La valeur des tables fermières a été reconnue au printemps 2025 grâce à plusieurs mentions dans le tout nouveau Guide MICHELIN Québec. Qui plus est, l’Espace Old Mill, une table fermière de Stanbridge East, a reçu l’une des trois Étoiles vertes attribuées par MICHELIN dans la province. Partout au Québec, on témoigne de carnets de réservations qui se remplissent en un clin d’œil. L’appétit des Québécois et Québécoises – ainsi que des touristes – pour les tables fermières est bien là.
Anne-Virginie Schmidt, cofondatrice des Miels d’Anicet, à Ferme-Neuve, dans les Laurentides, en sait quelque chose. «C’est beau un restaurant à la ferme, ça complète tellement bien une offre touristique, dit-elle. À la table, on peut expliquer aux clients où pousse le sarrasin que les abeilles ont butiné et qui est transformé dans la crêpe qui leur est servie. L’histoire qu’on raconte capte leur attention. Les gens veulent en savoir plus sur ce qui se retrouve dans leur assiette.»
Miels d’Anicet, avec sa Cantine Pollens & Nectars, figure parmi les premières entreprises à s’être lancées dans l’aventure de la table fermière au Québec. L’idée de ces pionniers des dernières décennies était d’attirer la clientèle à la ferme tout en mettant en valeur leurs propres produits. Une aventure qui comporte toutefois son lot de défis.
Entre deux mondes: agriculture et restauration
«Notre vocation première, l’été, c’est de faire du miel», souligne Anne-Virginie. La cofondatrice met le doigt sur la tension entre les réalités agricoles et les besoins de la restauration, qui sont bien différents. «On a décidé d’appeler notre établissement une “cantine”, parce qu’on avait une gêne à le nommer “restaurant”. On est des agriculteurs qui ont décidé d’ouvrir un restaurant.»
C’est aussi le cas de Sophie Gagnon, de la ferme Les Jardins de Sophie, à Saint-Fulgence, au Saguenay. Elle constate aussi que beaucoup de chefs, qui ne sont pas issus du milieu agricole, prennent désormais la clé des champs. «Ce n’est pas facile, le monde agricole. Nous, ça fait 24 ans qu’on est producteurs. Notre projet de restauration est arrivé après 15 ans d’expérience de culture de la terre», raconte-t-elle.
Sophie croit par ailleurs que son restaurant, qui accueille désormais des centaines de personnes par semaine sur la terre saguenéenne qu’elle a défrichée avec son conjoint, ouvre de nouveaux possibles. «Ça participe à accroître notre visibilité. Ça augmente l’achalandage à notre comptoir libre-service et le nombre de gens qui viennent nous voir au marché», affirme-t-elle.