Avec la rédactrice en chef, Véronique Leduc, nous avons passé des heures à feuilleter des magazines d’ici et d’ailleurs, et nous y avons découvert au fil des pages de la créativité et de la pertinence qui nous ont inspirées pour insuffler un vent de nouveauté à Caribou. La flamme pour notre propre média a été ravivée.
Cette plongée dans les magazines des autres nous a également permis d’aborder l’avenir avec un optimiste renouvelé. Ça a nourri notre envie de nous commettre encore à produire un magazine papier, et ce, pour une 20e fois.
Je dois me confesser: je suis copropriétaire d’un magazine depuis 10 ans, mais j’en lisais de moins en moins. Je ne suis abonnée à aucune publication – trouvez l’erreur! –, je ne vais plus flâner dans les kiosques à journaux pour mettre la main sur un magazine et je n’ajoute plus le Elle Québec à mon panier lorsque j’attends à la caisse de l’épicerie.
J’ai souvent mis la faute de cette situation sur le fait que, comme je travaille dans le domaine, lire un magazine me rappelle trop le travail. Et soyons honnêtes: comme la plupart, je trouve plus facile de «scroller» sur mon téléphone que de lire un magazine.
En parlant du Elle Québec: la semaine dernière, je suis allée avec sept amies dans un chalet et l’une d’elles avait apporté l’édition de la rentrée, avec Janette Bertrand en couverture. Chacune d’entre nous, à un moment du week-end, s’est retrouvée avec l’exemplaire entre les mains pour savoir quels enseignements cette grande dame avait à nous partager à l’aube de ses 100 ans. Aurions-nous eu l’envie de lire cette grande entrevue sur un écran? Je ne crois pas.
Toutes ces observations m’ont amenée à réaliser qu’il bat encore, le cœur de l’intérêt pour le magazine, mais il n’est pas fort. Il est présentement sur le respirateur artificiel et il ne tient qu’à nous de le réanimer et de lui donner la place qu’il mérite.
Vous avez peut-être vu dernièrement aux nouvelles le cri du cœur des magazines culturels pour un meilleur financement. La crise des médias dure depuis des années, et cela tient du tour de force de produire un magazine papier de qualité en 2024. L’argent de la publicité a été dirigé massivement vers les GAFAM de ce monde et les créateurs de contenu.
J’ai pourtant espoir. Alors que mon magazine souffle ses 10 bougies, j’ai espoir que le désir des gens de réduire leur temps d’écran leur fera troquer leur cellulaire pour un magazine papier. J’ai espoir que les gens ont soif de faire taire le bruit ambiant et de prendre le temps de se plonger dans du contenu nourrissant qui fait appel à leur intelligence.