L’endroit où la femme est hôtesse et l’homme, maître d’hôtel. La femme, une vieille waitress et l’homme, un serveur d’expérience. Les exemples de doubles standards sont nombreux.
C’est donc facile de penser que notre place est fragile, de penser qu’on ne peut pas vieillir en restauration et que ce métier-là en est un «en attendant». À cause de l’âge, à cause de la maternité, à cause du préjugé envers notre profession. «Qu’est-ce que tu fais d’autre que ça à côté?»
J’ai ouvert le Bouillon Bilk pour protéger mon emploi. J’avais peur de me faire dire un jour que je n’étais plus adéquate pour le métier. Alors je me suis lancée. C’était il y a 15 ans.
C’est grave, quand on y pense.
Et c’est triste parce qu’une de nos recrues m’a dit ça mot pour mot la semaine passée. Qu’elle ne se voyait pas vieillir en restauration. Tsé «nous les femmes». Signe de tout le travail qu’il nous reste à faire. En plus, je m’efforce d’offrir un cadre qui permet le développement de carrière si envie il y a. Parce que ce n’est pas une fin en soi d’avoir un poste ou une promotion. Le métier de serveuse est complet en lui-même.
Et la conciliation travail-famille dans tout ça?
Moi je fais partie des filles à qui on a dit que j’étais un «gars de la gang». Ben non! Ne pas vouloir avoir d’enfants, être carriériste, aimer l’action et la prise de risque, c’est aussi une manière d’être une femme. Être une madame n’est pas qu’une seule affaire. Y a plein de preuves de ça ici aujourd’hui.
Mais ensemble repensons les horaires et les fonctions, offrons un climat sain, du mentorat, de la formation, notre présence, notre influence, travaillons sur l’adaptabilité du milieu.
On est là pour offrir le meilleur à la relève, dans nos établissements, aussi j’espère dans nos institutions. En étant bruyantes, on fait passer le message que ce métier-là est pour nous aussi.