Réfléchir aux changements climatiques - Caribou

Réfléchir aux changements climatiques

Publié le

12 mars 2024

Texte de

Sébastien Daoust

Le 23 janvier 2024. En 2019, j’étais invité au symposium international Goûter aux changements climatiques (Tasting Climate Change). Nous en avions parlé au Conseil des vins du Québec, et puisque j’habite Montréal, je me suis dit que j’irais y faire un tour. J’avoue d’emblée que j’y allais sans attente particulière, sauf pour une chose: on allait me donner la leçon. Comme vigneron, je serais au cœur du problème, et il fallait tout changer, rien ne fonctionnait. Et je repartirais triste et penaud d’être au cœur des malheurs de l’humanité.
Le 23 janvier 2024. En 2019, j’étais invité au symposium international Goûter aux changements climatiques (Tasting Climate Change). Nous en avions parlé au Conseil des vins du Québec, et puisque j’habite Montréal, je me suis dit que j’irais y faire un tour. J’avoue d’emblée que j’y allais sans attente particulière, sauf pour une chose: on allait me donner la leçon. Comme vigneron, je serais au cœur du problème, et il fallait tout changer, rien ne fonctionnait. Et je repartirais triste et penaud d’être au cœur des malheurs de l’humanité.
publicité
Plus grand que la panse

Rien ne fut plus faux.

En réalité, chaque conférence y était pertinente. Que ce soit un chercheur suisse qui venait nous apprendre sur la résistance de certains hybrides face aux changements climatiques, en passant par les débats suscités par Miguel A. Torres, président de la grande maison viniviticole Familia Torres,  sur l’impact mi-figue, mi-raisin de l’agriculture bio dans ses vignes, les débats étaient nombreux, et les discussions, fort stimulantes. J’étais impressionné par ce que Michelle Bouffard et ses collègues avaient pu organiser. Michelle est une femme de multiples talents, mais nous la connaissons plus spécifiquement comme sommelière, chroniqueuse et autrice.

Pandémie oblige, l’événement n’a repris sa version «physique» que cette année, les 22 et 23 janvier dernier. Il est revenu en grande, avec une programmation encore plus étoffée, au Marché Bonsecours dans le Vieux-Montréal. Mais j’ai adoré tous les aspects de cet événement. Entendons-nous: je n’y étais que comme simple vigneron, et non pas comme un invité de marque, conférencier ou ambassadeur!

Tout d’abord, mes collègues vignerons québécois y étaient en plus grand nombre. En 2019, nous étions 3. Ce coup-ci, une bonne douzaine de vignerons étaient assis à ma table, et certains autres étaient du côté des invités distingués. Revoir les collègues au beau milieu de l’hiver faisait du bien.

J’ai apprécié les conférences aussi. Plusieurs ont suscité de belles discussions à notre table de vignerons. Par ailleurs, les expériences de Matthieu Beauchemin, du Domaine du Nival au Québec, et d’Olivier Sébé, du domaine La Clausade, près de Montpellier, étaient informatives et sympathiques. Commenté par un chercheur de Lallemand Œnologie, la présentation montrait toute la dynamique dans ce domaine. J’ajouterais que les questions que certains vignerons se posent sur le bio ne sont pas complètement dénuées de sens. L’importance de la recherche et développement dans ce domaine montre que tout n’est pas noir ou blanc (ou ni pourriture blanche, ni pourriture noire — blague viticole de mauvais goût).

Mais, deux autres éléments m’ont encore plus touché.

Tout d’abord, la dégustation sur l’heure du midi. Plusieurs régions viticoles y ont présenté leurs produits, mais il y avait une table pour les vins du Québec, notamment pour les bulles. J’ai eu l’immense plaisir de présenter mes vins, mais aussi les bulles de l’Orpailleur, du Vignoble Ste-Pétronille, et du Domaine Bergeville. Devant de si belles bulles, je présentais mes propres vins avec une grande dose d’humilité. Mais les invités, qui venaient de partout dans le monde, des vignerons/viticulteurs, des chercheurs, des conférenciers, étaient tous très curieux de voir ce qui se faisait ici. C’était vrai aussi lors de l’événement de 2019.

Parler avec tout ce monde m’a convaincu que la reconnaissance des vins québécois par le consommateur québécois passait probablement par une reconnaissance internationale.

À la fin, par contre, le meilleur de tout cet événement, c’était de rencontrer les gens qui ont aidé Michelle Bouffard à réaliser tout ça. Bénévoles ou autres, j’en connaissais plusieurs personnellement. Passionnés de vins québécois – ce qui pourtant n’est pas la pierre angulaire de l’événement -, ils ont aidé à faire de cette conférence quelque chose de vivant et amical. J’ai eu beaucoup de plaisir à renouer avec eux, et je pense que ça montre toute l’importance que Michelle Bouffard accorde au côté humain de l’événement.

J’ai regretté ne pas pouvoir assister à la deuxième journée, mais ce ne sera que partie remise. En ces journées froides de janvier, ce genre de journée m’a fait chaud au cœur.

Ce sujet vous intéresse?

Lisez notre entrevue avec Michelle Bouffard dans le numéro Climat sur les conséquences des changements climatiques sur le monde du vin ici et ailleurs.

Je veux recevoir le numéro Climat!
publicité

Journal d'un vigneron

Tous les articles

Plus de contenu pour vous nourrir