Célébrer la culture culinaire autochtone - Caribou

Célébrer la culture culinaire autochtone

Publié le

27 janvier 2023

Texte de

Sophie Mediavilla-Rivard

Le savoir-faire des Premières Nations en termes de gastronomie est riche en histoire, en saveurs et en techniques, tout en se distinguant selon les territoires et les communautés. Le 25 février prochain, le festival Montréal en lumière célébrera cette culture grâce à 4 ateliers conviviaux mettant à l’honneur des acteurs de la scène culinaire autochtone.
culture culinaire autochtone
Le savoir-faire des Premières Nations en termes de gastronomie est riche en histoire, en saveurs et en techniques, tout en se distinguant selon les territoires et les communautés. Le 25 février prochain, le festival Montréal en lumière célébrera cette culture grâce à 4 ateliers conviviaux mettant à l’honneur des acteurs de la scène culinaire autochtone.
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Pour Isabelle Picard, ethnologue originaire de Wendake, la cuisine traditionnelle de sa communauté est avant tout rassembleuse. «Souvent, quand on mange de ces plats-là, c'est en gang autour d'un festin. […] On partage la viande de chasse, c'est tout le temps un événement qui est joyeux», raconte celle qui animera les quatre conférences suivies de périodes de questions.

C’est d’ailleurs dans cet état d’esprit que la gestionnaire de la programmation gastronomique, Julie Martel, a organisé l’événement: «Le fait de se rassembler autour d'une table et de parler de traditions culinaires, ça fait tomber les frontières. On trouve dans toutes nos différences des similitudes, on se rejoint.»  C’est dans le Quartier Gourmand du festival, un espace intérieur dédié aux découvertes culinaires, que se dérouleront les présentations. Les activités y étant gratuites, le Quartier Gourmand vise à «démocratiser la culture culinaire locale», affirme Julie Martel.

Isabelle Picard considère l’alimentation tel un intermédiaire pour éduquer aux réalités autochtones: «Ça intéresse le monde de plus en plus et ça permet d'expliquer toutes sortes de choses de notre histoire à travers la nourriture.»

Les arômes d’un territoire

C’est avec tendresse et fierté qu’Isabelle Picard parle des aliments et des recettes qui l’ont marquée depuis l’enfance. Elle vante les plats à base de viande de gibier, de graines de tournesol, de truite, de courge, de haricot et de maïs (selon elle, ce dernier était à la base de 85% de l’alimentation des Wendats) qui se retrouvent sur les tables de sa communauté. Elle souligne aussi le côté naturel de cette nourriture qui provient de la forêt.

Isabelle Picard

«Évidemment, selon le territoire où l’on vit, la culture culinaire va être différente» explique l’ethnologue, puisque les aliments utilisés par les Premiers Peuples proviennent de la nature qui les entourent. Par exemple, les communautés de la Côte-Nord travaillent beaucoup le poisson, qui est accessible en plus grande quantité qu’au sud, où les terres sont plutôt propices à la culture du maïs.

Ce seront principalement des acteurs des scènes culinaires huronne-wendate (Daniel Picard, Anora Lia Collier, Line Gros-Louis) et abénakise (Lysanne O’Bomsawin, Jacques T. Watso) qui seront mis à l’honneur durant Montréal en lumière. Les quatre présentations permettront aux festivaliers de «goûter, d’écouter, de rencontrer et de partager», avance Julie Martel.

Programmation

  • Jacques Watso, membre élu du Conseil des Abénakis d’Odanak, présentera sa sagamité, une soupe à base d'haricots et de maïs accompagnés de viande de cerf rouge.
  • La cheffe Anora Lia Collier et la céramiste Line Gros-Louis partageront des traditions culinaires huronnes-wendates en compagnie du chef originaire du Maroc Amine Laabi, dans le but de susciter une rencontre entre ces deux cultures.
  • Lysanne O’Bomsawin, fondatrice de Traiteur Québénakis, racontera les traditions de la cuisine abénakise avec des touches de modernité.
  • Daniel Picard, fera découvrir sa jeune compagnie, les Épices du Guerrier, qui s’inspire du terroir autochtone local.

Des traditions au goût du jour

Certains des chefs qui seront présents à Montréal en lumière, dont Lysanne O’Bomsawin et Anora Lia Collier, se démarquent par la fusion entre tradition et contemporanéité qui teinte leur cuisine.

«On essaie d'honorer la nourriture traditionnelle quand on a des fêtes importantes, mais elle s’est quand même adaptée et transformée [aux réalités d’aujourd’hui]», décrit Isabelle Picard.

Pour elle, un mélange des cultures autochtones, québécoises et canadiennes se crée grâce à la gastronomie.

À des techniques et des recettes ancestrales comme le fumage et la sagamité viennent s’ajouter des éléments de modernité et des ingrédients nouveaux tels que du bouillon de poulet ou des légumes importés. «Les cuisiniers ont réussi à trouver des produits pour que tout le monde y trouve son compte», s’enchante l’ethnologue. Les restaurants autochtones – trop peu nombreux, déplore cependant Isabelle Picard – doivent également se conformer aux normes du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec, qui interdit de servir de la viande de chasse.

Que ce soit grâce à ce genre d’événements culinaires, à la curiosité grandissante du public ou au désir de partage entre les nations, force est d’admettre que la nourriture s’inscrit actuellement comme un trait d’union entre autochtones et allochtones.

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