Morue salée séchée, le goût du savoir-faire gaspésien - Caribou

Morue salée séchée, le goût du savoir-faire gaspésien

Publié le

26 septembre 2018

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À Sainte-Thérèse-de-Gaspé à la mi-septembre, des filets de morue salée se font sécher doucement par le vent sur des vigneaux en bord de mer. Une recette à trois ingrédients (morue, sel, paysage gaspésien) et une méthode d’un peu plus de 200 ans qui fait partie de l’ADN culinaire de la Gaspésie. Si vous passez dans ce secteur de la péninsule prochainement (près de Percé), allez admirer le savoir-faire ancestral de l’usine de transformation et poissonnerie Lelièvre Lelièvre et Lemoignan. Texte et photos de Mélanie Gagné Cette entreprise gaspésienne a des centaines de vigneaux sur son terrain avec une vue magnifique sur le golfe du Saint-Laurent. Son directeur général, Roch Lelièvre, explique que le salage et le séchage de la morue ne se fait pas toujours au même moment de l’année, puisque la température est un élément important à considérer: «En Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve, par exemple, ils ne peuvent pas faire un tel produit, il y a trop d’humidité dans l’air. Ici, on a la bonne température pour ça. Il ne faut pas qu’il fasse trop chaud ni trop humide. On surveille la météo pour choisir la meilleure période.» M. Lelièvre soutient que la morue salée séchée «à la gaspésienne» (Gaspé Cured), est un produit unique au monde. Le poisson est arrangé et légèrement salé en usine. Puis il sort au grand air pendant environ 30 jours, comme le veut la méthode gaspésienne bicentenaire. «La recette date des Robin et des Jersiais. C’est un produit traditionnel encore fait manuellement, mais on a aussi des séchoirs mécaniques. On fait un séchage naturel, lent», raconte l’entrepreneur.
«On pourrait faire le même produit en 48 heures, mais il n’aurait pas le même goût, la même couleur. C’est un vieillissement contrôlé. C’est comme faire un vin ou un fromage.» –Roch Lelièvre
Après leur séjour en bord de mer, les filets de morue sont mis dans des sacs et réfrigérés à la poissonnerie. Ce produit frais a une durée de vie de deux ans, s’il est conservé à la bonne température. Ce type de poisson se vend beaucoup localement, mais aussi à l’extérieur du Québec. «On en vend du poisson salé séché aux États-Unis, beaucoup à Porto Rico et en Italie, énumère Roch Lelièvre. Au Québec, on en vend plus en Gaspésie. Il y a même des restaurants gaspésiens qui en servent.» La chair ambrée transparente et la saveur délicate légèrement salée de la morue salée séchée semble plaire. Il ne serait donc pas étonnant de voir des Gaspésiens accompagner leur bière locale (Pit Caribou et/ou Auval) d’un morceau de poisson salé séché lors d’un 5 à 7. À essayer! [gallery type="rectangular" size="medium" ids="5328,5211,5209"] Lelièvre Lelièvre et Lemoignan a été fondée en 1968. À la base, l’entreprise se concentrait principalement sur la transformation de morue salée séchée. Mais en 1992, le moratoire décrété sur la pêche commerciale à la morue a changé les choses. «Historiquement, 95% de notre chiffre d’affaires venait de la morue salée séchée. Après 1992, on a eu à se diversifier pour survivre. Nous sommes allés vers d’autres sortes de poisson de fond (turbot, flétan, hareng) et on a commencé la transformation du homard», relate M. Lelièvre. Aujourd’hui, la transformation du homard constitue la plus grande part du chiffre d’affaires de l’entreprise. Lelièvre Lelièvre et Lemoignan vend du homard en Europe (France, Italie, Espagne), aux États-Unis et en Asie. La poissonnerie est ouverte à l’année. On y trouve de la morue salée séchée en permanence.  
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