John Badger, un amoureux fou des vaches Highland
Publié le
18 août 2020
Si vous passez sur le chemin Bailey à Bolton-Ouest dans les Cantons-de-l’Est, vous apercevrez les vaches Highland de John Badger au pâturage. Son troupeau de plus de 200 têtes est élevé avec amour, au grand air 365 jours par année. Ses vaches sont zen, bien traitées et ne prennent aucun antibiotique et c’est fréquent d’apercevoir les mères avec leurs petits dans les champs, car elles les allaitent pendant au moins six mois. Découvrez ce producteur pour qui l’achat local prend tout son sens.
Texte de Nathalie Rivard
Photo de Daphné Caron
John travaille sur la ferme familiale depuis sa tendre enfance. Il a tranquillement fait sa place auprès de son père pour éventuellement reprendre complètement la gestion du troupeau en 2017. Son histoire d’amour avec les vaches Highland ne date pas d’hier, elle remonte à 1982, quand ses parents ont ajouté trois de ces vaches et un taureau à leur troupeau de 40 vaches laitières, afin de diversifier leur offre. Il a vite vu le potentiel de cette race et l’avantage de ne pas avoir à se lever aux aurores pour la traite. C’est que contrairement aux vaches laitières, les Highlands sont élevées pour leur chair et non leur lait. Sa condition pour reprendre la ferme? Se concentrer uniquement sur l’élevage des vaches Highland.
Cet amoureux fou des vaches voue un immense respect à «ses filles». Il honore leur travail tout au long de leur vie, même en fin de vie. D’ailleurs, il en a fallu du temps pour qu’il réussisse à accepter de devoir s’en séparer rendues à l’abattoir, même s’il savait qu’elles y étaient pour la noble intention de nourrir les humains. Il a toutefois réussi à être plus en paix, quand on lui a expliqué qu’elles faisaient partie du cycle de la vie. Il s’assure donc de les remercier et de les honorer en ne gaspillant aucune partie. À l’abattoir, il essaie de ne pas les stresser et leur chante même des chansons et des mantras en se remémorant leur vie à la ferme. C’est qu’il s’attache à elles car elles font partie de sa vie pendant près de deux ans pour les mâles, plus quand ils sont reproducteurs et environ quinze ans pour les femelles, jusqu’à ce qu’elles perdent leur fertilité.
Depuis le début de la pandémie, John a vu une augmentation de ses ventes d’environ 25% du jour au lendemain. Entre autres parce que les gens ont commencé à se questionner davantage sur la provenance de leurs aliments. Il était déjà établi sur l’épicerie en ligne Maturin, depuis l’automne dernier, mais il a tout de suite vu une augmentation drastique de ses ventes au début de la COVID-19. Il mise aussi sur d’autres plateformes, quelques points de vente et la possibilité de passer acheter à la ferme, sur rendez-vous.
S’il se fiait uniquement à la demande du marché, il pourrait vendre beaucoup plus, mais ses projections sont établies une année à la fois. Il a d’ailleurs tout vendu ce qu’il avait de surplus dans ses réserves au printemps. Pour amener un bœuf «de la vache à la table», il faut compter près de deux ans. Tout d’abord, 40 semaines de gestation, suivi de six mois où le veau est allaité, puis d’un an pour l’engraisser au grain. Pour le moment, John est à deux têtes par mois. En revanche, cet automne, il offrira aussi quelques vaches nourries à l’herbe, un marché de niche qui prend de l’expansion. Cela lui permettra ainsi d’offrir environ six vaches de plus à ses clients cette année. Y goûter c’est l’adopter, diront les adeptes: le bœuf Highland, étant donné son côté rustique, donne une viande maigre, tendre et persillée qui fait le bonheur des amateurs de bœuf de qualité.
La ferme Badger a le vent «dans les cornes» et espère que l’augmentation des ventes se poursuivra après la pandémie. Avec des consommateurs de plus en plus conscients de ce qu’ils mangent, il a bon espoir. «On mange peut être moins de bœuf qu’avant, mais on recherche vraiment la qualité», dit-il. Pour permettre à plus de personnes de pouvoir manger de son bœuf, il a même ajouté des coupes moins dispendieuses comme les steaks minute. D’ailleurs, même si on lui conseillait d’augmenter ses prix en début de pandémie, il a refusé de profiter de la situation.
Vous avez le goût de passer chercher de la viande à la ferme? Vous pourrez en profiter pour admirer, depuis l’autre côté de la clôture, les vaches très photogéniques de John avec leurs toupets et leurs bouilles sympathiques. Pas question d’aller dans le pâturage toutefois, car ces demoiselles sont très timides. Ce sont peut-être les «filles de John», mais Cadillac et quelques autres taureaux veillent aussi au grain. Quand on se soucie du bien-être animal, on est rassuré de voir que sur la ferme Badger, les Highland mènent une très belle vie.