Fous de la figue du Québec - Caribou

Fous de la figue du Québec

Publié le

30 septembre 2025

Texte de

Virginie Landry

Photos de

La Vallée du Moulin

La ferme La Vallée du Moulin, à Melbourne, dans les Cantons-de-l’Est, est le premier — et à ce jour, le seul! — producteur commercial de figues biologiques au Québec. Pour faire pousser cette denrée exotique en serre avec nos conditions nordiques, il a fallu reproduire le climat méditerranéen un peu à tâtons, aucune documentation n’existant à ce sujet. Une tâche colossale de recherche et développement qui commence tout juste à porter ses fruits, littéralement.
figues du québec
La ferme La Vallée du Moulin, à Melbourne, dans les Cantons-de-l’Est, est le premier — et à ce jour, le seul! — producteur commercial de figues biologiques au Québec. Pour faire pousser cette denrée exotique en serre avec nos conditions nordiques, il a fallu reproduire le climat méditerranéen un peu à tâtons, aucune documentation n’existant à ce sujet. Une tâche colossale de recherche et développement qui commence tout juste à porter ses fruits, littéralement.
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Comme La Vallée du Moulin a planté ses premiers plants en 2017 et qu’un figuier prend entre 5 et 7 ans avant d’arriver à maturité, l’entreprise ne produit des figues que depuis peu. «Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de défis, s’exclame Anne-Marie Proulx, responsable de la gestion de l’entreprise familiale et de la mise en marché. Je ne le regrette pas, c’est extrêmement formateur d’être entrepreneure et de développer une nouvelle culture», bien qu’elle admette qu’ils aient été un peu «fous» de se lancer dans ce projet!

Avant la production de figues, la famille Proulx a exploré d’autres cultures (l’érable, le miel et les arbres fruitiers) sur son site enchanteur où elle produisait déjà sa propre électricité grâce à deux microcentrales entretenues par le paternel, Serge, ancien ingénieur électricien. Autour de 2015, ce dernier tombe amoureux de la figue lors d’un voyage en France et pour lui, le déclic se fait: il construirait des serres hautement efficaces pour faire pousser ce fruit méditerranéen au Québec.

Fraîcheur à savourer

«On débroussaille encore!» révèle la cadette de la famille à propos des paramètres nécessaires pour cultiver plus d’une vingtaine de variétés de figues en serre. «Taille des plants, ventilation de la terre, humidité de la serre, luminosité nécessaire: il a fallu déterminer tout ça», admet celle qui ne vient absolument pas du monde agricole. Anne-Marie Proulx a enseigné les mathématiques avant de se lancer dans un projet avec son père, ses sœurs et son frère.

À son avis, le travail investi dans le développement de cette culture est pleinement récompensé au moment de déguster une de leurs figues arrivées à maturité: «en ce moment, les figues sur le marché, très souvent la Black Mission, viennent de l’importation (Turquie, Égypte, Algérie, entre autres pays producteurs). Elles sont récoltées quelques jours avant leur pleine maturité et cessent alors de développer leurs saveurs et leurs sucres», explique-t-elle. De plus, il n’est pas rare qu’elles arrivent abîmées par le transport.

C’est pourquoi goûter une figue québécoise est une expérience nouvelle: cueillie la journée même ou la veille, la figue d’ici, qu’importe sa sorte, est plus savoureuse, plus sucrée et d’une texture agréablement gélifiée.

Expérience multisensorielle

«Quand tu achètes nos fruits, il y a un éventail de couleurs et de saveurs à découvrir», s’exclame fièrement Anne-Marie Proulx. Certaines figues ont un goût de miel (LSU Purple), d’autres de petits fruits (Violette de Bordeaux). Certaines sont toutes petites (Chicago Hardy), d’autres beaucoup plus grosses (Yellow Longneck).

Comme on y produit de nombreuses variétés de figues aux périodes de récolte variées, La Vallée du Moulin peut offrir des fruits aussi tôt qu’en juin, puis tout l’été jusqu’à l’Action de grâce.

«C’est très important de la manger à la température de la pièce», explique Anne-Marie Proulx. Et surtout, on ne l’épluche pas! «La pelure est mince et comestible. On mange tout sur la figue, sauf le petit pédoncule», ajoute-t-elle. Pour faire profiter autant les yeux que la bouche, on coupe la figue en deux parce que «la manger tout rond, c’est se priver du spectacle», déclare la productrice.

figues du québec
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Découverte par l’agrotourisme

Les premières barquettes de figues de la saison se sont écoulées en un rien de temps. «Les gens attendent ça, ils se les arrachent», confie Anne-Marie. Elle sait que lorsqu’ils annonceront les prochaines récoltes, elles s’envoleront dans le temps de le dire. L’engouement est là, autant auprès des consommateurs avides de découvertes que des restaurateurs qui espèrent pouvoir cuisiner leurs figues locales dans un avenir rapproché, lorsque la production saura répondre à la demande.

Pour l’instant, La Vallée du Moulin ne vend qu’à sa boutique. Raison de plus pour aller visiter le superbe site agrotouristique afin d’en apprendre davantage sur cette culture unique au Québec grâce à la visite guidée. Évidemment, on pourra y déguster quelques figues nordiques!

940, chemin Valley, Melbourne.

Le savez-vous?

Botaniquement parlant, la figue n’est pas un fruit, mais une fleur inversée: une inflorescence. La chair qu’on déguste est en fait des milliers de petites fleurs.

Quatre idées pour déguster la figue du Québec fraîche

En salade: servie sur un lit de verdures, avec mozzarella fraîche, jambon cru local et herbes du jardin.

En pizza: sur une base de sauce tomate, rondelles de fromage de chèvre, arrosée d’un filet de miel et d’une poignée de roquette.

En plateau apéritif: avec des charcuteries locales, des fromages d’ici, des petits fruits de saison.

En muffin: au yogourt et aux pommes.

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