Une famille, deux terres, trois cultures
Publié le
10 décembre 2022
Parce que le temps des Fêtes, c’est fait pour «être spécial», pour qu’on goûte de nouvelles choses, qu’on se gâte ou qu’on gâte nos proches, chaque samedi d’ici Noël, Caribou vous propose d’aller à la rencontre d’un artisan qui cultive, transforme ou cuisine un produit de luxe. Voici le deuxième portrait de la série.
Texte de Virginie Landry
Faire pousser des noix nordiques devait être le petit projet père-fils de Guy et Guillaume St-Jean, qui avaient envie de trouver une vocation durable et pérenne à leur terre familiale de Saint-Pie. Cela est cependant vite devenu une aventure de taille à laquelle famille et amis, «le clan», participent tous maintenant.
Fondés en 2016, Vergers Le Clan est une entreprise familiale située au cœur des collines montérégiennes, sur la Rive-Sud, spécialisée dans la production de noix nordiques, de truffes et de safran. Leur mission est noble: «on souhaite diversifier l’offre agroalimentaire aux niveaux local et national, de façon durable et responsable, en produisant des protéines végétales de qualité tout en captant du CO2 pour les générations qui nous succéderont», explique Maryse Bédard-Allaire, sociétaire de la compagnie et conjointe de Guillaume StJean. Il y a un an et demi, Maryse a décidé de quitter son emploi pour se consacrer à temps plein aux vergers et s’y investir à fond. Auparavant, elle travaillait comme chargée de projet pour des organismes à but non lucratif. C’est pourquoi on lui a confié la gestion du projet familial.
Guy est quant à lui responsable de la majeure partie des activités liées à la culture et à l’entretien des arbres à noix présents dans le verger de Saint-Pie. Guillaume, de son côté, qui travaille toujours à temps plein dans le milieu de la publicité, voit au développement et au déploiement du projet et s’occupe des activités liées aux cultures du verger de Saint-Basile-le-Grand, leur deuxième terre.
Tout d'abord, les noisettes
«Guy a planté des arbres toute sa vie sur son terrain de Saint-Pie», mentionne Maryse Bédard-Allaire au sujet de son beau-père. D’où l’idée d’un projet agricole les mettant en valeur. Depuis le démarrage de l’entreprise, il y a six ans, quatre phases de plantation ont eu lieu. Dans les vergers, on retrouve maintenant des noyers noirs, des noyers de cœur, des noisetiers américains et des noisetiers hybrides adaptés au climat québécois, entre autres variétés. Outre les gels, il y a très peu de défis à cette culture émergente, mais de plus en plus répandue au Québec, qui se passe plutôt bien pour eux.
En 2022, en effet, leur deuxième année de récolte de noisettes fut particulièrement bonne, et Mme Bédard-Allaire ne peut vanter assez la qualité de leurs noix:
«Nos noisettes ont un goût frais, sans aucune amertume. Elles sont douces et croquantes sous la dent. Lorsqu’on les fait griller un peu, elles sont fantastiques!»
Bédard-Allaire
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Dans l’éventualité où leurs noisetiers ne feraient pas de fruits comme souhaité, la famille avait cependant un plan B: la truffe. En effet, le fragrant champignon s’est greffé au projet dans le but que les producteurs puissent «profiter de l’espace cultivable et donner une double vocation au même arbre». Ils ont donc planté des noisetiers et des chênes inoculés avec la truffe des Appalaches et la truffe borchii. Il faut savoir qu’une truffe vit en symbiose avec l’arbre hôte: l’arbre la nourrit, et elle, en échange, l’aide à absorber azote et phosphore.
En 2020, le clan St-Jean a fait l’achat d’une deuxième terre, cette fois-ci à Saint-Basile-le-Grand, sur laquelle se trouvaient une safranière et… 500 noisetiers truffés! «C’était un bien beau hasard!»
C’est ainsi que la famille, en plus de produire des noisettes et des truffes, a ajouté à son offre le safran, une épice hautement parfumée qui rehausse aussi bien un plat sucré que salé.
Projets à venir
Si 2022 a été marquée par une superbe récolte de noix et de safran ainsi que par la construction d’un bâtiment agricole abritant tout l’équipement nécessaire pour le tri et le nettoyage des noisettes, 2023 s’annonce tout aussi occupée.
«On devra réfléchir à ce qu’on veut faire avec nos produits. En ce moment, on vend les noisettes crues et le safran en petit format. Mais veut-on les transformer? Veut-on les rendre disponibles pour les restaurateurs? On doit décider ça», indique Mme Bédard-Allaire.
De plus, il est fort probable que la famille puisse récolter ses toutes premières truffes puisque les noisetiers truffés de la deuxième terre ont été plantés en 2014 et que la truffe prend entre 7 et 10 ans avant d’être prête pour la cueillette. Le champignon poussant sous terre, il lui faudra de l’aide pour fouiller le sol. Une mission parfaite pour le chien de la famille, «qui est sur le point d’être entraîné pour repérer les truffes». Parce que oui, aux Vergers Le Clan, même pitou peut apporter sa contribution à l’entreprise familiale!
Les noisettes et le safran sont en vente sur la page Facebook des Vergers Le Clan ainsi que dans les paniers Lufa et les paniers Mathurin.
Pour découvrir le premier portrait de la série: Rêver d’une huître 100% québécoise
Ce texte est paru à l’origine dans les pages du quotidien Le Devoir, le 3 décembre 2022.