Certains m’accuseront d’un dogmatisme terminologique, que dans le vernaculaire québécois, vigneron peut vouloir dire bien des choses. Mais je ne me détache pas de cette idée que, comme bien des choses dans ma vie, j’ai appris énormément à faire ce travail, et que maintenant, je m’attarde à autres choses. Et ce «autre chose» n’est pas encore 100% clair dans ma tête, que ce soit au vignoble ou au-delà. Être sur la route pour parler des vins des Bacchantes, je m’y plais. J’aime aussi en apprendre sur mes clients – les distributeurs de mes vins. Je suis curieux d’en apprendre plus sur eux, sur leur réalité d’entrepreneur. Et je veux aussi en apprendre sur mes autres collègues (réellement) vignerons. Je ne passe pas tant mon temps à leur parler de cépages et de lutte phytosanitaire, mais plutôt de la façon qu’ils ont de vivre leur vie d’entrepreneur. J’ai l’impression, très personnelle, qu’il y un gros malaise entrepreneurial au Québec. Particulièrement en agriculture. Certains m’accuseront de mettre une pointe de politique dans tout ça. J’assume pleinement.
Est-ce que ça veut dire que mon vignoble n’a plus de vigneron? Pas du tout. Voilà quelques semaines, la sommelière Véronique Rivest nous a fait le cadeau de parler de notre vin R1 dans La Presse. Elle disait ceci:
Établi depuis 2013 à Hemmingford, dans le sud de la Montérégie, le domaine Les Bacchantes s’est discrètement hissé parmi les meilleurs au Québec. Sans tambour ni trompette, mais avec beaucoup d’observation, de réflexion et de gros bon sens, l’équipe y produit des vins droits, authentiques et honnêtes, tout à fait à l’image de leur terroir.
C’est ma mère qui m’a envoyé par SMS cet article. J’étais très fier de ce qui était dit. Je ne pensais pas qu’une si grande sommelière et chroniqueuse dirait ça de mon vignoble un jour. Nous sommes beaucoup plus loin que je ne l’aurais jamais imaginé. Et je pense que mon père serait content.