Le grincement de dents d’Hélène Laurendeau: Oui c'est possible de cuisiner pas compliqué! - Caribou

Le grincement de dents d’Hélène Laurendeau: Oui c’est possible de cuisiner pas compliqué!

Publié le

13 septembre 2018

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Depuis plus de 30 ans, la nutritionniste Hélène Laurendeau parle avec passion et conviction de l’alimentation et des multiples plaisirs qui en découlent. Collaboratrice à de nombreuses émissions de radio et télévision, conférencière et auteure du livre Je cuisine avec toi, cette passionnée des saveurs d’ici et d’ailleurs considère que cuisiner pour bien manger est tout sauf compliqué. Or, quand l’industrie agroalimentaire clame le contraire, elle grince des dents. Un texte de Julie Aubé Photo d'Hélène Laurendeau par Sophie Carrière Les stratégies «anti-cuisine» de l’industrie agroalimentaire vous dérangent. Pourquoi? Ce qui m’agace, ce sont les messages répétés de certains fabricants alimentaires martelant que cuisiner, c’est long, pénible et compliqué. À les entendre, aussi bien rendre les armes tout de suite – puisque c’est un combat perdu d’avance. Dans leurs campagnes publicitaires, il n’est pas rare que certaines entreprises insinuent, tantôt subtilement, tantôt grossièrement, que la population n’a plus le temps de cuisiner. Pourquoi se casser la tête à consacrer du temps à une tâche ardue, longue, pénible, salissante alors qu’un tas de «solutions» – la plupart, des aliments ultra-transformés trop sucrés, trop gras ou trop salés – est à notre disposition? Aussi bien laisser tomber tout de suite! Ce discours me fâche. Prenons l’exemple d’une marque de frites congelées qui montre que peler des pommes de terre, c’est vraiment une grosse corvée… Ou celui des services de commande en ligne de repas. Jouissant d’une grande portée au Canada, ils présentent la cuisine comme une affaire d’élite! Les gens «ordinaires» devraient, quant à eux, se contenter de commander des plats déjà préparés par l’intermédiaire de leur site. Ou simplement se réchauffer au micro-ondes un plat prêt-à-manger comme ceux de cette entreprise américaine qui martèle comme message: «How much work do you want to do after work?». Ou pire encore, avaler un supplément de vitamines plutôt que de faire l’effort de se couper des fruits. C’est tout l’inverse qu’on devrait faire: pourquoi cuisiner des vrais aliments variés ne serait-il pas un moment de plaisir, plutôt que renforcer l’idée qu’il s’agit d’un fardeau? Bon, certains soirs, peut-être! Et encore. Que représente le fait de cuisiner pour vous? Comme nutritionniste et aussi comme maman, je travaille très fort pour démontrer aux gens qu’une cuisine saine et savoureuse n’a vraiment pas besoin d’être compliquée. Des idées de repas maison, simples, bonnes et prêtes en moins de 15 minutes, il en existe plein! Qu’on pense à une omelette au fromage, à des pâtes au pesto, à un sauté de légumes express, une soupe ou salade-repas avec une boîte de légumineuses, etc. Ce ne sont pas les options qui manquent pour bien manger sans que ça prenne des heures à préparer. Pas besoin de se compliquer la vie en exécutant des recettes complexes à base d’ingrédients obscurs. Un soupçon de planification, c’est tout ce qu’il faut pour rendre la cuisine efficace et agréable!
Cuisiner pour moi, c’est synonyme de plaisir, plaisirS même! Le plaisir des saveurs, de la (re)découverte, du partage, de faire plaisir aux autres, du savoir-faire qui s’acquiert petit à petit et celui de le transmettre, de l’autonomie, des souvenirs aussi… Bref, cuisiner, pour moi, c’est tout sauf une corvée. Et c’est ce que je souhaite transmettre.
Quel changement doit survenir pour qu’on accorde le temps qu’il faut à cuisiner des repas? L’industrie agroalimentaire proclame que personne n’a le temps de cuisiner. Or, comme l’anthropologue Jean-Claude Moubarac, professeur au Département de nutrition de l’Université de Montréal, le dit: personne n’a ou ne «possède» le temps. On doit plutôt choisir de «prendre» le temps pour faire quelque chose, dont cuisiner, un acte essentiel. J’adhère entièrement à cette vision. Je pense qu’on doit individuellement et collectivement choisir d’accorder le temps nécessaire dans nos vies à cuisiner des repas et à les savourer avec des gens qu’on aime. Pourquoi ne martèle-t-on pas que ces «tâches» peuvent aussi devenir des moments de plaisir, voire de bonheur? Remettre l’alimentation au cœur des valeurs, y accorder l’importance qu’elle mérite et y faire de la place dans notre horaire, voilà le véritable changement qui doit survenir. Pas laisser l’industrie le faire à notre place avec des solutions qui laissent vraiment à désirer.
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