Quelle fut votre réaction lorsque vous avez été nommée récipiendaire du Laurier du Public?
C’était une grande surprise et tout un honneur. Honnêtement, quand mon nom a été dit, j’ai mis du temps à me lever. C’était surréaliste. J’étais honnêtement heureuse et fière d’être juste en nomination, mais de réaliser que les gens ont pris le temps de voter pour moi, c’est tout simplement renversant.
Plus encore: j’avoue ne pas savoir si les gens du milieu de la gastronomie me connaissent, par exemple les restaurateurs. Je ne suis pas chef, je n’ai pas de resto! Et de mon côté, je les admire beaucoup, je vais manger à leur resto. C’était donc un peu intimidant quand même d’être là. Ils font avancer la gastronomie, alors que moi, je ne fais que la vulgariser.
Justement, que ce soit une nutritionniste qui ait remporté le prix du public, qu’est-ce que ça apporte à la profession?
Collectivement, notre mission en tant que nutritionnistes a toujours été de sortir du carcan très restrictif qui a été mis en place il y a quelques années avec la popularité de nombreuses diètes. Il a beaucoup été dit que de bien manger, c’était de manger des choses plates, mais c’est tellement faux. Cela a toujours été ma mission, mon combat de carrière: rappeler aux gens que de manger nutritif ne veut pas dire s’enlever le plaisir de manger, au contraire! De savoir que ça plaît au public, c’est très encourageant.
On comprend mieux, en effet, qu’on peut manger sainement de façon gourmande. Toutefois, quels sont les défis du moment pour les nutritionnistes?
Oui, on est à une époque où il y a des messages variés, de beaux modèles de diversité et beaucoup de positivisme. Cependant, les jeunes se font beaucoup influencer par les réseaux sociaux, où il faut encore et toujours déconnecter l’alimentation et la culpabilité. Il faut normaliser les aliments, tous les aliments.
Il y a plein de choses que j’aime et qui sont associées à la malbouffe. Mes envies de manger de la poutine sont bien présentes, croyez-moi! Je pense qu’il suffit de revoir des recettes afin de fusionner le plaisir de manger avec des aliments nutritifs. Ce n’est pas vrai que le plaisir de manger se résume à manger sucré, salé et gras. C’est aussi de manger des aliments de qualité et de découvrir de nouvelles méthodes de cuisiner.