Petits fruits, gros défis: les enjeux environnementaux d’un producteur de fraises - Caribou

Petits fruits, gros défis: les enjeux environnementaux d’un producteur de fraises

Publié le

09 juin 2021

fraises du quebec respect nature
publicité

Comment concilier rendement, qualité et responsabilité environnementale en agriculture? C’est la question difficile à laquelle tente de répondre tous les jours Pierre-Yves Éthier, producteur de fraises et de framboises.

Texte de la rédaction
Présenté par Les Fraîches du Québec

Propriétaire depuis 1991 de la ferme Au pays des petits fruits, à Mirabel, Pierre-Yves Éthier s’évertue à mettre en place des pratiques durables tout en faisant prospérer son entreprise familiale. «Nos terres ne sont pas qu’à nous. C’est aussi un bien commun et j’estime qu’il faut le protéger», soutient le diplômé en agroéconomie.

Cet engagement se manifeste d’abord dans l’attention qu’il porte à réduire au maximum son utilisation de produits phytosanitaires (pesticides et herbicides). Dans ce domaine aussi, la modération a bien meilleur goût.

«C’est juste normal que les gens recherchent un produit le plus sain possible. Il ne faut pas le voir négativement. Ça nous pousse à être meilleurs».

Pierre-Yves Éthier
insecte fruits champs

«Moi, les bibittes, ça ne me fait pas peur. On a une tolérance assez élevée avant d’utiliser des pesticides. C’est vraiment pour arrêter l’hémorragie qu’on les utilise, pour être capables de récolter une certaine quantité de fruits, pour être rentables en bout de ligne.» 

Pierre-Yves Éthier suit également cette philosophie au chapitre de la santé des sols. Il privilégie une rotation des cultures et la plantation d’engrais verts comme la vesce velue ou le pois fourrager plutôt que l’emploi d’engrais chimiques.

champ fraises mirabel

«J’essaie de recréer un environnement riche pour la plante afin qu’elle soit en santé et qu’elle puisse se défendre elle-même contre ses ennemis. Un plant qui pousse dans un environnement de qualité donne nécessairement un fruit de qualité, illustre-t-il. Ce sont des choses un peu intangibles, parce qu’on ne voit pas ce qui se passe dans le sol, mais lorsqu’on utilise ces techniques, ça donne des résultats.»

Moins d’eau et de plastique

Autre défi de taille pour les agriculteurs: la gestion de l’eau. «Sans eau, on n’arrive à rien, surtout avec les petits fruits. L’enjeu avec l’eau, c’est de l’utiliser de la bonne façon, c’est aussi simple que ça», résume Pierre-Yves Éthier.

Son exploitation est donc dotée d’un système d’irrigation par goutte-à-goutte depuis une dizaine d’années. Et depuis cinq ans, il utilise des tensiomètres qui lui permettent de connaître en temps réel le taux d’humidité du sol – et donc la quantité exacte d’eau à utiliser.

«L’arrosage par aspersion, avec lequel on arrosait les allées, le chemin à côté, c’est terminé! Maintenant, on arrose directement les racines. C’est ce qui est le plus efficace: l’eau ne s’évapore pas, car elle va directement dans le sol. Les tensiomètres permettent de donner à la plante la quantité d’eau dont elle a besoin.»

kiosque mirabel fraises
Le kiosque Au pays des petits fruits, à Mirabel

Vente directe: contact direct

La ferme Au pays des petits fruits vend une bonne partie de sa production à son propre kiosque, sur le rang Sainte-Henriette, à Mirabel. «Vendre directement aux clients, c’est la meilleure façon de faire connaître notre histoire et notre philosophie d’entreprise, croit Pierre-Yves Éthier. On se fait poser beaucoup de questions sur nos façons de cultiver et les principes qu’on applique. La COVID-19 a amené un engouement pour l’achat local. Les gens veulent se rapprocher des producteurs et savoir ce qu’ils mangent.»

Pierre-Yves Éthier aimerait aussi réduire au minimum sa consommation de plastique. Déjà, il y a quelques années, l’entreprise a abandonné le fameux clamshell, cet emballage de plastique qui se referme sur lui-même, au profit d’un panier ouvert en carton recyclable. L’anse de plastique, qui restreignait le recyclage, a aussi disparu récemment: un projet nouvellement en vigueur chez tous les producteurs québécois de fraises et framboises qui utilisent la marque Les Fraîches du Québec.

Son fils Gabriel, diplômé de l’Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe, travaille également avec d’autres agriculteurs et la municipalité de Mirabel pour tenter de trouver des moyens de disposer intelligemment des autres matières plastiques utilisées à la ferme.

«Ce n’est pas toujours simple de trouver des débouchés pour le plastique, avoue Pierre-Yves Éthier. Il n’y a pas de solutions faciles, mais on travaille là-dessus.»

Ces changements, Pierre-Yves Éthier les met en place pour répondre aux demandes de plus en plus pressantes des consommateurs, mais aussi pour la pérennité de son entreprise.

«C’est juste normal que les gens recherchent un produit le plus sain possible. Il ne faut pas le voir négativement. Ça nous pousse à être meilleurs», dit-il.

«Et on le fait pour nous aussi. Ma famille, mes enfants en mangent des fraises et des framboises. C’est aussi pour nous que je veux produire les fruits les plus sains possibles!».

Des producteurs engagés et responsables
Pierre-Yves Éthier et les 420 producteurs de fraises et framboises du Québec s’engagent chaque jour aux champs à:
1. Utiliser des pesticides seulement lorsqu’ils sont nécessaires et sous recommandation d’un agronome; prioriser les techniques alternatives, de la plantation à la récolte.
2. Adopter une gestion raisonnée de l’eau (sans eau, pas de fraises ni de framboises!).
3. Recycler et réutiliser plutôt que jeter.
4. Mettre les ressources humaines au cœur de leurs entreprises.
5. S’assurer que les fraises et les framboises sont aussi bonnes au goût que pour la santé.
publicité

Plus de contenu pour vous nourrir