De l’acerum est déjà sur le marché : il s’agit de celui de la Distillerie Shefford, du village éponyme en Montérégie. Le blanc, «vif et poivré» selon la description qu’en donne la compagnie, coûte 51,50$ pour 500 ml à la SAQ. Quant au brun, aux «arômes de caramel et de poire confite», il faut débourser 53,30$ pour se le procurer. Pas donné, donc. Mais Jean-François Cloutier a confiance que le consommateur, de plus en plus intéressé par les produits locaux et insolites, est mûr pour l’expérience. Après tout, «on ne se gêne pas à acheter une bouteille de scotch à 100$», remarque-t-il.
Une noblesse à construire
Il va tout de même falloir travailler fort pour donner du sens à cette comparaison: la simple évocation du whisky écossais nous transporte dans un imaginaire auquel le jeune acerum ne peut prétendre. Mais le processus a été enclenché plus tôt cette année, avec la fondation de l’Union des distillateurs de spiritueux d’érable (UDSÉ), qui compte pour l’instant trois membres: les deux distilleries susnommées, et le Domaine Acer, d’Auclair au Témiscouata. L’UDSÉ a enregistré la marque de certification «Acerum» et élaboré un cahier des charges régissant sa fabrication: le spiritueux doit être produit à partir de sirop ou d’eau d’érable du Québec, titrer au moins 35% d’alcool et ne doit être ni coloré ni aromatisé. Ces règles se veulent simples pour stimuler la créativité, mais strictes pour éviter les dérapages. «Une marque de certification permet d’avoir un contrôle minimal pour assurer une qualité, explique Nathalie Decaigny, du Domaine Acer. C’est un tremplin éventuel pour arriver à une appellation réservée.» L’acerum sera un produit noble ou ne sera pas.
Au Domaine Acer, c’est l’eau d’érable qui est l’ingrédient de base. Vallier Robert, qui a hérité de l’érablière familiale, y produit depuis une vingtaine d’années déjà des vins d’érables, les acers. C’est en distillant l’un d’eux, le Prémices d’avril (un blanc demi-sec à 12% d’alcool) qu’il entend obtenir son premier acerum.