— À quel point est-ce que les listes peuvent être différentes d’année en année?
On s’attend toujours à quelques changements par année, surtout à cause de la fluctuation des stocks ou d’un manque de données scientifiques. Par exemple, on a eu du turbot (flétan du Groenland) en grande quantité pendant des années. C’était notre poisson blanc beau, bon, pas cher. Toutefois, il y a deux ans, du jour au lendemain, il a complètement disparu. Les pêcheurs allaient en mer et n’en trouvaient plus. On l’a donc retiré de la liste.
— Est-ce possible pour vous de prédire les tendances futures, à court ou moyen terme, par exemple?
Il n’y a aucun moyen de prédire! Il y a certes des tendances qu’on voit venir puisqu’on lit systématiquement tous les rapports d’évaluation de biomasse qui sortent annuellement. On est très à l’affût et on a un temps de réaction très court par rapport aux scientifiques ou au gouvernement. Par exemple, on a retiré le maquereau de l’écoguide en 2011-2012. Le gouvernement, quant à lui, a mis un moratoire autour de 2020. On était dix ans d’avance! On a vu la même chose arriver avec la crevette nordique et on sait que ça va arriver avec le crabe des neiges.
— Qu’est-ce que le consommateur peut faire après avoir pris connaissance de l’écoguide Fourchette bleue 2025?
Qu’il l’apporte à son poissonnier et qu’il lui demande d’avoir ces produits-là en stock. Qu’il apprenne à mieux connaître les espèces, leur saisonnalité et comment les apprêter. Qu’il célèbre ce que le fleuve a à nous offrir.
— Quel produit recommander à quelqu’un qui aimerait s’initier au garde-manger du fleuve?
Tous ceux qui n’ont pas encore goûté le sébaste, qu’attendez-vous? Aussi, on devrait voir apparaître du crabe commun du Québec vers la fin de l’été, et c’est extrêmement bon! Finalement, en attendant que la crevette nordique revienne, remplacez-la dans vos recettes par la mactre de Stimpson.