Études sur l’alimentation: plaidoyer pour une discipline méconnue - Caribou

Études sur l’alimentation: plaidoyer pour une discipline méconnue

Publié le

07 février 2023

Texte de

Sophie Mediavilla-Rivard

Réfléchir aux enjeux contemporains qui gravitent autour de l’alimentation, voilà ce que propose  l’École des sciences de la gestion (ESG UQAM) grâce à son diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en Food Studies. Ce programme qui tient sur des bases fragiles depuis sa création en 2021 aborde de façon transversale les domaines de la production, de la distribution et de la consommation alimentaires.
études sur l'alimentation
Réfléchir aux enjeux contemporains qui gravitent autour de l’alimentation, voilà ce que propose  l’École des sciences de la gestion (ESG UQAM) grâce à son diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en Food Studies. Ce programme qui tient sur des bases fragiles depuis sa création en 2021 aborde de façon transversale les domaines de la production, de la distribution et de la consommation alimentaires.
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Unique au Québec, le DESS en études sur l’alimentation pousse les étudiants à faire des liens entre toutes les facettes de l’alimentation. Les études alimentaires, plus souvent appelées Food Studies, font l’examen critique de tout ce qui englobe la nourriture notamment dans les domaines de la science, de l’art, de l’histoire et de la société. À l’ESG UQAM, le sujet y est abordé sous un angle encore peu défriché au Québec – une société qui a le privilège d’avoir rarement faim.

« Le programme a une approche holistique et interdisciplinaire, ce qui n’est pas commun dans le monde francophone. Je pense que les gens ne sont pas habitués à appréhender les Food Studies dans toute leur complexité et leur sérieux, [car] on présente généralement l’alimentation comme quelque chose d’agréable, presque d’anecdotique », explique Valérie Guerriat, une étudiante qui fait partie de la première cohorte à avoir intégré le programme en 2021.

Erika Akimoto Toyohama, elle, est à la maîtrise en anthropologie à l’Université de Montréal et s’intéresse au rapport entre les migrations et les pratiques alimentaires. Elle a choisi d’enrichir sa formation avec deux cours offerts par le DESS à l’ESG UQAM – Cultures et patrimoines alimentaires: enjeux et opportunités ainsi que Représentations sociales de l’alimentation et de la gastronomie. Elle affirme l’importance d’un tel cursus.

«Je parle avec le point de vue d’une personne qui vient d’ailleurs. Il n’y a pas assez d’information sur la tradition de la nourriture québécoise à l’université. [La culture culinaire d’ici] est très riche, mais on ne la connaît pas et on ne peut pas être fier d’une chose que l’on ne connaît pas», souligne la Péruvienne, qui considère l’alimentation comme une force identitaire.

Manger hier, aujourd’hui et demain

Erika Akimoto Toyohama remarque qu’au Québec, l’alimentation est aujourd’hui surtout vue pour sa valeur nutritionnelle et son rôle dans la santé. Ses études lui permettent d’avoir une vision plus ouverte de ce besoin primaire chez l’humain. «La culture alimentaire donne beaucoup d’information sur les communautés qui viennent de divers horizons. C’est aussi un élément de transmission culturelle entre les générations», souligne-t-elle. Par exemple, certains québécois choisissent d’être végétariens alors qu’ailleurs dans le monde ce n’est pas un choix. Les populations s’alimentent de ce qui est disponible et accessible.

Et si l’on peut replonger dans le passé grâce à la nourriture, elle permet aussi à certains égards de prédire l’avenir. «À l’ère de la crise climatique, la rupture des chaines d’approvisionnement en alimentation va peut-être concrétiser pour certaines personnes les impacts à venir sur la planète», mentionne Valérie Guerriat. En s’intéressant dans leurs cours à des problèmes comme les pénuries de nourriture, les difficultés d’accès à la propriété des terres et l’inflation, les étudiants en alimentation s’outillent pour comprendre les causes à effets et réfléchissent à des solutions complexes. Valérie Guerriat ajoute que certains utilisent même leurs apprentissages dans une optique militante.

Outre son DESS en Food Studies, l’ESG UQAM proposait depuis 2008 un certificat en gestion et pratiques socioculturelles de la gastronomie, qui est présentement mis sur pause faute du nombre d’inscriptions requis. Le DESS risque le même sort, déplore Valérie Guerriat, qui ne peut pour l’instant poursuivre son parcours puisque certains cours ne se donnent déjà plus. Elle espère que l’université investira dans ce programme qui, selon elle, mérite plus de considération. «On a l’occasion assez unique de devenir les pionniers de la continuation de ces réflexions en langue française en Amérique du Nord et je pense que ça mérite beaucoup plus de ressources», conclut-elle.

Pour en savoir plus

Les inscriptions pour le DESS en études sur l’alimentation à l’ESG UQAM pour la session d’automne 2023 seront ouvertes jusqu’au 15 mai prochain et les portes ouvertes de l’établissement auront lieu jusqu’au 11 février. Un kiosque au Pavillon J.-A.-DeSève sur les programmes de cycles supérieurs sur l’alimentation permettra aux participants de poser toutes leurs questions le 11 février entre 11 et 13 heures.

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