Une partie de notre travail devient donc de déconstruire les attentes des clients, et de participer ainsi à une certaine forme de sensibilisation agroalimentaire. Ça nous prend du temps, mais ça fait partie de notre mission, et on ne peut que saluer l’ouverture d’esprit des gens qui comprennent nos explications et qui deviennent ainsi des alliés dans un système d’approvisionnement qui mise sur la proximité.
— Puisque la saison du barbecue est loin d’être terminée, que pourrait-on demander comme coupe pour changer de la bavette?
Je réalise que les gens demandent la bavette car c’est ce qu’ils connaissent, mais ils sont très réceptifs à être dirigés vers une autre coupe à griller, et ce ne sont pas les idées qui manquent! On peut penser à l’aiguillette baronne, au persillé ou encore à l’entrecôte paysanne par exemple. Mais il demeure que la meilleure chose, selon nous, c’est de ne pas arriver avec une idée précise de la coupe avec laquelle on repartira, et de se laisser plutôt inspirer par la suggestion du boucher. Par exemple, si vous souhaitez faire un barbecue, demandez «qu’est-ce que vous avez à me suggérer comme viande à griller?» ou l’hiver «qu’est-ce que vous avez d’intéressant comme viande à braiser, ou à mijoter?». Un peu comme au kiosque d’un maraîcher: quand toutes les laitues romaines sont vendues, on va prendre une laitue frisée ou du mesclun. Nous sommes choyés d’avoir des clients qui apprécient notre démarche qui vise à raccourcir la chaîne d’approvisionnement et à soutenir l’agriculture familiale d’ici. Reste à développer la souplesse d’adapter ses repas à ce qu’il y a à offrir, à la boucherie comme ailleurs!