Une mer de saveurs aux Îles de la Madeleine - Caribou

Une mer de saveurs aux Îles de la Madeleine

Publié le

12 juin 2021

parcours gourmand iles de la madeleine
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La mer, les dunes et les falaises offrent un dépaysement sans pareil pour le vacancier, mais l’archipel est aussi une destination de choix pour qui tourisme rime avec plaisirs épicuriens.

Texte d'Anne Pélouas

Arrivés en bateau ou en avion, vous serez vite ravis par la richesse du terroir des Îles de la Madeleine, qui puise dans deux garde-mangers, terrestre et maritime. Il est fertile en produits d’exception offerts par des Madelinots passionnés, qu’ils soient maraîchers, pêcheurs, transformateurs, artisans, qui forment un réseau «tricoté serré» où les partenariats sont nombreux. Le Circuit des saveurs en réunit une dizaine, et l’association Le bon goût frais des Îles de la Madeleine, une soixantaine. On découvre leurs trésors chaque samedi matin de l’été au Marché du Village, à Cap-aux-Meules, comme aux quatre coins de l’archipel.

De Cap-aux-Meules à Havre-Aubert

Avant de prendre la route pour l’île de Havre Aubert, attablez-vous le midi, s’il fait un peu frais, devant une chaudrée de palourdes fumante à la Boulangerie Madelon sur le chemin Petitpas. Ainsi lestés, vous apprécierez mieux la longue route de la dune du Havre-aux-Basques.

L’incontournable promenade à pied au site historique de La Grave passe par le Café de la Grave, une institution où le pot-en-pot aux fruits de mer figure notamment au menu. L’ambiance est garantie, surtout les soirs de spectacles!

Au retour, la route de Bassin, puis le chemin du P’tit Bois Nord conduisent au Verger Poméloi pour y faire provision d’un beurre de pommes pour le déjeuner, d’un cidre mousseux ou d’un gin de pomme parmi deux nommés Adam et Ève! Aussi à Bassin, la fromagerie Les Biquettes à l’air porte bien son nom, à voir les chèvres s’épivarder dans l’enclos extérieur. Le chèvre frais est ici de rigueur: Œil de Bouc moulé à la louche, Feta du moulin, Wigwam fouetté et Petit Malin, style yogourt grec.

Il est maintenant temps de penser «5 à 7». Rendez-vous à L’Étang-du-Nord, au bout de la plage du Corfu Island. Passées maîtres dans l’art de la bière et de l’économie circulaire, Élise Cornellier Bernier et Anne-Marie Lachance vous invitent dans la salle de brassage d’À l’abri de la Tempête, la seule microbrasserie locale. Puis, on passe en terrasse, un verre à la main, avec vue imprenable sur la lagune de la Dune de l’Ouest, aux soleils couchants mémorables. Vous pourriez retrouver dans la bière le goût de grains d’orge fumés sur l’île, le fruité ou l’amer de la pulpe d’églantiers et des canneberges qu’utilise Gourmande de Nature, autre fleuron des îles. Même la drèche (déchet du malt) est recyclée en aliment pour moutons et veaux insulaires.

Le lendemain, l’exploration des multiples anses et caps de la côte nord de Cap-aux-Meules, entre les plages de la Digue et de l’Hôpital, vous mènera sûrement jusqu’à Gourmande de Nature qui porte la griffe de la cheffe Johanne Vigneau. Sa Table des Roy n’ouvre pas cet été, mais cette belle boutique-bistro, oui. Elle est garnie de «prêts à emporter», dont quelques plats «cuisinés au gré du marché et du temps qu’il fait», de produits gourmets aux accents insulaires et de condiments, petits pots salés ou sucrés.

D’Havre-aux-Maisons à Grande-Entrée

Sautons à pieds joints sur l’île de Havreaux-Maisons où se trouve la pâtisserie Hélène des Îles. Ses viennoiseries et confitures ravissent les palais des matinaux, les scones et les desserts, ceux des pique-niqueurs exigeants.

Le chemin de la Pointe-Basse, au sud de l’île, conduit à la Fromagerie du Pied-de-Vent qui jouit d’une réputation dépassant les frontières de l’archipel. Elle se double d’un économusée, où l’on voit souvent les fromagers à l’œuvre, préparant des produits aux noms évocateurs de Pied-De-Vent, Tomme des Demoiselles, Jeune-Cœur et Cheddar Art Senau, sans compter un cheddar en grains qui ne fera pas long feu, alors qu’on se dirige vers le chemin du Quai.

Fromagerie du Pied-De-Vent - Crédit photo: Le bon goût frais des Îles de la Madeleine

Le Fumoir d’Antan fait face aux Cultures du Large. Le fumoir traditionnel abrite son propre économusée, passionnant, sur le fumage et le boucanage. Si le hareng est en vedette, on y fume également du maquereau, des moules, des pétoncles, du saumon et même du fromage, mais seulement du Pied-De-Vent!

Traversez la rue pour pénétrer au royaume des huîtres et des moules de Cultures du Large. Christian Vigneau n’a pas son pareil pour raconter sa passion pour la mariculture en marge de la visite de son centre d’interprétation ou en excursion guidée vers son site principal d’élevage, à 7 km en mer. Huîtres et moules se démarquent par leur texture charnue et leur goût plus salé que d’autres.

Retour à la terre au Barbocheux, côté nord, où l’on concocte depuis 2004 des boissons alcoolisées aux fruits locaux, dont la fameuse bagosse que chaque famille madelinienne fabriquait autrefois. Cette «bière des îles» trouve ici sa version fraise et framboise, ou canneberge et pissenlit!

On prend ensuite le large pour un périple d’une quinzaine de kilomètres entre dunes, golfe et lagunes, avec Grosse-Île pour objectif à l’heure du dîner. Sur le chemin Shore, le casse-croûte Fish Shack est géré par la Coopérative des pêcheurs de Cap Dauphin. Gageons qu’il ne sera pas aisé de choisir entre la guédille au homard, le fish & chips de flétan et la chaudrée de fruits de mer. Les sentiers et la plage de la réserve nationale de faune de la Pointe-de-l’Est sont parfaits ensuite pour digérer, tout comme la marche sur les hauteurs des falaises de la Bluff et de l’Île Boudreau. Vous serez prêts à passer la soirée au port de Grande-Entrée. Mario Cyr, le célèbre cinéaste sousmarin, y a son restaurant, le Bistro Plongée Alpha, où les produits des Îles (surtout marins) sont à l’honneur, en pizzas, paninis et salades.

Terminus Cap-aux-Meules

Quelle que soit la durée d’un séjour aux Îles de la Madeleine, il se termine toujours au cœur de l’archipel. Un dernier plaisir gourmand? Sur le chemin du Gros-Cap, La Renaissance valorise la pêche locale (homard, crabe des neiges, pétoncles, flétan, palourdes, buccins). L’usine de transformation a une poissonnerie et une cantine qui, dans l’esprit des stands à patate, allèche avec son noble homard, ses guédilles au crabe ou homard et sa poutine… au homard. À déguster sur la terrasse ou en pique-nique sur la plage: un souvenir de plus qu’on gardera longtemps en mémoire, loin des Îles.

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 Ce texte est paru à l’origine dans les pages du quotidien Le Devoir, le 29 mai 2021.

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