Le climat est l’ensemble des circonstances météorologiques définissant une région. Au Québec, chacune de nos sept régions viticoles possède son propre microclimat, ainsi que des facteurs climatiques qu’il faut prendre en compte (précipitations moyennes, nombre de jours sans gel, degrés jour de croissance: mesure utilisée pour calculer l'accumulation de chaleur nécessaire au développement de la vigne). Ce sont ces facteurs que les vignerons étudient attentivement lorsqu’ils choisissent leur terre afin d’y planter leurs vignes.
Le cycle végétatif de la vigne (période pendant laquelle la vigne se réveille de l’hiver et produit son fruit) s’étend d'avril à octobre. Lors de ces sept mois, la vigne est exposée à différents risques.
Les deux principaux risques sont les gels hâtifs (à l’automne) et les gels tardifs (au printemps). Ils sont les ennemis des vignerons. Si un cep de vigne y est exposé, il risque d’éclater et d’être ensuite plus propice aux maladies. Ou pire encore, le bourgeon qui donne le fruit peut tout simplement brûler et mourir, ce qui empêchera la vigne de produire du raisin, et donc, c’est toute une récolte qui en sera menacée.
Pour combattre les différents types de gel et les aléas de dame Nature, les vignerons doivent être attentifs, inventifs et créatifs. Lors des nuits froides, ils ont recours à l’utilisation de feux dans les vignes à l’aube, ou encore aux tours à vent (éolienne servant à rapporter la chaleur présente dans l’air supérieur dans les rangs de vignes). Ces deux techniques ont pour but de gagner quelques degrés et de limiter les dégâts.
La question de l’hiver
Et parce qu’il y a aussi l’hiver, nous pouvons en avoir des très froids et très rudes, où les températures peuvent descendre jusqu'à - 30 degrés Celsius. Pour préparer la vigne à cette saison, différentes techniques sont utilisées comme le buttage (on recouvre le cep de vigne de terre), ou l’installation de toiles hivernales pour protéger les vignes. Pour citer un vigneron qui résume bien notre hiver, Matthieu Beauchemin du Domaine du Nival en Montérégie, «l’hiver est un ennemi et, en même temps, un allié. C’est l’élément central du vignoble québécois, celui qui lui donne toute son unicité. C’est pourquoi il faut apprendre à travailler avec lui.»
Au Québec, les vignerons ont le choix de travailler avec deux types de vignes, certains mieux adaptés à notre climat: les hybrides (comme le vidal, le frontenac blanc, la marquette, etc.) qui sont plus rustiques et résistent mieux à l’hiver, et les vitis viniferas (comme le chardonnay, le pinot noir ou encore le gamay). En fonction du type des vins que les vignerons souhaitent élaborer, ils déterminent les cépages avec lesquels ils désirent travailler. Certains font le choix d’utiliser uniquement l'un ou l'autre, ou bien de combiner les deux. Une question de goût et de personnalité.
Lorsqu’on parle du climat, il faut comprendre qu’il a un impact direct sur le millésime. Une année où le cycle végétatif démarre tardivement, avec une température et ensoleillement plus bas, le raisin aura des difficultés à arriver à maturité, il sera moins gorgé de sucre et donc l’acidité sera plus élevée, comme en 2019 par exemple.
À l’inverse, en 2021, le cycle végétatif a commencé plus tôt, plusieurs de nos vignerons ont évité les gels, la vigne a bénéficié d’un bel ensoleillement et d’une belle température, le raisin est arrivé à pleine maturité, et on parle aujourd'hui d’un des plus beaux millésimes au Québec.
Le dérèglement climatique est cependant profitable à la vigne et au vignoble québécois. Il y a encore quelques années, les vendanges se faisaient en octobre voire en novembre (la récolte était alors plus exposée aux risques de gels hâtifs). Aujourd’hui, le raisin arrive à maturité plus tôt et les vendanges sont donc devancées.
Nous pouvons dire que le climat du Québec est très distinct: il définit nos vins et leur identité en nous différenciant des autres régions du monde!