Saveurs et souvenirs à la table de la cheffe Fisun Ercan
Publié le
19 décembre 2024
Texte de
Julie Francœur
«Noël, c’est ce qui me permet d’apprécier l’hiver. J’aime le cocooning de cette période, le fait de décorer un sapin, de mettre de la musique, de boire des chocolats chauds, de rester en pyjama… C’est un moment de réconfort, de relâche, de joie, qui me donne le sentiment que tout va bien aller», confie la cheffe.
Originaire de la ville de Seferihisar, en Turquie, Fisun Ercan se rappelle les festivités du Nouvel An de son enfance. «Il y avait une vingtaine de personnes autour de la table, en plus des voisins. Comme mon père était un grand épicurien, c’est nous qui recevions la famille à la maison. On organisait une grande soirée, où on servait des mezzés et de la dinde farcie au riz, avec des châtaignes, des grains de grenade, des figues, et un mélange d’épices et de noix qui rendaient le tout très aromatique.»
La cheffe, qui ne jure aujourd’hui que par les produits locaux du Québec et l’idée de cuisiner selon les saisons, dépeint une table généreuse, remplie de plats traditionnels, d’agrumes et de noix de toutes sortes. «Là-bas, les festivités coïncident notamment avec la récolte des mandarines et des oranges, comme avec celle des grenades et des coings.»
Un premier Noël au Québec
Fisun Ercan garde un très bon souvenir de son premier Noël au Québec. Alors étudiante internationale, elle s’était liée d’amitié avec une collègue d’université dont la famille avait un chalet vers Saint-Sauveur, dans les Laurentides. Elle avait été invitée à passer les réveillons de Noël et du jour de l’An avec eux.
«C’était la première fois que je vivais le 24 et 25 décembre. On mangeait sans arrêt ! Pour être honnête, je ne me souviens plus très bien de la nourriture servie. Je me souviens cependant d’avoir reconnu la dinde et d’avoir mangé des restants en hot chicken le lendemain, après avoir joué dans la neige. Je n’avais jamais rien vu de tel: de la volaille entre deux morceaux de pain nappés d’une sauce au jus de viande [gravy] avec des petits pois dessus. C’était à la fois bizarre et très réconfortant!»
«J’avais vraiment adoré ce temps des Fêtes. C’était presque magique. Autant je venais à peine d’arriver au Québec, autant je ne m’étais pratiquement pas sentie étrangère.» Un sentiment qui est demeuré le sien depuis, et qui semble avoir contribué à son amour indéfectible pour cette période de l’année.
«Quand ma fille et mon mari m’ont rejointe, j’ai commencé à décorer la maison, à assister aux défilés en famille et à fréquenter les marchés de Noël. Encore aujourd’hui, je visite presque tous les marchés de Noël. Il y a deux ans, je me suis même rendue à celui de Vienne, qui est l’un des plus grands d’Europe.»
Une semaine à manger
Aujourd’hui, sa fille a 32 ans, l’âge que Fisun Ercan avait quand elle est devenue cuisinière. Plus personne dans la famille ne croit au père Noël, mais la cheffe du Bika Ferme & Cuisine continue de faire comme si c’était le cas. «Je considère qu’on peut quand même avoir du fun. Début décembre, je vais chercher un sapin et je redeviens une enfant.»
À sa table, le menu change d’année en année. Si elle reproduit parfois la dinde de son enfance, elle aime bien varier et combiner les protéines, au gré de ses trouvailles au marché.
«Souvent, je vais au marché et je me laisse guider par ce que j’y trouve. Parfois, c’est du poisson, parfois c’est de l’agneau, parfois c’est de la volaille. J’aime beaucoup cuisiner la pintade, le canard ou les deux ensembles. Sinon, il y a toujours beaucoup de légumes et quelques plaisirs coupables, comme le caviar ou le foie gras, que je me permets d’acheter en petite quantité à ce moment-là de l’année seulement.»
Sa fille s’occupe de préparer les desserts, qu’elle réalise à la perfection.
«On passe la semaine à manger, tous les trois. Parfois, des amis qu’on considère comme des membres de la famille nous rejoignent les soirs de réveillon. Cette année, on prévoit être un peu plus nombreux qu’à l’habitude, car on reçoit le frère de mon mari, qui habite aux États-Unis.»