Au cours des dernières années, Jocelyn m’a servi, comme des milliers d’autres, au Pastel Rita, au Paquebot, au Réservoir, au Denise et au Mousso, dans différents coins de Montréal.
Ce ne sont pas les plats délicieux, les vins triés sur le volet ou les chais réconfortants qui faisaient en sorte que je retournais dans les établissements où il travaillait. J’y allais d’abord pour Jocelyn.
Dès que je poussais la porte et qu’il me reconnaissait, son visage s’illuminait d’un sourire sincère. Après le câlin et le bec coutumiers – tout le monde n’y avait pas droit, quand même, mais plusieurs pouvaient en profiter –, le reste était assez simple: passer du bon temps.
Au moment où je remballais mes affaires et payais mon dû, je me sentais plus léger. Mon ami m’avait accueilli et avait réussi à me faire sentir spécial; c’était sa vocation: nous permettre de rentrer à la maison plus heureux.
Au fil des nombreux allers-retours et verres d’eau versés, nous mettions à jour les informations sur nos vies respectives, parlions de nos petits cœurs et commentions la musique, non sans faire retentir plusieurs fois le rire si caractéristique de Jocelyn.