La Tablée au féminin, pour aller plus loin - Caribou

La Tablée au féminin, pour aller plus loin

Publié le

19 mai 2025

Texte de

Catherine Lefebvre

Photo de

The Cocktail Photographer

Dans l’univers de la restauration, l’apport féminin est souvent omis lorsque les établissements reçoivent des éloges. Pourtant, il est bien souvent à la base et la cerise sur le gâteau d’une recette gagnante. Le nouveau collectif La Tablée au féminin souhaite rectifier le tir, sans écarter qui que ce soit du mode de préparation.
Les membres de La Tablée au féminin lors du la réunion à Montréal en mars dernier. Photo de Roxanne Mailloux
Dans l’univers de la restauration, l’apport féminin est souvent omis lorsque les établissements reçoivent des éloges. Pourtant, il est bien souvent à la base et la cerise sur le gâteau d’une recette gagnante. Le nouveau collectif La Tablée au féminin souhaite rectifier le tir, sans écarter qui que ce soit du mode de préparation.
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Nous sommes au printemps 2024, à Québec. La restauratrice Noémie Ducharme (jjacques, Chez Tao et Julio Taqueria) et la sommelière Caroline Beaulieu (Légende) trouvent enfin le temps de prendre un café pour discuter de leur travail respectif et du fait qu’elles se sentent souvent seules dans ce milieu majoritairement masculin. «Noémie est entrepreneuse, alors que je suis employée, note Caroline Beaulieu. On a des réalités différentes, mais on partage aussi plusieurs défis semblables comme femmes dans le milieu.» De là est née La Tablée au féminin, dans le but de créer un réseau de soutien et d’entraide pour les femmes évoluant dans les métiers des arts de la table et de l’hospitalité.

Pour ce faire, elles pensent d’abord à créer des événements pour réunir toutes ces femmes. Elles font donc appel à Émilie Althot-Robitaille, de l’agence EvenTouch, spécialisée en événementiel gastronomique dans la capitale nationale. «Pour elle, c’était le pire moment, confie Caroline Beaulieu. Elle venait d’avoir un enfant. Elle était très occupée, tout comme nous avec nos jobs à temps très, très complet. Mais, elle a quand même embarqué dans le projet, étant donné sa mission.»

Passer à table

Le premier événement a donc lieu à Québec en mai 2024, avec la présence de la sommelière Élyse Lambert. «Elle a toujours été une inspiration pour moi, raconte-t-elle. Il faut dire que je suis arrivée dans une bonne ère. [En 2013,] Véronique Rivest venait de remporter la deuxième place au Concours du meilleur sommelier au monde. C’était plus facile avec elles comme modèles de se projeter dans une carrière en sommellerie en tant que femmes.»

Un deuxième événement a eu lieu à la fin d’octobre dernier, afin d’échanger à propos de défis à la fois communs, mais tout de même tabous dans leur quotidien au travail.

«T’essaies un peu de cacher des parties de ta féminité. Tu ne parles jamais de tes douleurs menstruelles, tu t’habilles de façon plus masculine…»
Caroline Beaulieu
La sommelière Caroline Beaulieu de La Tablée au féminin. la tablée au féminin

Une fois dans un lieu sécurisant, comme les soirées du collectif, elle constate un sentiment partagé: elles ne sont pas seules.

Lors de cette soirée, c’est la sommelière et restauratrice Marie-Josée Beaudoin (Sabayon) qui se joint à la partie. Elle adore tellement l’idée, l’entraide et les ambitions du collectif qu’elle décide de se joindre à l’équipe d’organisatrices de La Tablée au féminin.

C’est aussi elle qui insiste pour planifier une première soirée montréalaise, en mars dernier, à l’hôtel Le Germain. Dans la salle remplie d’environ 70 femmes, nous avons droit à d’inspirants témoignages des restauratrices Anne-Virginie Schmidt (Miels d’Anicet, Pollens & Nectars), Dyan Solomon (Olive et Gourmando) et Mélanie Blanchette (Bouillon Bilk, Cadet, Place Carmin, Oncle Lee).

Cette dernière croit que la présence des femmes en restauration est directement liée à sa pérennité, mais que les exemples de doubles standards demeurent nombreux. «Force est d’admettre que cette industrie-là nous a challengées dans le passé et nous challenge encore de plusieurs façons, a-t-elle témoigné pendant la soirée. [Elle] nous a fait porter des talons hauts pour marcher des kilomètres dans une salle à manger. [La restauration est] l’endroit où la femme est hôtesse et l’homme, maître d’hôtel; la femme, une vieille waitress, et l’homme, un serveur d’expérience. C’est donc facile de penser que notre place est fragile, qu’on ne peut pas vieillir en restauration et que ce métier-là en est un “en attendant”.»

Prochains services

C’est donc dans l’idée de briser ces stéréotypes et de nous élever, ensemble, que le collectif conçoit la suite de ses événements et de son avenir. «On veut développer le volet Apprentissage pour offrir des formations en finances, par exemple, précise Caroline Beaulieu. On aimerait aussi monter un programme de bourse pour soutenir les femmes dans leurs projets et passer plus de temps dans les écoles hôtelières pour montrer le beau du métier en tant que femmes. À plus court terme, on veut créer une liste de femmes dans l’industrie pour aider les médias à diversifier les intervenants à parler de cuisine à la télé ou à la radio.»

Dans un esprit collaboratif et positif, La Tablée au féminin souhaite présenter un ou deux événements par année à Montréal et à Québec pour commencer et, potentiellement, élargir son réseau partout dans la province.

Pour suivre La Tablée au féminin sur Instagram: @tableeaufeminin

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