Le grincement de dents de Chloé Ostiguy: À qui va votre argent? - Caribou

Le grincement de dents de Chloé Ostiguy: À qui va votre argent?

Publié le

02 décembre 2021

achats locaux restaurant
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Propriétaire, chef et transformatrice de L'Archipel à Cowansville depuis 5 ans, Chloé Ostiguy s'approvisionne à l'année auprès de pas moins de 46 producteurs et artisans gourmands de Brome-Missisquoi, de la Haute-Yamaska et des alentours. Comme restauratrice qui fait le choix du local - voire du régional - elle est témoin de l'impact qu'ont ses achats sur les réalités des producteurs et artisans. Celle qui collabore également avec la coopérative Terroir Solidaire pour le volet de la transformation alimentaire grince des dents quand, à l'approche des Fêtes, elle observe que la simplicité l'emporte parfois sur la proximité. 

Texte de Julie Aubé

Comment expliques-tu l'inconfort que tu ressens à l'égard des achats des Fêtes?

Le temps des Fêtes met de la pression. On dirait que les gens sont "dans l'urgence", ils courent. Dans ce contexte-là, il peut arriver que les lieux où l'on peut faire plusieurs achats au même endroit revêtent un attrait tout particulier: c'est plus pratique que de visiter 7 petites entreprises gourmandes pour aller chercher le fromage chez l'un, le vin chez l'autre, etc. Ça se comprend, mais ça me rend quand même inconfortable quand je pense à "l'occasion manquée": globalement, on dépense plus pendant les Fêtes, mais ça ne se rend pas toujours à nos producteurs et artisans. 

Si une plus grande partie des dépenses était dirigée vers les producteurs, artisans ou petits commerçants, cela aurait un impact réel pour plusieurs? 

Oui. Sans généraliser - chacun sa réalité! - novembre est un mois plus tranquille pour plusieurs. Quand décembre sonne, c'est motivant! Les ventes de ce temps festif peuvent avoir un réel impact sur les mois à venir quand on est un "petit" dans l'alimentaire. Or, quand on entre dans les grands temples de la consommation, on mise sur la simplicité en oubliant parfois de se demander: "mon argent, il s'en va à qui?". C'est une question qu'on devrait tellement se poser plus souvent! À prime abord, ça peut sembler un peu lourd, mais le but n'est pas de culpabiliser: on commence par se poser la question de temps en temps, puis de plus en plus souvent. Cette simple habitude, qui devient vite naturelle, permet souvent de rediriger l'argent d'un achat "anonyme" vers un achat qui a un réel impact positif sur la vraie vie de vrais gens d'ici. 

Concrètement, comment s'y prendre pour faire des achats des fêtes aux impacts positifs?

Il n'a jamais été aussi simple de s'approvisionner en misant sur la proximité avec les gens d'ici. En plus des boutiques des producteurs et artisans, plusieurs ont un site web transactionnel. Il y a aussi des petites épiceries de quartier qui tiennent leurs produits, et d’autres plateformes virtuelles. À ce temps-ci de l'année s'ajoutent en prime les nombreux marchés de Noël! Côté restaurants, on se pose la même question, "à qui va notre argent?", et on s'informe sur les habitudes d'approvisionnement de l'établissement.

Tant pour le consommateur que le restaurateur, un truc est de planifier ses achats un peu d'avance, notamment en effectuant des réservations. Que ce soit sa dinde du réveillon élevée sur l'herbe dans sa région, ou les ingrédients locaux qui seront au menu des Fêtes au bistro, quand on y pense d'avance, on est moins dans l'urgence qui nous fait parfois tourner les coins ronds. Un peu de prévisibilité aide aussi les producteurs dans leur organisation. 

«L’approvisionnement local, que ce soit à l'échelle d'un foyer ou d'une entreprise alimentaire comme la mienne, ça fait grandir la certitude de faire tous partie de la même équipe dans le système alimentaire.»

Chloé Ostiguy

Plus on s'éloigne des gens qui sont derrière nos produits, plus leur réalité devient abstraite pour nous. Conséquemment, sans s'en rendre compte, on s'en soucie moins... il faut renverser la vapeur! À l'approche de la grande messe de la consommation, c'est sain de se rappeler qu'il n'y a rien de plus humain que de cuisiner sa région. Cherchez les histoires derrière les produits que vous vous apprêtez à acheter: où est la ferme ou l'atelier? Qui y travaille? Qui est le producteur ou l'artisan? En somme, à qui va notre argent? Selon ce qu'on trouve, c'est parfois un cas de "changez de côté, vous vous êtes trompés" comme le dit le rigodon! Misons sur les achats sensés, ceux qui permettent de nourrir ou gâter les êtres aimés à saveur de respect, de soutien et de proximité! 


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