Geneviève Everell: la Miss préférée du public - Caribou

Geneviève Everell: la Miss préférée du public

Publié le

11 juin 2024

Texte de

Virginie Landry

C’est Geneviève Everell, alias Miss Sushi, qui est repartie avec le convoité Laurier du Public lors du dernier gala des Lauriers de la gastronomie québécoise. Grâce à ses populaires services de chef à domicile Sushi à la maison qu’elle offre depuis 2008, ses huit adresses de comptoir Sushi à la maison dans la province ainsi que ses 12 livres de recettes, la pétillante entrepreneure s’est taillée, au fil du temps, une place de choix dans le cœur des Québécois.
C’est Geneviève Everell, alias Miss Sushi, qui est repartie avec le convoité Laurier du Public lors du dernier gala des Lauriers de la gastronomie québécoise. Grâce à ses populaires services de chef à domicile Sushi à la maison qu’elle offre depuis 2008, ses huit adresses de comptoir Sushi à la maison dans la province ainsi que ses 12 livres de recettes, la pétillante entrepreneure s’est taillée, au fil du temps, une place de choix dans le cœur des Québécois.
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Plus grand que la panse

L’année 2024 restera à jamais l’une des plus agitées de sa carrière. En effet, dans les derniers mois, le public a appris avec chagrin que Geneviève menait un combat contre la maladie, un cancer du sein découvert tout juste quelques semaines avant d’accoucher de son deuxième enfant. Fidèle à son habitude, l’énergique et charismatique entrepreneure a décidé de ne pas se laisser abattre par la nouvelle et suit ses traitements avec courage et résilience, tout ça, bien à la vue de sa communauté de plus de 140 000 abonnés sur Instagram.

Caribou s’est entretenue avec la lauréate du Laurier du Public afin de parler de ce prix, mais aussi de la maladie… et de maki à la poutine!

— Tu n’as pas pu assister à la cérémonie des prix Lauriers, puisque tu es en traitement pour le cancer. Comment as-tu vécu cette soirée de ton côté?

J’ai reçu une grosse dose d’amour.

J’étais restée à la maison ce soir-là. Ma meilleure amie, qui est aussi ma directrice générale, Stéphanie Tremblay, était là à ma place. Je lui ai dit: «Steph, va manger pour moi! Goûte à tout, envoie-moi des photos! Je veux tout savoir de ta soirée!»

Quelques heures avant le gala, on m’a demandé de faire une vidéo pour être prête si jamais je remportais le prix. Cette journée-là, c’était plutôt difficile pour moi. J’ai quand même pris toute l’énergie que j’avais et je me suis maquillée, je me suis bien habillée. J’ai mis tout mon cœur dans cette petite vidéo.

Tôt dans la soirée, on m’a textée pour me dire que j’avais gagné. J’ai crié, je l’ai tout de suite annoncé à mon chum. Ensuite, je me suis tournée vers les réseaux sociaux où j’ai pu revivre ce moment à travers les stories des gens sur place.

Avoir été là avec vous, j’aurais dit la même chose que dans ma vidéo: je dois ce prix à mes clients.

— Justement, tu en as parlé dans ta vidéo d’acceptation de prix – pendant laquelle tout le monde était en pleurs, soit dit en passant – tu crois que ce sont tes clients qui ont voté pour toi en grand nombre. Quelle est ta relation avec eux?

J’ai toujours été transparente et authentique. Ce n’est pas un mot que j’aime nécessairement utiliser, mais on me l’a dit souvent. Tout le monde connait mon histoire (NDLR: Geneviève a beaucoup parlé et écrit à ce sujet, elle a vécu une enfance violente et dans la pauvreté), mon vécu. Ça fait partie de qui je suis et ça explique certainement pourquoi je suis aussi passionnée par tout ce que j’entreprends.

Je suis humaine et les gens aiment ça de moi. D’ailleurs, ils sont toujours bien surpris quand je réponds à leur message personnellement. Les réseaux sociaux, c’est ma façon de rester connectée avec mes clients, ma communauté d’amateurs de bons sushis. J’ai délégué bien des choses, mais pas ça!

