P pour Piquette
Publié le
16 novembre 2023
Texte de
Les Minettes
Illustration par
Elisabeth Cardin
Le terme piquette a longtemps été associé à un vin de mauvaise qualité, alors qu’en réalité, ce n’est même pas un vin! Initialement au Moyen Âge, cette boisson faible en alcool, était servie aux travailleurs lors de la période des vendanges, sans qu’elle vienne pour autant nuire à la qualité du travail fourni. En France, la fabrication de ce produit a été interdite à partir de 1907 et n’est toujours pas permise à ce jour, comme dans plusieurs autres pays d’ailleurs. Au Québec, c’est en 2021 que la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) a autorisé la production et la vente de la piquette avec, cependant, un cahier des charges assez stricte.
Pour produire la piquette, les vignerons utilisent le marc de raisin qu’ils récupèrent pendant les vendanges, auquel ils vont ajouter de l’eau ou du moût de pomme. Ce mélange va par la suite fermenter et se transformer en un breuvage très faible en alcool, sa teneur en alcool pouvant varier entre 2% et 7%. Certains vignerons vont également s’amuser en faisant macérer des fruits, des fleurs, et même des fines herbes, pour en rehausser les flaveurs!
Avant de penser à la rentabilité de ce produit, cette boisson est avant tout un produit d’économie circulaire, puisque le vigneron utilise ses déchets de vinification en le revalorisant et en utilisant ainsi l’entièreté de sa matière première (peaux et pépins). Après la dimension écologique qui prône le zéro déchet, vient la dimension économique. Auparavant, le marc de raisin était jeté ou donné pour être distillé. Avec cette récupération, le vigneron propose un breuvage très abordable sans grand investissement financier, et augmente la rentabilité de sa matière première.
Depuis l’autorisation d’en produire au Québec, on remarque encore plus à quel point nos vignerons sont créatifs! Alors que certains valorisent leur produit uniquement avec le marc de raisin en piquette tranquille ou pétillante, d’autres vont venir l’aromatiser ou jouer avec les macérations et la transformer en véritable cocktail prêt-à-boire, comme par exemple Lieux Communs avec leur piquette aromatisée aux agrumes ou encore Fragments avec une piquette aromatisée au sumac.
Nombreux sont les vignerons qui embrassent cette philosophie durable. D’ailleurs on peut s’attendre à en voir de plus en plus d’ici les prochaines années, elles sont de belles alternatives à ceux qui n’aiment pas la bière ou qui ont juste envie de légèreté!