V pour Vitis viniferas

Chardonnay, pinot noir, riesling, cabernet franc, gamay, pinot gris, gewurztraminer: tous des cépages qui appartiennent à la grande famille des vitis viniferas. Pour de nombreux amateurs et consommateurs de vin dégustant des cuvées issues de ces cépages, ce terme leur est inconnu. Alors avant tout, voici un peu d’histoire: les vitis viniferas sont des espèces de vignes européennes dont plusieurs cépages sont qualifiés de «nobles». Ce sont les cépages les plus cultivés à travers le monde et sont particulièrement appréciés leur richesse en arômes et en tanins, pour leur structure et pour leur capacité à produire des vins de qualité.

Au Québec, les vitis viniferas représentent 20% de l’encépagement total du vignoble québécois et continuent de gagner du terrain. Parmi ceux que l’on retrouve ici, le chardonnay, le pinot noir, le pinot gris et le riesling sont les plus plantés. Comme on le sait, notre climat nordique, combiné au réchauffement climatique, représente un défi majeur pour la viticulture au Québec. Avec des hivers parfois très rigoureux, des printemps plus précoces et plus chauds entraînant des risques plus élevés de gel printanier, des épisodes de sécheresses estivales ou encore de fortes précipitations qui augmentent les risques de maladies fongiques comme le mildiou et l’oïdium, les vignerons doivent porter une attention particulière pour protéger leurs vignes.

Bien que les vitis viniferas soient réputées pour la qualité de leurs raisins, ces cépages sont très sensibles à notre climat et aux maladies puisqu’ils ne sont pas reconnus pour leur rusticité. On a d’ailleurs longtemps cru qu’il était difficile, voire impossible, de les amener à maturité chez nous ou qu’ils puissent survivre à nos hivers. Mais, bien qu’ils demeurent encore un risque pour les vignerons qui choisissent de les planter, plusieurs techniques ont été développées pour protéger ces fragiles vignes des gels hivernaux ou printaniers, comme le buttage, les toiles géotextiles, le choix d’un emplacement adéquat pour les vignes (coteaux bien drainés et plus exposés au sud), les feux ou encore les tours à vent. [Pour plus d’information sur le Gel, rendez-vous juste ici à la lettre G de notre abécédaire.]

Pour lutter contre les maladies fongiques, les vignerons peuvent opter pour des traitements phytosanitaires naturels ou chimiques (ce qui augmente cependant les coûts et l’entretien), choisir un emplacement qui favorise une meilleure ventilation et optimise l’exposition au soleil, adapter la taille de leurs vignes afin de maximiser l’aération des grappes, améliorer l’irrigation des sols pour limiter l’excès d’eau autour des pieds de vigne. Bref, vous l’aurez compris, ces cépages requièrent pas mal plus de petits soins que les hybrides!

Au fil des années, en repensant leur approche et en adaptant leurs méthodes, les vignerons québécois ont réussi à élaborer des vins de grande qualité à partir de ces cépages. Avec une approche plus naturelle pour plusieurs, ils cherchent à composer avec le climat plutôt que de le contrer, et ça se goûte dans leurs cuvées! Ces vins expriment magnifiquement bien notre terroir et notre identité viticole.