Une tourtière qui vient de loin
Ce sont les Français qui ont apporté les pâtés de ce côté de l’Atlantique au début du XVIIe siècle. Ils les avaient reçus des Romains, qui, dans l’Antiquité, pour célébrer le Nouvel An, faisaient des pâtisseries rondes appelées «tortus» qui symbolisaient le retour de la lumière et du soleil grâce aux jours qui allongeaient, explique Michel Lambert. À l’époque, on évidait ces pains ronds et les remplissait de viande en sauce. Puis, les Romains apportèrent en Gaule ces «tortus», qui devinrent les tartes et les tourtes que nous connaissons, raconte l’auteur des cinq tomes de l’Histoire de la cuisine familiale du Québec. Lorsque les Français ont colonisé ce qui est maintenant le Québec, on s’est mis à cuisiner ces pâtés à la maison. Comme on abattait le porc, le veau et les volailles au début de décembre, on faisait les pâtés avec ces viandes pour le temps des Fêtes. Puis, les pommes de terre ont été intégrées aux pâtés à la fin du XIXe siècle pour remplacer la farine ou la chapelure traditionnellement utilisées. «Dans l’ouest du Québec, la tourtière se fait toujours dans une assiette à tarte alors que dans l’est, elle se fait dans une grande rôtissoire. Elle peut ainsi facilement nourrir les familles nombreuses», précise Michel Lambert, qui alimente son site quebecuisine.ca avec des recettes et des faits historiques.
La dinde pour remplacer l’oie
On raconte que ce sont les Espagnols qui ont introduit l’animal américain en Europe, à la fin du XVe siècle. Au siècle suivant, le dindon faisait déjà partie de presque toutes les basses-cours européennes, y compris celles de nos ancêtres du nord-ouest de la France, qui ont apporté des dindes au Québec dès le début du XVIIe siècle, raconte l’historien. Les fouilles archéologiques des premiers postes de traite québécois révèlent qu’on en élevait même dans ces lieux éloignés de notre territoire. Puis, l’élevage augmenta au XIXe siècle lorsque la région de Charlevoix se mit à élever de la dinde pour les New-Yorkais, à l’occasion de l’Action de grâce et du temps des Fêtes. Comme elle est devenue plus accessible, au fil du temps, la dinde a fini par remplacer l’oie traditionnelle au Québec à l’occasion du réveillon de Noël ou lors du repas du Premier de l’an. En effet, avant la dinde, c’était l’oie sauvage, qu’on abattait à la fin de novembre ou au début de décembre, qui était le plat festif par excellence.
Les canneberges, pour ajouter du sucré au salé
Pendant les Fêtes, la dinde, justement, vient souvent en paire avec la gelée d’atocas, ou canneberges.