réfrigéré débarque chez vous. Depuis sa cour ou son entrée de garage, on a 30 minutes pour faire son choix parmi une sélection de fruits et de légumes, mais aussi de viande, de lait, de beurre et d’œufs.

Pas de frais de déplacement, de réservation ou de plancher minimum d’achat: le client est entièrement libre de ses achats. «On ne voulait pas de système de préréservation ou de paniers déjà assemblés. On voulait laisser pleinement le choix au client», précise Clément Roques, qui a lancé l’initiative avec sa conjointe Karène Martel-Dumas.

L’entreprise basée à Cowansville s’est donné comme mission d’être la plus locale possible. «Notre but était de trouver nos producteurs et nos clients dans un rayon de 25 kilomètres du bureau, explique Clément Roques, qui est également producteur de champignons forestiers. On y arrive pour environ 85% des produits dans le camion. Les 15% restants viennent d’un peu partout ailleurs Québec.»

L’entreprise est en activité dans plusieurs localités de la région de Brome-Missisquoi, 5 jours par semaine, 12 mois par année.

«On offre un service de proximité directement dans la cour des clients. Plutôt qu’ils aient à prendre leur voiture pour aller chercher de l’huile de tournesol à Bromont, des laitues à Bedford, des fraises à Dunham et leur dessert à Sutton, on arrive à tout concentrer directement chez eux», indique l’entrepreneur.

Clément Roques, sa conjointe Karène Martel-Dumas et leur fille devant leur épicerie mobile le Marché de Charlotte

Lancé pendant la pandémie, le Marché de Charlotte est un succès. Tellement que les propriétaires aimeraient exporter leur concept mobile et hyper local dans d’autres régions de la province. «Il faut que les gens le voient pour comprendre qu’on est comme une épicerie traditionnelle, mais sur quatre roues, soutient Clément Roques, qui estime 60% de ses clients font appel à ses services chaque semaine. Certains font leur épicerie seulement avec nous. C’est le summum de ce qu’on pouvait attendre avec ce concept.»

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