Dans l’arrière-boutique de… Toutes les choses parfaites

Soutenir l’économie locale, c’est un travail d’équipe entre les producteurs, les artisans, les transformateurs, les points de vente et les consommateurs. Les magazines Caribou sont distribués dans près d’une centaine de boutiques à travers le Québec qui mettent de l’avant les produits d’ici. Nous avons eu envie de vous les présenter et de mieux connaître leur réalité. Première rencontre de cette série: Karine Martel, propriétaire de Toutes les choses parfaites (dép. de quartier) dans le secteur Angus, à Montréal.

Article présenté par Toutes les choses parfaites

Comment décrivez-vous Toutes les choses parfaites? 

C’est un dépanneur de quartier qui a ouvert en novembre 2021 et où l’on retrouve à peu près tout d’un dépanneur conventionnel, mais de marques entièrement locales, soit québécoises pour la très grande majorité, sinon canadiennes.

Quelle est l’histoire derrière la boutique?

J’ai été cheffe restauratrice pendant 15 ans et les produits locaux ont toujours occupé une place importante sur mon menu et ma carte des alcools. En mars 2020 quand la pandémie a frappé, j’avais un resto situé au Parc olympique depuis près de 7 ans. Du jour au lendemain, notre clientèle a disparu et, en octobre, j’ai dû fermer définitivement. L’idée du dépanneur local avait déjà germé dans mon esprit pendant l’été 2020 lorsque je tentais de trouver une solution pour faire survivre mon resto. J’ai finalement choisi un autre lieu, beaucoup plus adéquat pour ce type de commerce et dès que mon resto a été fermé, j’ai commencé mon plan d’affaires. Un an plus tard, j’ouvrais le dépanneur dans le quartier où j’habite et depuis, je n’ai aucun regret. C’était la suite naturelle à ma carrière de restauratrice.

Le nom du dépanneur a été emprunté à la pièce de théâtre Toutes les choses parfaites que je suis allée voir en septembre 2020 pendant que j’étais en train de perdre mon resto.

Karine Martel, propriétaire

Pourquoi avoir choisi cet emplacement?

J’ai choisi le quartier Angus à Montréal tout d’abord parce que c’est celui que j’habite depuis plusieurs années, mais aussi parce que l’emplacement du local est stratégique: à même un grand complexe médical où beaucoup de gens (des enfants aux aînés) passent tous les jours. De plus, le quartier accueille des familles, des professionnels et des étudiants. La réponse est très bonne, mais je ne pense pas qu’il y a cinq ans, ça aurait été comme ça: les mentalités ont changé dans les dernières années. 

Pourquoi choisir de faire de la place aux produits québécois?

Pour moi, c’est tout naturel! Je consomme des produits québécois du plus loin que je me souvienne et pas seulement en alimentation. J’ai eu deux restaurants et j’ai toujours privilégié les produits locaux, même pour les alcools. C’était donc une évidence que mon commerce mette en valeur ce qui se fait au Québec. Ce que je n’ai pas trouvé ici, je l’ai trouvé ailleurs au Canada, mais aucun de mes fournisseurs ne provient de l’étranger. Pour moi, c’est non négociable! Pour avoir une place dans mon dép, il faut que le siège social soit local.

Comment faites-vous la sélection de ce qu’on retrouve sur vos tablettes?

Je mets une attention toute particulière sur la sélection et ça transparaît dans le dép. Tout ce qui est sur nos tablettes a préalablement été choisi pour de multiples raisons: le produit en lui-même bien sûr, mais aussi les artisans, la proximité, la réputation, la rareté dans certains cas, ou la demande dans d’autres cas. On a plusieurs sections et pour chacune d’elles, on essaie d’avoir un choix de gammes de prix et une variété intéressante pour répondre aux différents besoins. On est un dépanneur, mais en achetant sa pinte de lait pour la semaine, on peut certainement se procurer un cadeau à offrir à un proche.

Connaissez-vous les artisans qui sont derrière les produits de votre boutique?

Oui, nous connaissons une grande majorité d’entre eux et c’est une facette de cette entreprise qui me stimule énormément d’ailleurs. On adore quand les artisans et représentants viennent nous parler de leurs produits, nous racontent leur histoire, leurs difficultés aussi. Ça nous permet ensuite d’être de meilleurs ambassadeurs et de relayer l’information de façon bien plus convaincante. La clientèle adore elle aussi en savoir davantage et cette info, c’est un petit plus qu’on peut offrir lors d’une visite au dép. 

Dévoilez-nous quelque chose que les gens ne savent pas des coulisses d’une boutique comme la vôtre… 

Un commerce de détail, qui plus est un dépanneur, c’est bien entendu beaucoup d’heures d’ouverture et la charge de travail qui vient avec est importante mais ça, je pense que les gens le savent. Par contre, le fait de faire affaires avec de petits fournisseurs engendre aussi plus de travail car tout n’est pas centralisé chez trois ou quatre gros distributeurs. Les modalités de commandes et de livraisons peuvent parfois être un enjeu. Nos fournisseurs souhaitent de notre part un minimum de commandes pour que ce soit rentable pour eux mais de notre côté, comme nous sommes un petit commerce, nous avons parfois de la difficulté à entreposer la marchandise. 

Qu’est-ce que vous trouvez le plus passionnant de votre métier?

Tellement de choses! Avant, je travaillais beaucoup dans une cuisine ou dans mon bureau. Maintenant, je passe beaucoup de temps au service à la clientèle et j’adore ça! J’aime que les gens soient curieux, gourmands, généreux aussi. En fait, ce qui me passionne le plus dans tout ce projet, ce sont les rapports humains et comme nous faisons affaires directement avec les artisans, croyez-moi, nous faisons beaucoup de rencontres dans une semaine! On me demande souvent pourquoi on ne vend pas en ligne et c’est justement pour cette raison que je ne veux pas le faire. Les rapports humains d’abord et avant tout. 

Remarquez-vous une évolution de l’intérêt pour la consommation locale depuis quelques années?

Définitivement! S’il y a une bonne chose à retenir de la pandémie, c’est bien la lumière qui a enfin été mise sur les produits locaux. L’achat local est devenu vraiment à la mode et c’est bien tant mieux. En décembre 2022, les gens venaient acheter leurs cadeaux des fêtes au dépanneur et c’est plutôt remarquable à quel point les partys de famille ou de bureau avaient pour thématique «l’achat local». Je crois sincèrement que c’est devenu une valeur commune qui s’ancrera dans nos habitudes. Prochaine étape: démystifier le prix de l’achat local. Il faut faire comprendre que ce n’est plus nécessairement vrai que c’est plus cher ici… ce mythe est persistant.

Pourquoi est-ce que les consommateurs devraient, d’après vous, découvrir les produits d’ici?

Parce qu’ils sont superbes, faits avec une étonnante créativité et une passion sentie. Parce qu’ils sont de qualité et font rouler l’économie d’ici. Une fois que les gens vont comprendre leur intérêt et leur importance, ce sera extrêmement bénéfique pour tout le monde.

Quelle est la plus belle chose qu’un client vous ait dite?

On se fait dire au moins 25 fois par jour que c’est magnifique chez nous, que ça sent bon en rentrant, que c’est invitant, accueillant et chaleureux. On m’a même déjà dit que c’était comme une visite au musée (de produits québécois)! 

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