La Route des vins Brome-Missisquoi, là où l’évasion se déguste depuis 20 ans

Charles-Henri de Coussergues, vigneron, copropriétaire du Vignoble de l’Orpailleur et réel pionnier de la viticulture et de l’œnotourisme au Québec, fait du vin à Dunham depuis 1982. Au fil du temps, il a pu constater tout le chemin fait par le vin québécois pour gagner le cœur – et le cellier – du public. C’est au tournant des années 2000 qu’il s’est mis à sentir un véritable intérêt pour les cuvées locales. «On était quelques producteurs de la région à rêver d’une route des vins, raconte-t-il. On s’était retrouvés à une table à pique-nique; il y avait Simon Naud [du Vignoble de la Bauge] et son père aussi. On souhaitait qu’il y ait des pancartes et de la signalisation spéciale dans la région afin d’aider les gens, qui n’avaient pas de GPS à l’époque, à trouver nos vignobles et à venir nous rencontrer.»

Heureusement pour eux, cette idée s’est concrétisée quelques années plus tard. Les citadins trouvent désormais leur chemin vers un bon verre de vin à déguster dans des paysages enchanteurs et vers des rencontres passionnantes avec des artisans qui partagent leur savoir-faire avec bonheur. En chemin, ils peuvent faire un arrêt chez un des nombreux «amis» de La Route: restaurateurs, aubergistes, cidriculteurs, fromagers, alouette! La Route des vins forme aujourd’hui tout un écosystème: en son cœur se trouvent les vignobles et en périphérie, de nombreuses entreprises touristiques qui valent le détour.

Marie-Florence Crevier-Paradis, directrice du Domaine du Ridge, peut témoigner de l’influence de La Route des vins sur l’achalandage. «Il y a environ 16 ans, j’étais toute seule à la boutique pendant les vendanges et je n’ouvrais qu’une bouteille par jour pour les dégustations, dit-elle. Aujourd’hui, en haute saison, on a de 15 à 20 employés.»

Les vignobles de La Route des vins ont évolué au fil des ans, en phase avec les considérations de leur clientèle. Certains ont fait la transition vers l’agriculture biologique, notamment le Domaine du Ridge, le Domaine du P’tit Bonheur, le Vignoble de la Bauge, le Domaine des Côtes d’Ardoise, le Vignoble Gagliano, le Vignoble Sugar Hill et le Clos Saragnat. Sur La Route, les œnophiles peuvent par ailleurs déguster quelques cuvées nature et en apprendre plus sur la culture raisonnée ou la biodynamie.

La beauté du paysage

Quiconque a déjà parcouru un des six circuits créés spécialement pour admirer les paysages de La Route des vins Brome-Missisquoi peut en témoigner: les points de vue du haut des coteaux des vignobles ou du creux des vallons qui ponctuent le chemin ravissent les yeux et incitent à prendre son temps. Les magnifiques routes de campagne, qu’on peut également découvrir grâce à l’un des quatre circuits à vélo, de même que les nombreux sentiers aménagés dans certains vignobles (Val Caudalies, Vignoble Clos Ste-Croix, Domaine des Côtes d’Ardoise, Vignoble de l’Orpailleur) permettent quant à eux d’observer la richesse du territoire.

Il y a 40 ans, quand Charles-Henri de Coussergues et ses associés fondateurs cherchaient la ferme dans laquelle s’établir, ils n’ont pas considéré uniquement un terroir fertile dans lequel planter la vigne. «On cherchait aussi une région bucolique, souligne le vigneron d’expérience. Sachant qu’on proposerait de l’agrotourisme, c’était primordial de s’installer dans un endroit d’une grande beauté.» Sara Gaston, du Vignoble du Ruisseau, à Dunham, a non seulement été charmée par la beauté des lieux, mais aussi par l’incroyable ambiance de la région favorisée par la proximité entre les vignobles. «On ressent une grande synergie. C’est une région où les humains sont mis en valeur, et je me trouve chanceuse d’y vivre», indique-t-elle.

