On ne fait pas de bons vins rouges au Québec.
«Si vous dites ça, c’est que vous n’avez probablement pas goûté un vin rouge québécois depuis au moins 10 ans», assure Nicolas Pomerleau, du vignoble Coteau St-Paul. Avec les années, les vignerons d’ici ont développé leur savoir-faire et parfait leurs connaissances. On offre aujourd’hui des vins rouges pour tous les goûts.
Dans des dégustations à l’aveugle réalisées avec des professionnels de la sommellerie, les sceptiques sont maintenant confondus. On découvre des assemblages intéressants qui donnent de la personnalité aux vins et on apprend à travailler avec certains cépages, comme le marquette, qui possède un très grand potentiel organoleptique.
«Au Québec, on fait des vins rouges fruités, délicats, qui représentent notre climat. Il faut juste savoir les boire au bon moment», affirme Nicolas Baron, du Domaine du Cap. Laure de Coussergues, du Vignoble de l’Orpailleur, renchérit: «On fait d’excellents vins rouges, qui sont gourmands, sur le fruit, généreux.»
«Il ne faut pas penser qu’un vin rouge québécois va goûter un malbec ultra macéré avec beaucoup de fût», souligne pour sa part Michael Marler, du vignoble Les Pervenches.
Toujours pas convaincu? Regardons du côté de la Bourgogne, reconnue comme une des plus grandes régions viticoles du monde. Ses pinots noirs légers en alcool et démontrant une belle acidité ont fait sa renommée. Aujourd’hui, à cause des changements climatiques, les vignobles de cette région peinent à obtenir ce faible degré d’alcool et cette acidité, alors qu’au Québec, c’est ce qui nous démarque.
«Les rouges québécois sont un peu plus bas en alcool, digestes. C’est quelque chose qui se perd dans le monde du vin, donc profitons-en», affirme Vincent Laniel, du vignoble Très-Précieux-Sang.
Par ailleurs, si vous pensez que les rouges québécois ne sont pas adaptés à la garde, détrompez-vous! L’acidité est un élément essentiel pour la conservation.
On fait donc de très bons vins rouges au Québec. Ils peuvent être bus simplement et rapidement, ou alors conservés plus longtemps pour goûter leur belle évolution dans le temps.
Les vins blancs du Québec sont trop acides.
Ici, il est essentiel de faire un petit préambule qui s’applique à tous les vins. L’endroit d’où ils proviennent est important; c’est quelque chose qu’on ne veut pas masquer.
L’acidité fait partie intégrante de certains terroirs nordiques, comme le Québec. Et comme le dit si bien Vincent Laniel, du vignoble Très-Précieux-Sang, «c’est vraiment correct d’assumer qu’on a une bonne acidité. Pour moi, ce n’est pas un défaut, ça fait partie de la structure du vin.» Ensuite, tout est une question d’équilibre. «L’acidité apporte beaucoup de fraîcheur dans les vins, beaucoup de buvabilité», ajoute Michael Marler, du vignoble Les Pervenches.
Et si on se compare, on se rend compte que nos vins ne sont pas plus acides que certaines cuvées venues d’ailleurs. Même que des analyses chimiques ont révélé un taux d’acidité plus élevé dans certains champagnes que dans des vins du Québec.
Une mauvaise expérience avec un vin québécois ne devrait pas servir à résumer tous les produits d’une industrie. Il y a des vins blancs du Québec pour tous les palais; pour trouver celui qui vous convient, il suffit de découvrir les cépages que vous appréciez et de demander des conseils dans les épiceries et à la SAQ. De plus, n’hésitez pas à visiter les producteurs et productrices et à jaser de la question: ils et elles sauront vous guider vers les meilleures options parmi leurs gammes.
Élégance, fraîcheur, vivacité… C’est plutôt avec ces termes que nous devrions décrire les vins blancs québécois!
Les vins du Québec sont difficiles à trouver.
«Ce n’est pas vrai, ils sont à côté de chez vous! Les vins du Québec sont partout! Vous en avez à la SAQ, dans les supermarchés et dans les épiceries fines», affirme Win Le Phan, du Domaine La Vieille Grange.
Vrai, il fut un temps où les vins québécois étaient rarissimes sur le marché, mais ce n’est plus le cas. L’industrie a traversé une période d’adaptation. En raison du fort engouement pour les vins d’ici et des petits volumes de production de certains vignobles, on a parfois pu manquer de produits pour répondre à la demande grandissante. Mais aujourd’hui, le nombre de vignobles a augmenté et les stocks aussi. On peut donc trouver des vins québécois toute l’année à la SAQ, dans les épiceries à grande surface et dans les boutiques spécialisées, et ce, dans toutes les régions de la province.
«Au cours des dernières années, le réseau de distribution s’est élargi. Il sera de plus en plus fréquent de trouver des vins du Québec un peu partout», affirme Serge Primi, du Vignoble Côte de Vaudreuil.
Si on trouve davantage de vins d’ici sur les tablettes, ils font aussi leur place sur les cartes des restaurants. Vincent Laniel, également directeur du programme vin pour le restaurant Candide raconte qu’il y a quatre ans, sept producteurs de vins québécois se trouvaient sur sa carte. Aujourd’hui, il en compte 25!
Une autre façon de remplir son cellier de produits locaux: visiter les vignobles pour aller à la rencontre des producteurs et productrices. Voilà une belle occasion de prendre la route et de voir du pays!
Il n’y a que très peu de vignobles au Québec.
Depuis 40 ans, le vignoble québécois connaît une croissance soutenue. De nos jours, quelque 165 producteurs possèdent un permis de production artisanale de vin au Québec. En 2022, 3,1 millions de bouteilles sont sorties des chais sur le territoire québécois et 1000 hectares de vignes étaient consacrés à la culture du raisin de cuve.
«Il y a beaucoup de petits artisans qui sont moins connus. On entend souvent parler de quelques gros joueurs, mais il y a plusieurs vignobles dans les régions du Québec. Il faut juste se donner la peine de les découvrir», affirme Normand Guénette, du Vignoble Le Chat Botté.
Terminée, l’image du retraité qui fait du vin pour réaliser un rêve sans trop savoir dans quoi il s’embarque. L’industrie viticole québécoise s’est professionnalisée et une main-d’œuvre qualifiée s’est développée.
Et cette belle aventure continue! Près de la moitié des 105 vignerons membres du Conseil des vins du Québec ont mentionné vouloir augmenter la superficie de leurs cultures dans les trois prochaines années. Plusieurs vignobles sont également en démarrage et débarqueront sur le marché dans les prochaines années.
«Si tu te promènes en voiture, tu vas voir qu’il y a beaucoup de vignobles au Québec. Ça pousse comme des champignons», souligne Michael Marler, du vignoble Les Pervenches.
La croissance n’est donc pas sur le point de s’essouffler.
Pour découvrir d’autres mythes déboulonnés par les vignerons et vigneronnes du Québec, rendez-vous à vinsduquebec.com/informer/les-mythes/.