Passion pique-nique - Caribou

Passion pique-nique

Publié le

06 mai 2023

pique-nique
publicité

Avec l’arrivée des beaux jours, on se prend à rêver de repas les pieds dans le gazon et de petits verres de rosé au soleil. La saison des pique-niques arrive à grands pas! Sortez vos couvertures et votre panier en osier. Direction: le parc.

Texte de Laura Shine

L’historienne culinaire Amélie Masson-Labonté a récemment réalisé une étude pour l’Office montréalais de la gastronomie. Elle y cernait six éléments-phares qui signent l’identité culinaire de la ville. Parmi eux: le pique-nique, un rituel bien-aimé des Montréalais, et ce, depuis longtemps. «J’ai réalisé que c’était une pratique vraiment ancrée dans le temps. J’ai trouvé des références au XIXe siècle, où c’était une forme de villégiature sur l’île de Montréal, surtout pour les plus fortunés», explique l’historienne. «On allait notamment dans les clubs de chasse sur la côte Notre-Dame-des-Neiges — aujourd’hui Côte-des-Neiges — ou au parc La fontaine pour pique-niquer et même chasser aussi.»

Mais le pique-nique n’est pas pour autant réservé aux plus riches. «Plusieurs compagnies, à l’époque de la révolution industrielle, organisaient des pique-niques comme fête pour leurs employés et leurs familles, précise Amélie Masson-Labonté. Dans les années 1930, on trouve des photos d’archives de vacanciers qui pique-niquent le long de la rivière des Prairies.» Le pique-nique prend déjà à cette époque la dimension populaire et rassembleuse qu’il conserve aujourd’hui, comme en témoignent les parcs bondés les samedis d’été, une tendance qui s’est ancrée encore davantage avec les restrictions
pandémiques.

À nous la rue!

«De nos jours, l’importance du pique-nique, c’est encore quelque chose de très particulier à Montréal, précise Amélie Masson-Labonté. Cela s’inscrit dans un ensemble plus large: je remarque que les Montréalais ont une appropriation de l’espace urbain qui est très forte.»

Cette dernière s’incarne aussi notamment dans les mange-trottoir — ces bacs de coins de rue où poussent légumes et fines herbes accessibles pour la cueillette — ou encore dans la piétonnisation estivale de certaines avenues, qui deviennent alors de véritables cantines à ciel ouvert. Sans oublier les festivals qui rythment l’été, dont le Piknic électronik, où se relaient les camions de rue pour sustenter les festivaliers dansants. «Le pique-nique, c’est un peu le terme fourre-tout, mais de façon générale, les Montréalais adorent tout simplement manger dehors, que ce soit dans la rue, sur le mont Royal ou
en terrasse, où ils se précipitent aux premiers rayons de soleil du printemps», explique l’historienne

Un plaisir pour tous

Manger dehors, c’est aussi l’occasion d’abattre certains murs moins visibles que ceux de nos salles à manger. Poser sa nappe dans l’herbe au parc du quartier, c’est le grand égalisateur, accessible à tous et sans tarif d’entrée. Une balade dans les espaces verts montréalais permet de confirmer la popularité du pique-nique: ici, une fête d’enfants; là, un groupe de jeunes adultes à l’apéro; un peu plus loin, une grande famille de nouveaux arrivants fait griller des brochettes sur un gril portatif et un mangeur solitaire en profite pour faire la sieste au soleil.

Le caractère rassembleur du repas en plein air en fait aussi une occasion de rencontres en groupe. Nombreux sont les organismes qui proposent à leurs membres de se retrouver sous le soleil pour un moment de partage alimentaire, culturel ou éducatif — bibliothèques et musées, groupes communautaires ou organismes d’entraide et d’accueil profitent du caractère accessible et festif du pique-nique pour briser l’isolement ou tisser de nouveaux liens au sein même de son quartier.

Un pôle d’attraction touristique

Amélie Masson-Labonté a d’ailleurs suggéré à l’Office montréalais de la gastronomie de miser sur le caractère accessible et rassembleur du pique-nique pour séduire une clientèle touristique en quête d’immersion dans la vie quotidienne des Montréalais. «On pourrait proposer une expérience clés en main, par exemple, en partenariat avec certains restaurants qui proposeraient des paniers à emporter», suggère-t-elle. Une formule qu’offrent déjà certains établissements à leur clientèle, locale ou non.

Dans la Petite Italie, la Dinette Triple Crown, une des doyennes en la matière, prête depuis plus de dix ans paniers, nappes à carreaux et ustensiles pour déguster du poulet frit et ses accompagnements al fresco. Des dizaines d’autres adresses lui ont emboîté le pas depuis, un peu partout sur l’île. Certains proposent même la livraison au parc voisin ! De quoi changer de la salade de macaroni.

Quelques lieux où poser sa nappe… à Montréal ou ailleurs

  • Le mont Royal: pour une vue panoramique sur la ville et de longues balades au cœur de la métropole.
  • Le parc Jarry: un étang, une piscine, une structure de jeux et même un parc à chiens pour nos amis canins!
  • Le jardin des Floralies (parc Jean-Drapeau): pour manger au milieu des fleurs et des œuvres d’art.
  • Parc-nature du Cap-Saint-Jacques: pour pique-niquer sur la plage (accès payant) sans quitter l’île de Montréal.
  • Cantons-de-l’Est, marais de la Rivière-aux-Cerises, à Magog: des sentiers de randonnée sur pilotis et un rallye saisonnier permettent de se dégourdir les jambes et de s’ouvrir l’appétit.
  • Capitale-Nationale, terrasse Pierre-Dugua-De-Mons, à Québec: pour profiter de la vue panoramique sur la terrasse Dufferin, le fleuve Saint-Laurent et le château Frontenac. Un vrai décor de carte postale.
  • Côte-Nord, phare de Pointe-des-Monts, à Baie-Trinité (site payant): avec un peu de chance, vous apercevrez des baleines entre deux bouchées de salade. Un musée patrimonial du phare et une petite auberge font durer le plaisir.
  • Laurentides, Maison Lavande, à Saint-Eustache (site payant): on peut y étendre sa couverture entre les rangées de fleurs odorantes, à leur meilleur en juillet, ou encore prévoir un pique-nique de fin de journée lors des soirées coucher de soleil.
  • Outaouais, lac La Pêche dans le parc de la Gatineau: une immense plage de sable s’étend le long du lac. On peut se baigner ou louer un canot ou un kayak pour s’activer après le repas.

publicité

Caribou x Le Devoir

Tous les articles

Plus de contenu pour vous nourrir