Nous sommes six autour d’une table en acier inoxydable. Tous les autres sont des habitués. Ils ont donc déjà commencé le travail. À Moisson Montréal, 46% des heures de bénévolat sont offertes par des bénévoles qui, comme eux, viennent régulièrement sur place. Deux personnes ouvrent des caisses remplies de paquets pêle-mêle de viande congelée provenant des donateurs. Elles les divisent grossièrement devant nous. Les quatre autres doivent remplir des caisses selon le type de viande. Une personne s’occupe du porc,qui doit être complètement séparé des autres viandes puisque plusieurs cultures en interdisent la consommation. Une autre s’occupe de la volaille. Une troisième doit emballer le poisson et les fruits de mer. Je suis chargé de la viande rouge, qui inclut le bœuf, l’agneau, le veau et le cheval. Une fois les caisses remplies, nous les empilons sur des palettes qui partiront vers les organismes.
La musique est forte dans cette chambre réfrigérée. Je comprends rapidement que la playlist a été sélectionnée pour plaire aux bénévoles de tous les âges. On se croirait dans un mariage en 2012. Single Ladies, I Will Survive, pas le temps de niaiser. Je remplis les boîtes sans vraiment avoir le luxe de discuter avec mes collègues. D’ailleurs, tout le monde est concentré sur sa tâche.
À 10h, nous avons droit à une pause de 15 minutes, durant laquelle on nous fournit le déjeuner. J’engouffre mon deuxième repas de la journée sans en laisser une miette. Je pense que j’ai dépensé plus d’énergie en une heure que dans le reste de ma semaine de travailleur autonome en pandémie. Le café filtre me réchauffe les mains. J’ai quand même manipulé des blocs de glace pendant une heure…
À 10h15, nous recommençons, chacun à notre poste, et nous retrouvons rapidement notre rythme de croisière.