Trois arrêts gourmands autour de Farnham
Publié le
17 juillet 2024
Texte de
Catherine Girouard
Photos de
Catherine Girouard
Arrêt #1: Vignoble de la Bauge – des sangliers au vin nature
Le regard se perd entre les longs rangs de vignes dès qu’on arrive à la Bauge. Femmes et hommes tirés à quatre épingles sont rassemblés sous un grand chapiteau blanc. Le lieu est très convoité pour les mariages. Sur la terrasse couverte de la boutique, quelques visiteurs ont choisi un vin au verre ou à la bouteille, ou amusent leurs papilles avec la dégustation de cinq vins nature.
Le conseiller en vin Xavier Gagnon me recommande un verre de rosé de la gamme Les Beaux Jus. «C’est une cuvée 2022, une saison fraîche et pluvieuse qui nous a donné des vins tendus et vifs, explique-t-il avec passion. Ici, on construit des vins autour de l’acidité propre au Québec, on ne cherche pas à la camoufler.»
Le très loquace conseiller est aussi un de ceux qui anime les visites guidées du vignoble durant lesquelles on découvre la vision et l’histoire peu banale de la Bauge, dont la famille fondatrice faisait au départ l’élevage de vaches laitières… et de sangliers. Elle se tourne vers le vin en 1986, mais c’est dix ans plus tard, quand Simon Naud prend la relève de ses parents, qu’un virage s’opère.
Reconnu comme un agent de changement dans le monde des vins du Québec, Simon Naud a contribué à la recherche de cépages et de méthodes adaptés au climat nordique. Il est un de ceux à qui on doit la Route des vins de Brome-Missisquoi. Depuis 2016, il produit que des vins nature et biologiques et il démarre la gamme de vins Les beaux jus avec le sommelier Steve Beauséjour en 2019.
«Les vins québécois goûtent comme nulle part ailleurs: ils goûtent le Québec», dit Xavier Gagnon pour expliquer leur unicité à ceux qui leur préfère les vins européens. Et selon moi, ce sont les meilleurs vins du monde.»
La Bauge a aussi adopté depuis deux ans des pratiques d’agriculture de régénération. Après la dégustation, on s’amuse à repérer les moutons, canards et lamas qui vivent entre les vignes, prenant naturellement soin d’elles en broutant et en mangeant les insectes nuisibles. Une sorte de retour aux sources sur ces terres où vivaient au départ d’autres troupeaux.
155, avenue des Érables, Brigham
Arrêt #2: Équinoxe, ferme cidricole – de la terre au verre… et à l’assiette
À peine 5 kilomètres de route de campagnes plus loin, on aperçoit l’immense pomme rouge qui annonce la ferme cidricole Équinoxe. Du haut de ses deux ans, la petite Flora se promène entre les tables, suivie par deux poules brunes, sur la grande terrasse. Une terrasse comme on en voit peu, donnant sur les champs et le verger, bordé par un petit étang. Un parc a été aménagé pour les enfants un peu plus loin. Parce que la fillette n’est jamais bien loin de ses parents sur la ferme, le jeune couple de propriétaires tenaient à créer un lieu convivial et familial, où enfants et animaux sont toujours les bienvenues.
Si Audrey-Anne Lussier et Marc-Antoine Arsenault-Chiasson ont débuté leur aventure il n’y a que quatre ans avec l’autocueillette de pommes et la confection de cidres, ils produisent aujourd’hui sur leur terre de 19 hectares des arbres fruitiers diversifiés, des cidres nature et des spiritueux fermiers, et cultivent des légumes et élèvent poulets et veaux qu’on retrouve au menu de leur tout nouveau pub champêtre.
La formule semble fonctionner. Ouvert que depuis le 14 juin, le couple voit déjà des clients revenir à leur pub champêtre plus d’une fois s’attabler à une table à pique-nique ou autour d’un pit à feu.
Fromage en grains pané de la fromagerie Missiska, accompagné d’une sauce barbecue maison au brandy de la ferme, mini burger de veau de la ferme servi sur pain brioché maison, pilon de poulet de la ferme avec sauce barbecue maison… bonne bouffe du terroir côtoie sur le menu les cidres de la ferme et des cocktails maison concoctés à partir de leurs spiritueux Solstice. Et tout est nature et bio.
Parce qu’un projet n’attend pas l’autre chez Équinoxe, un hectare de vignes a été planté cette année. On devrait pouvoir goûter à leurs premières bouteilles en 2026.
2015, route 104, Farnham
Arrêt #3: Farnham Ale & Lager – entre bière et fromage
À l’heure du 5 à 7, on quitte la campagne pour se rapprocher du petit centre-ville de Farnham. La terrasse de la microbrasserie Farnham Ale & Lager se remplit lentement mais sûrement. À travers de grandes fenêtres, on aperçoit d’immenses et impeccables cuves de brassage. Ouvert depuis bientôt 11 ans, nombreux sont les farnhamiens et les passants à avoir adopté l’établissement.
Son propriétaire Hugues Ouellette est un des très rares microbrasseurs à porter aussi le chapeau de fromager, confectionnant ses fromages à la Fromagerie des Cantons depuis 19 ans. Sa fromagerie et sa microbrasserie sont bonnes voisines sur la rue de Normandie.
«Quand on a ouvert il y a 11 ans, on faisait partie des précurseurs de la microbrasserie au Québec», se souvient l’entrepreneur qui a vu la scène brassicole se transformer énormément durant cette décennie. «La compétition est beaucoup plus féroces aujourd’hui et le marché est un peu saturé, même si l’intérêt des Québécois pour les bières d’ici ne démord pas.»
Dans les locaux impeccables de sa microbrasserie, Hugues produit environ 10 000 litres de bière par semaine. Hugues travaille entre autres à partir de céréales d’un producteur de la région et s’amuse à concevoir quelques produits saisonniers avec des produits locaux, comme une bière au sirop d’érable produit tout près.
Toutes les bières qu’on peut goûter dans sa microbrasserie sont aussi vendues dans plusieurs points de vente. On part avec quelques canettes choisies qui prennent place entre la bouteille de vin et celle de cidre qu’on n’a pu s’empêcher de ramener de nos arrêts précédents. On reprend la route de la maison en se promettant de faire découvrir nos trouvailles aux amis – et de revenir avec eux jusqu’ici.
401, rue de Normandie, Farnham