Marie-Philippe Mercier Lambert aime les saveurs nordiques. Avec son conjoint, Kevin Lavoie, elle commercialise depuis 2021 toutes sortes de produits, dont des baies congelées, sous la marque Racines boréales. Certaines ont le statut de plante indigène, d’autres, de culture en émergence. C’est le cas de la camerise et de l’argousier, deux variétés plus récemment introduites d’Europe et d’Asie au bénéfice des mangeurs d’ici.
«La camerise, c’est le parfait équilibre sucré acidulé. C’est une baie très juteuse, dont on peut tirer un jus qu’on utilise dans les smoothies ou les sauces pour accompagner le gibier. Son goût rappelle un mélange de bleuets-framboises.» Quant à l’argousier, il surprend par son acidité tranchante, à peu près comparable à celle du citron. La baie jaune ou orangée peut donc rehausser les saveurs des cocktails, des vinaigrettes ou des chutneys. Son parfum ensoleillé, quasi tropical, nous fait voyager loin des grands froids québécois.
Parmi les petits fruits indigènes, l’aronia et l’airelle évoquent pour leur part la canneberge. On les trouve abondamment dans la nature, mais les variétés sélectionnées par Racines boréales, Marie-Philippe et Kevin les ont dénichées auprès d’entreprises pionnières: Aronia Superfruits, à Princeville, et Les Airelles des Frères, à Lac-Etchemin. Deux producteurs qui se sont donné pour mission de faire connaître les aliments du terroir nordique.
«L’aronia, c’est un fruit magnifique, extrêmement tonique, qui révèle sa complexité une fois cuisiné, dit Marie-Philippe Mercier Lambert. L’airelle va être un peu moins astringente que la canneberge et plus sucrée aussi. Elle la remplace bien, notamment pour faire des gelées.»
Contrairement aux autres baies, l’amélanche est recueillie à l’état sauvage. Appelée «petite poire» en raison de ses notes délicates et fruitées, elle se prête bien à la confiserie maison. «Mais il faut la trouver avant les oiseaux, qui en sont friands!»
Des ingrédients polyvalents
Sur son site Web, le couple propose différentes façons de les apprêter. Pour l’instant, la clientèle est principalement composée de restaurateurs qui en font de petites merveilles, et de transformateurs qui les ajoutent à leurs bières et spiritueux. Mais leur popularité grandissante auprès des consommateurs est évidente.
«Il y a de plus en plus de gens qui cherchent des produits qu’ils ont vus dans une recette. Quand on voit passer des recettes de Ricardo avec des aliments nordiques et locaux, c’est signe que les Québécois les adoptent, constate la cofondatrice de Racines boréales. Ce que je remarque, c’est que ceux qui connaissaient déjà ces produits sont très contents de disposer d’un endroit où se les procurer. On peut acheter une lime à chaque coin de rue, mais trouver des baies d’argousier, par exemple, c’est vraiment difficile.»