De son séjour à l’Université de la Californie à Davis, où elle complète une maîtrise au lendemain du baccalauréat, elle retient les hasards qui la mènent à se spécialiser en analyse sensorielle des aliments. Autre fait marquant: la lecture de l’ouvrage de Harold McGee, On Food and Cooking, un modèle en matière de vulgarisation des connaissances scientifiques sur les aliments. À son retour à Montréal, on recherche un professeur, là où elle a étudié. Elle est embauchée: «J’ai eu à donner le premier cours, de la première année de formation. Dès la première semaine, je leur disais d’emblée: pour faire ce travail, il faut aimer les aliments, les toucher, les humer, aller au restaurant, fréquenter les marchés, connaître ce que mangent les immigrants! Si vous n’avez pas cette passion, comment allez-vous aider quelqu’un qui doit adapter ses repas aux contraintes imposées par sa condition de santé?» Elle les invite à prendre une distance sur ce que l’industrie alimentaire leur a inculqué, conçoit des laboratoires pratiques, convaincue que cuisiner pour soi ne peut qu’avoir un effet positif.
Sa présence auprès de Ricardo pendant 17 saisons permet de diffuser ses connaissances: «J’explique les phénomènes parce qu’une fois que tu as compris, tu ne fais plus la même erreur.»
Depuis un an, ses textes et capsules diffusés sur En cuisine avec Christina Blais, la ramènent au bonheur d’enseigner. Je me rappelle l’avoir découverte en avril 2020 et avoir testé et recommandé sa méthode de planification. Des vidéos simples détaillent les étapes, le langage est précis, jamais réducteur. Les commentaires fusent: «Grâce à vous, j’ai réalisé mes premiers pains au levain», «C’est une réussite!», «Trop beau, on n’ose pas couper!» Elle remercie et répond à mesure aux questions: «Ça prend du temps, mais c’est moins accaparant que l’enseignement universitaire!» ajoute-t-elle. Le plaisir est manifeste.