Mais c’est vraiment en mai 2024, à l’assemblée générale de La Table Ronde (un collectif qui rassemble les entrepreneurs derrière les grands restaurants des différentes régions du Québec) qu’il a dû convaincre les membres de voter pour entériner la venue du Guide Michelin au Québec. Ainsi, La Table Ronde ferait les représentations auprès des instances politiques et touristiques afin qu’elles travaillent et investissent de l’argent en ce sens.
«Quelques semaines après, c’était le gala des Lauriers de la gastronomie, à Montréal, où on a reçu le prix «Restaurant de l’année» et où mon collègue Simon Faucher a reçu le prix «Mixologue de l’année», raconte-t-il. Après, on a été complet tous les soirs, à part trois! Ces reconnaissances ont vraiment eu un bel effet sur les réservations.»
Et la cerise sur le sundae a bien sûr été l’annonce officielle, le 31 août 2024, de la venue du Guide Michelin au Québec.
«Je m’en souviendrai toujours: j’avais des changements prévus au menu et un cuisinier malade ce jour-là. Je n’avais aucune idée que ça allait être annoncé à ce moment-là. J’avais 100 livres de homard à arranger et là, les médias m’appelaient non stop! En 48 heures, j’ai donné une vingtaine d’entrevues, parfois en plein service», se souvient-il en riant.
La nouvelle a rapidement fait le tour du monde. La venue du Guide Michelin a été la nouvelle ayant le plus fait rayonner le Québec cette année dans les médias étrangers. Une belle publicité pour la destination et sa gastronomie, dont la valeur vaut déjà plus que l’investissement fait pour encourager la venue du célèbre guide dans la Belle Province, croit le chef.
C’est d’ailleurs ce que François-Emmanuel souhaitait en entreprenant, un an plus tôt, sa démarche pour faire venir le Guide Michelin chez nous.
«Ce n’est pas un rêve d’ego que de vouloir des étoiles Michelin, assure celui qui a commencé en cuisine à l’âge de 15 ans. Le but, c’est vraiment d’amener un tourisme gourmand au Québec et de faire reconnaître sa gastronomie à sa juste valeur. L’objectif, c’est que cette reconnaissance internationale rayonne sur tout le monde. Un touriste qui va venir manger dans un restaurant étoilé va passer quelques jours dans la ville, il va aller dans d’autres restaurants et ça va avoir un impact sur toute l’économie de la région.»
L’autre but avoué, c’est que cette reconnaissance apportée par le Guide Michelin remplisse les salles et permette au Groupe La Tanière d’investir temps et argent en recherche et développement pour continuer sa mission de mettre de l’avant le patrimoine sauvage québécois.
Car c’est ce qui motive le diplômé de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) en gestion de la restauration, qui a fait ses classes dans de grandes institutions comme l’Arzak, en Espagne, le Quay, en Australie, et le Mirazur, en France. Celui qui a entre autres développé avec ses équipes un chocolat 100% local, dont la recette ne cesse d’évoluer et de s’améliorer, souhaite participer à forger l’identité culinaire québécoise grâce à ses expérimentations.
«Pour moi, c’est entre autres la mise en lumière de la diversité des plantes et des aromates sauvages qui va y contribuer», croit le cueilleur amateur qui trouve son inspiration en forêt, souvent quand il fait du vélo de montagne.