Éric Bélanger rapproche les champs des assiettes avec La Fermette - Caribou

Éric Bélanger rapproche les champs des assiettes avec La Fermette

Publié le

25 août 2025

Texte de

Jessica Dostie

En plein centre-ville de la métropole, des restaurants proposent une carte raffinée ponctuée de produits locaux, et ce, sans l’addition salée qu’on imagine à la clé. Éric Bélanger, chef de métier et, depuis peu, fermier à ses heures, dévoile la recette qui fait le succès de ses trois établissements.
Éric Bélanger La Fermette
En plein centre-ville de la métropole, des restaurants proposent une carte raffinée ponctuée de produits locaux, et ce, sans l’addition salée qu’on imagine à la clé. Éric Bélanger, chef de métier et, depuis peu, fermier à ses heures, dévoile la recette qui fait le succès de ses trois établissements.
publicité

Les tables qui mettent en valeur les aliments de notre terroir se sont multipliées ces dernières années. Si on connaît bien le concept «de la ferme à la table», où des chefs collaborent avec plusieurs producteurs agricoles, ou de table champêtre, où les clients s’attablent à deux pas de champs et de jardins, plus rares sont les établissements urbains à grand volume qui s’approvisionnent à même les récoltes de leur propre ferme maraîchère. C’est pourtant l’idée qui a germé dans la tête d’Éric Bélanger, copropriétaire du Bar Furco, du Café Parvis et de Papito, le petit dernier du groupe, ouvert l’année dernière.

L’idée de départ? S’associer avec deux agricultrices en démarrage afin de fournir ses cuisines en légumes frais et biologiques.

éric bélanger fermette

C’est ainsi qu’en 2018, il cofonde La Fermette, de pair avec Justine Chouinard et Annie-Claude Lauzon. Ceux qui ont suivi la série Les fermiers, sur Unis TV (on peut toujours regarder les saisons 1 et 2 en ligne sur le site de la chaîne), se souviendront d’ailleurs peut-être d’avoir vu les deux jeunes femmes à l’œuvre sur leur terre située à Hemmingford, en Montérégie.

Sept ans plus tard, elles cultivent plus d’une trentaine de variétés de légumes, de tomates et de verdurettes, qui se retrouvent ensuite exclusivement dans les assiettes des trois restaurants de leur partenaire d’affaires. À elles seules, elles fournissent, en saison, pas moins de 50% des légumes qu’on y mange. Et ce n’est pas tout: Éric Bélanger s’est à son tour établi en campagne, lui aussi dans le sud de la Montérégie, où il produit notamment des petits fruits, du miel et du cidre pour ses restaurants.

«Il n’y a pas de pertes puisque les trois restos prennent presque toute la production», affirme le restaurateur. La Fermette profite en outre d’un kiosque au Marché des Éclusiers, à Montréal, où écouler certains surplus.

Un modèle d’affaires unique

Au cœur du concept d’Éric Bélanger et de ses associés (sont aussi du nombre Zébulon Perron, Alejandra Ponce Pacheco, Joëlle Trottier et Jean-François Gladu): offrir des plats recherchés à un coût raisonnable. C’est la raison pour laquelle l’équipe a dès le départ écarté certains légumes de sa production, par exemple les pommes de terre. «Avec les volumes dont on a besoin dans nos établissements, ça ne serait pas logique d’en faire, à moins de se mécaniser, explique l’entrepreneur. L’objectif reste que ce soit viable économiquement sans pour autant devoir augmenter nos prix.»

C’est d’ailleurs là que leur projet commun se distingue de la concurrence, selon lui.

«On veut que nos restos soient abordables d’abord et avant tout et qu’ils rejoignent le plus grand nombre de clients possible. C’est très différent du modèle traditionnel du resto haut de gamme de 80 places qui achète une plus petite fermette pour produire pas mal tout ce dont il a besoin avec un seul employé.»
Éric Bélanger

Ainsi, au Furco ou au Parvis, on peut notamment déguster un sandwich garni de légumes de La Fermette — en juillet, c’était aubergine et tomates — pour 20$. Au Papito, les grillades, la plupart affichées à moins de 20$ pour des assiettes à partager, sont relevées de piment gorria récolté et séché à la ferme.

Comment arrivent-ils néanmoins à créer leurs menus en étant tributaires de l’imprévisibilité de leur production maraîchère? «On a l’équipe parfaite pour y arriver, souligne Éric Bélanger. Nos chefs travaillent par instinct et aiment changer leur menu. C’est pour ça que ça fonctionne plutôt bien. Moi, mon rôle — et mon plus gros défi — est d’assurer la communication pour éviter de se retrouver par surprise avec six caisses d’épinards.»

L’ancien chef prend aussi un plaisir fou à ses nouvelles occupations de fermier. «En ce moment, je travaille mes champs en vue de produire des céréales pour faire de la bière. C’est mon trip pour les prochaines années: essayer de développer de nouveaux produits. J’ai même des fleurs coupées. Pour le moment, elles servent à décorer les restaurants, mais il n’est pas impossible qu’on finisse par vendre des bouquets.»

D’autres tables à découvrir

Envie de saveurs locales même en zone urbaine? Voici deux autres établissements accessibles qui mettent de l’avant, chacun à leur façon, leurs propres récoltes.

publicité

Caribou x Le Devoir

Tous les articles

Plus de contenu pour vous nourrir