«À mon avis, c’est plus compliqué de jouer un rôle que d’être soi-même.»

— Tu es hyper ouverte et transparente sur tes traitements pour le cancer sur les réseaux sociaux. Pourquoi le faire?

Je ne peux pas comprendre comment certaines personnes préfèrent vivre ça en cachette. Pour moi, d’en parler ouvertement est super thérapeutique. En fait, ça ne m’a jamais traversé l’esprit de ne pas en parler. C’est libérateur. Plus que ça: les personnes qui vivent leur cancer en secret se sentent un peu moins seules lorsque je partage mon histoire.

Ç’a été naturel pour moi d’être résiliente. Je me surprends à voir le bon côté des choses dans la maladie. Je me dis que si je suis capable de passer à travers ça avec une bonne dose de positivisme, rien ne pourra m’arrêter. Ça me confirme la personne que je suis et que j’ai toujours été.

— Lorsque tu as démarré Sushi à la maison, en 2008, les sushis commençaient à être très à la mode et n’auraient pu être que ça: une mode. Comment as-tu su garder l’engouement pour le produit après autant d’années?

Beaucoup de gens m’ont dit ça au cours des années, que les sushis n’allaient être qu’une mode passagère. Et moi, je me suis toujours dit: «au pire, ça sera une mode»! Je n’avais pas de plan, juste de l’inspiration et l’envie de me lancer.

Au début, le nombre de fois que j’ai entendu «mais moi, je n’aime pas le poisson cru!». Je pense que les gens savent maintenant que c’est vraiment plus que ça. J’ai démocratisé les sushis et j’ai apporté ça dans la cuisine des gens.

— Que penses-tu avoir apporté à la culture culinaire québécoise ces dernières années?

J’ai «réinventé» des recettes de sushis – oh, comme je déteste ce mot – je les ai amenés ailleurs en leur apportant ma touche québécoise. Un maki à la poutine? Un maki au smoked meat? C’était du jamais-vu.

Sans prétention, je crois que je continue de faire vivre un art, celui de la confection des sushis, mais à ma sauce. Une de mes plus grandes fiertés sera d’avoir osé incorporer des aliments «pêché mignon» dans mes créations plus sophistiquées. Par exemple, mettre des chips dans un tartare ou de l’halloumi dans un maki.

C’est le parfait parallèle avec ma vie: quand j’étais jeune, je fouillais dans les conteneurs de chez Yum Yum pour trouver des sacs de chips. Maintenant, pour moi, le luxe c’est d’avoir les sous pour s’acheter un sac de chips.

«J’ai eu l’audace de réinventer des recettes de sushis et ça m’a rapporté. C’était tellement tabou au début et je le sais.»

— Ta relation avec la nourriture a-t-elle changé avec la maladie?

Ouf, oui. Ma chimiothérapie est hyper invasive et elle détruit mes papilles gustatives pendant environ deux semaines à la suite du traitement. Pendant ce temps, je ne goûte plus rien. Je t’avoue que ma pire hantise, c’est que ça reste comme ça. Par chance, ça s’est toujours replacé et ce n’est pas censé être permanent.  J’ai toujours dit que je pouvais goûter et me nourrir dans ma tête, mais je me rends compte que non, ce n’est pas suffisant.

Quand le goût et la faim me reviennent, je me réconforte avec des petits plaisirs gourmands. Je goûte beaucoup plus le salé que le sucré, alors j’ai tendance à aller vers les grilled cheese, le fromage fort en général. J’ai hâte de manger des sashimis!

— Quelles seront tes ambitions lorsque tu reviendras de ton congé de maternité ainsi que de tes traitements de chimiothérapie?

La maladie ne m’aura pas donné le goût de ralentir. Ma passion, c’est mon travail. Selon moi, ce n’est pas un travail quand on a autant de plaisir à le faire. Cependant, je me promets de plus décrocher lorsque je prendrai des vacances. Ne pas regarder mes courriels pendant un congé, je n’ai jamais fait ça!

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