Projet La Ruche: célébrer l’héritage familial - Caribou

Projet La Ruche: célébrer l’héritage familial

Publié le

04 décembre 2024

Texte de

Marie-Julie Gagnon

Photos de

Marie-Julie Gagnon

À Baie-des-Sables, aux portes de la Gaspésie, le Projet La Ruche se démarque par sa table champêtre, son architecture durable et sa volonté de mettre en valeur un terroir dont on annonçait la mort à petit feu.
Projet La Ruche
Photo d'Atelier Camion
À Baie-des-Sables, aux portes de la Gaspésie, le Projet La Ruche se démarque par sa table champêtre, son architecture durable et sa volonté de mettre en valeur un terroir dont on annonçait la mort à petit feu.
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Ce qui frappe quand on s’attable au restaurant du Rang 5 Ouest, c’est le mélange harmonieux de touristes et de résidents qui fréquentent l’endroit depuis son ouverture, à l’été 2022. À la fois épurée et chaleureuse, la décoration s’accorde parfaitement à l’architecture du bâtiment, qui abrite aussi une auberge.

À 70 kilomètres de Rimouski, les terres agricoles de Baie-des-Sables semblent bien loin des lieux qui attirent la majorité des touristes au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie. C’est pourtant dans ce rang où elle a grandi que l’instigatrice du Projet La Ruche, Gabrielle Trigaux, a choisi de réaliser son vieux rêve d’ouvrir une auberge.

Une famille tissée serrée

Projet La Ruche n’offre pas de vue sur le fleuve, mais sur une forêt qui témoigne d’une riche histoire familiale. «Le nom Projet La Ruche est vraiment un clin d’œil à mon père apiculteur, raconte Gabrielle Trigaux. Il est originaire de Belgique et vit au Québec depuis environ 35 ans.»  Il y a plus d’un quart de siècle, son père, aussi agriculteur et technicien forestier, et sa mère, une agronome, ont acheté une partie de la terre de ses grands-parents. Aujourd’hui, ces derniers sont ses associés et voisins. Ses deuxièmes voisins? Ses grands-parents maternels! «Mon grand-père a toujours une ferme de bœuf Highland», souligne-t-elle.

Projet La Ruche

C’est après avoir passé six ans à Montréal, où elle a étudié en gestion de la restauration à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), travaillé dans la restauration et rencontré celui qui partage aujourd’hui sa vie, que l’entrepreneure de 29 ans a voulu venir replanter ses racines en 2018 dans la terre qui l’a vu naître.

Entre l’idéation et la réalisation du projet – qui contient d’ailleurs le mot «projet» pour son caractère évolutif –, les embûches ont toutefois été nombreuses, à commencer par la question du zonage agricole. Au total, deux ans et demi ont aussi été nécessaires pour transformer le bout de forêt en havre de paix écoresponsable. «Quand j’étais petite, on venait se cacher dans le bois, ici, raconte-t-elle. C’était complètement forestier. Il a donc fallu préparer le terrain. Une bonne partie des matériaux utilisés pour construire le bâtiment provient de la terre. Mon père a bûché le bois, l’a scié et l’a fait sécher. Ce que vous voyez sur les murs [du restaurant], c’est du tremble qui poussait là», dit la jeune femme en pointant l’horizon. Ces mêmes arbres, c’est son père qui les avait plantés à son arrivée.

«Quand je suis revenue, mon objectif était de diversifier les activités et les productions.» Le volet maraîcher et l’élevage de chèvres laitières se sont notamment ajoutés à l’arc de l’entreprise familiale, alors connue pour son miel. Mais il fallait aussi la construire, cette auberge…

«Notre objectif est d’avoir la plus faible empreinte à long terme, dit la jeune femme, qui a donné naissance à son fils pendant la concrétisation de son projet d’entreprise. Il ne s’agissait pas seulement du choix des matériaux, mais surtout de la consommation énergétique du bâtiment, qui a été dessiné de sorte que la serre puisse chauffer l’intérieur.»

Bien que des chauffages d’appoint puissent être utilisés dans les trois chambres actuellement disponibles en location à l’étage – les autres sont pour l’instant occupées par la jeune famille de Gabrielle – l’essentiel est chauffé grâce à l’énergie solaire emmagasinée par la serre.

Projet La Ruche
Projet La Ruche

Boire, manger, célébrer

Le menu et les horaires du restaurant sont adaptés selon les saisons. Comme le requiert l’Association de l’agrotourisme et du tourisme gourmand du Québec (AATG) pour obtenir la marque déposée table champêtre™, au moins 51% des ingrédients proviennent directement de la ferme propriétaire. Le reste est issu de productions locales.

«Ce sont toujours les récoltes qui vont déterminer ce qu’on va servir chaque semaine. Après, c’est sûr que les goûts naturels de la saison influencent aussi le menu. On va avoir plus tendance à faire des tartares et des tatakis en été et des pièces braisées ou grillées en hiver.»
Gabrielle Trigaux

Elle élabore également elle-même la carte des vins, composée en partie de produits québécois et d’importations privées.

Ouvert toute l’année, le restaurant accueille ponctuellement des chefs invités et des musiciens, en plus de proposer différents événements. Et ça marche! De quoi confondre les sceptiques des décennies précédentes, alors que l’exode des jeunes laissait présager le pire. «Quand mes parents ont acheté la terre de mon grand-père, ce dernier disait: “Ils vont le fermer, ce rang-là.” Il n’y avait presque plus personne à ce moment.»

La vapeur se renverse peu à peu. Une amie a repris l’auberge de ses parents. Une autre vient d’inaugurer une ferme florale. Gabrielle trouve tout de même l’offre touristique de son coin de pays encore «un peu timide». Elle affiche quant à elle sans gêne sa fierté de participer à l’effervescence actuelle. «J’ai l’impression d’être dans un petit terreau fertile où il va se passer quelque chose. […] Il faut choisir de prendre les choses en main. Si ce n’est pas notre génération qui le fait, on ne peut pas avoir d’attentes pour les autres.»

Infos pratiques

  • Le restaurant peut accueillir 25 convives à la fois.
  • L’horaire varie selon les saisons. Jusqu’au 22 décembre 2024, les brunchs sont servis les samedis et dimanches entre 9h et 14h et la table d’hôtel, les vendredis entre 17h et 20h. On peut réserver par téléphone (418 722-0049) ou par courriel (info@projetlaruche.com).
  • Un mini-marché des Fêtes est également au programme le 21 décembre.
Visiter le site web

Ce reportage a été réalisé grâce à une invitation de Tourisme Gaspésie, qui n’a eu aucun droit de regard sur ce texte.

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