Félix Duranceau, qui a repris le Vignoble La Grenouille, à Cowansville, pour en faire son Domaine du P’tit Bonheur est tombé amoureux de la région, mais aussi de ses habitants. «La communauté dans laquelle on s’est implantés est très collaborative, remarque-t-il. Tout le monde a été tellement généreux de leur temps et de leurs connaissances à notre arrivée.» Cet accueil chaleureux, il l’offre maintenant à ses visiteurs et visiteuses, entre autres grâce à un espace extérieur aménagé, avec vue sur les vignes, qui lui permet d’organiser des spectacles et des projections de films.

Il n’y a pas que les vignerons et vigneronnes qui ont été inspirés par la beauté et la richesse humaine de la région: fromagers, chocolatières, brasseurs et maraîchères se sont installés aux abords de La Route des vins Brome-Missisquoi au fil des ans, enrichissant ainsi l’offre gourmande pour un public en quête d’expériences délicieuses et vraies.

Annick Genest, qui travaille derrière le comptoir de la Fromagerie des Cantons, à Farnham, se plaît à vanter l’offre des Cantons-de-l’Est. « Ceux qui font La Route des vins peuvent compléter leurs achats avec un bon fromage, des confitures, du saucisson sec et d’autres gourmandises de la région parfaits pour l’apéro. On a vraiment de beaux produits ici! On est des passionnés dans la région, c’est ce qui nourrit cette belle synergie entre les vignerons et les artisans», explique celle qui se fait toujours un plaisir d’orienter sa clientèle vers d’autres horizons gourmands.

L’art de recevoir façon vigneron

En 2021, 27% des ventes de vins québécois se faisaient directement aux vignobles, et il est facile de comprendre pourquoi. Sur La Route des vins Brome-Missisquoi, on ne sert pas que du vin: on fait vivre un éventail d’expériences immersives uniques, pour tous les goûts. Certains vignobles proposent des visites plus classiques, à l’européenne – visite guidée des vignes et du chai –, alors que d’autres offrent des rencontres plus intimistes avec les vignerons. Certains vous donneront même accès à des cuvées exclusives qu’il est seulement possible de déguster sur place. Vous pouvez même aider à la récolte des précieux raisins pendant les vendanges, ces belles journées de labeur qui se terminent souvent en repas partagé.

Plusieurs vignerons le disent: recevoir les gens chez eux et leur faire goûter le fruit de leur travail est l’un des aspects les plus gratifiants de leur métier. C’est aussi l’occasion de raconter l’histoire de leurs bouteilles et d’expliquer com- ment on fait du vin au Québec.

Plusieurs vignobles (Val Caudalies, Vignoble du PicBois, Vignoble l’Ardennais, Vignoble Le Di-Vin, entre autres) ne vous laisseront pas repartir le ventre vide, vous proposant des paniers de pique-nique composés de produits locaux. Certains vous garderont même pour une pizza cuite au four à bois (Vignoble Gagliano), un repas champêtre (Château Ste-Agnès) ou une bonne viande élevée sur place et cuite sur la braise (Le Vignoble du Ruisseau).

Aujourd’hui, 60% du vin produit au Québec provient des vignobles situés sur La Route des vins Brome- Missisquoi.

Planifier sa visite sur La Route des vins

Marie-Florence Crevier-Paradis, du Domaine du Ridge, croit qu’il est possible de visiter trois ou quatre vignobles dans une même journée, mais qu’il vaut mieux prendre son temps et revenir une deuxième, afin de goûter à un maxi- mum de cuvées. Et pourquoi ne pas dormir dans la région? Il est possible de séjourner dans certains vignobles (Vignoble Bromont, Vignoble Clos Ste-Croix) qui offrent hébergement, auberge ou villa dans leur domaine.

«Vous avez déjà fait La Route des vins? Revenez la faire!» insiste la directrice du Domaine du Ridge qui, au prochain millésime, proposera de nouvelles cuvées en petits lots. «Le vin est un produit vivant qui évolue avec le temps. Il y aura toujours de nouveaux vignobles à visiter, de nouvelles bouteilles à déguster.»

Pour planifier votre visite et découvrir les circuits, les nombreux amis et toute la programmation du 20e anniversaire de La Route des vins Brome-Missisquoi, visitez laroutedesvingtans.ca. Et pour organiser votre séjour dans les Cantons-de-l’Est, rendez-vous au cantonsdelest.com.