Quels poissons et fruits de mer d’ici manger cette année? - Caribou

Quels poissons et fruits de mer d’ici manger cette année?

Publié le

30 avril 2025

Texte de

Virginie Landry

Synonyme de printemps et annonciateur du début de la saison de la pêche, l’écoguide annuel de Fourchette bleue a été dévoilé le 3 avril. Depuis maintenant 16 ans, cette liste des espèces marines comestibles du Saint-Laurent à privilégier permet aux consommateurs, restaurateurs et autres acteurs du milieu de diversifier leur consommation de produits marins locaux tout en contribuant à la préservation de la biodiversité du fleuve. Sandra Gauthier, directrice du musée Exploramer de Sainte-Anne-des-Monts et fondatrice de Fourchette bleue, répond à nos questions au sujet de l’écoguide 2025.
fourchette bleue
Photo de Catherine Roy
Synonyme de printemps et annonciateur du début de la saison de la pêche, l’écoguide annuel de Fourchette bleue a été dévoilé le 3 avril. Depuis maintenant 16 ans, cette liste des espèces marines comestibles du Saint-Laurent à privilégier permet aux consommateurs, restaurateurs et autres acteurs du milieu de diversifier leur consommation de produits marins locaux tout en contribuant à la préservation de la biodiversité du fleuve. Sandra Gauthier, directrice du musée Exploramer de Sainte-Anne-des-Monts et fondatrice de Fourchette bleue, répond à nos questions au sujet de l’écoguide 2025.
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— D’où est venue l’idée de créer Fourchette bleue?

Au début des années 2000, en Gaspésie, un sondage mené par l’office de tourisme révélait les principales raisons d’un voyage dans la région: les beaux paysages ainsi que le poisson frais. Toutefois, quand on faisait le tour des restaurants, on y retrouvait les mêmes poissons importés qu’à Montréal.

Parallèlement, je me suis rendue à Vancouver pour le travail au printemps 2008. Sur un menu de restaurant, j’ai découvert le logo Ocean Wise, qui nous faisait savoir que le poisson qu’on mangeait était issu d’une pêche durable. J’ai investigué et développé l’idée pour le Québec. On a travaillé avec l’industrie pour trouver une méthodologie positive qui inciterait les consommateurs à découvrir de nouvelles espèces. Fourchette bleue existe depuis 2009.

— La mission de départ du programme Fourchette bleue est-elle comparable à celle d’aujourd’hui?

Elle n’a pas changé: c’est encore et toujours de valoriser les espèces moins connues du Saint-Laurent. Je me rends compte que les gens se sont approprié l’écoguide, c’est devenu un outil d’achat.

«C’est un peu comme un tract politique pour que les gens choisissent de consommer local.»
Sandra Gauthier

— Comment s’effectue la sélection des espèces qui se retrouvent dans l’écoguide?

Cette année, on a changé la méthodologie. Avant, on ne mettait dans l’écoguide que les espèces méconnues du Saint-Laurent, mais on ne parlait pas des espèces qu’on connaissait bien comme le homard, le flétan ou le crabe des neiges. Toutefois, on s’est rendu compte que les gens ont quand même du mal à comprendre les différences entre certaines espèces. C’est pourquoi on introduit cette année de nouvelles catégories.

Dans «espèces connues, état biomasse stable», on trouve le homard américain, le thon rouge de l’Atlantique et la plie grise, entre autres exemples. Pour les «espèces méconnues, état biomasse stable», on invite le consommateur à découvrir l’oursin vert, le concombre de mer, le capelan ou le phoque gris, pour ne nommer que ceux-là. On vise aussi les algues et les produits de la mariculture et de l’aquaculture.

Photo de Jérome Landry fourchette bleue

— À quel point est-ce que les listes peuvent être différentes d’année en année?

On s’attend toujours à quelques changements par année, surtout à cause de la fluctuation des stocks ou d’un manque de données scientifiques. Par exemple, on a eu du turbot (flétan du Groenland) en grande quantité pendant des années. C’était notre poisson blanc beau, bon, pas cher. Toutefois, il y a deux ans, du jour au lendemain, il a complètement disparu. Les pêcheurs allaient en mer et n’en trouvaient plus. On l’a donc retiré de la liste.

— Est-ce possible pour vous de prédire les tendances futures, à court ou moyen terme, par exemple?

Il n’y a aucun moyen de prédire! Il y a certes des tendances qu’on voit venir puisqu’on lit systématiquement tous les rapports d’évaluation de biomasse qui sortent annuellement. On est très à l’affût et on a un temps de réaction très court par rapport aux scientifiques ou au gouvernement. Par exemple, on a retiré le maquereau de l’écoguide en 2011-2012. Le gouvernement, quant à lui, a mis un moratoire autour de 2020. On était dix ans d’avance! On a vu la même chose arriver avec la crevette nordique et on sait que ça va arriver avec le crabe des neiges.

— Qu’est-ce que le consommateur peut faire après avoir pris connaissance de l’écoguide Fourchette bleue 2025?

Qu’il l’apporte à son poissonnier et qu’il lui demande d’avoir ces produits-là en stock. Qu’il apprenne à mieux connaître les espèces, leur saisonnalité et comment les apprêter. Qu’il célèbre ce que le fleuve a à nous offrir.

— Quel produit recommander à quelqu’un qui aimerait s’initier au garde-manger du fleuve?

Tous ceux qui n’ont pas encore goûté le sébaste, qu’attendez-vous? Aussi, on devrait voir apparaître du crabe commun du Québec vers la fin de l’été, et c’est extrêmement bon! Finalement, en attendant que la crevette nordique revienne, remplacez-la dans vos recettes par la mactre de Stimpson.

Pour être certifié «Fourchette bleue»

Afin qu’une espèce apparaisse sur l’écoguide de Fourchette bleue, elle doit obligatoirement répondre à trois critères: sa comestibilité (contient-elle des toxines néfastes ?), son niveau de valorisation commerciale (en consomme-t-on au Québec? peut-on en pêcher?) et l’état de sa biomasse (peut-elle supporter la pression de la pêche commerciale?).

Consulter l'écoguide
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