Selon lui, le plus grand impact que pourraient avoir les récompenses étoilées, c’est l’émergence de produits de niche issus de notre terroir. Il cite en exemple ses pétoncles frais, pêchés dans la Baie-des-Chaleurs en Gaspésie. Un produit onéreux difficile à avoir parce que la demande est si faible. «Si on n’a pas de restaurant de haut calibre étant capable d’acheter et de mettre ces produits-là sur son menu, on ne sera jamais capable de les développer», explique le chef avec passion. François-Emmanuel Nicol parle aussi de petits fruits et de produits forestiers non ligneux, comme les champignons sauvages pr exemple, qui gagneraient à être mieux connus.
«C’est important dans notre petite économie d’avoir des restaurants haut de gamme qui font découvrir les petites perles de notre terroir», ajoute-t-il. Les restaurants les plus ancrés dans leur identité sont ceux qui sauront se démarquer, croit fermement François-Emmanuel Nicol.
CONTRE
Chloé Ouellet, cheffe propriétaire du restaurant Au pâturage à Sainte-Perpétue
Chloé Ouellet répète à qui veut bien l’entendre qu’elle «démocratise la gastronomie» en servant à son restaurant des plats hautement créatifs faits en grande partie de produits récoltés dans ses champs, et ce, à un prix tout à fait raisonnable. Son objectif est que les habitants du Centre-du-Québec n’aient pas à aller dans les grandes villes pour bien manger et surtout, pour manger local. Alors le concept de l’étoile Michelin ne la rejoint pas vraiment.
«Je pense que je suis contre», lance la cheffe. Parmi les principales raisons qui justifient sa prise de position, elle cite d’abord «l’immense investissement nécessaire pour faire venir le guide Michelin au Québec», qui aurait pu servir à valoriser l’industrie autrement, «le risque énorme de créer de la compétition et de la bisbille» dans le petit milieu de la restauration québécoise ainsi que la pression et le stress que cela risque de causer sur les restaurateurs.
«Quand j’avais 16-17 ans et que je rêvais d’être chef, évidemment que je souhaitais un jour récolter ma propre étoile Michelin», confie-t-elle. Par contre, des expériences réalisées en France dans des établissements étoilés lui ont ouvert les yeux sur la situation: «avoir une étoile Michelin, ça revient un peu au même qu’à se soumettre à des standards de beauté instaurés par la société». Et bien que les critères se soient assouplis dans les dernières années, elle juge que les conditions pour être un restaurant étoilé sont encore «trop guindées».