Roméo Bouchard: un goût d’autonomie
Partout au Québec, il y a encore des résistants qui honorent la générosité de la nature et gardent vivante la façon traditionnelle de «faire les sucres», telle que nous l’ont enseignée les premiers peuples du nord du continent. Dans certaines familles, ce savoir-faire est transmis en héritage aux enfants. C’est le cas dans le rang Mississippi, à Saint-Germain-de-Kamouraska, où depuis 34 ans, Roméo Bouchard, écrivain militant, et son fils Géronimo font bouillir l’eau d’érable de la plus artisanale des manières. À tour de rôle, ils entassent les bûches dans le petit poêle situé le long du mur de leur cabane, côté soleil levant. Ce faisant, ils discutent sans arrêt, de tout et de rien.
«Au Québec, les gens vivent à l’envers. On devrait travailler l’été et se reposer l’hiver, profiter du temps froid pour lire, pour passer du temps avec les enfants. On n’assume pas notre climat, on n’assume pas le fait qu’on vit dans un pays nordique», philosophe Roméo tout en observant, par l’ouverture du toit qui laisse s’échapper la vapeur, les nuages à l’extérieur.