Publié le
04 septembre 2025
Texte de
Sophie Mediavilla-Rivard

Simon Michaud répond à l’appel vidéo en plein milieu d’un champ, sous un soleil tapant. «Je suis en train de travailler dans un rang de laitue en ce moment! lance-t-il. Il nous reste encore un mois de tests de désherbage avant de lancer la production des premières machines vendues.»
Désherbex, c’est une technologie de désherbage de précision: un robot muni de bras électriques et de caméras qui distinguent les légumes des mauvaises herbes grâce à l’intelligence artificielle. Conçue pour être très polyvalente, la machine peut s’adapter à presque tout type d’agriculture. «On développe différents embouts qui sont attachés aux bras robotiques, comme une main arrachant des mauvaises herbes ou une scie coupant les feuilles. On est capables de les changer super facilement pour s’adapter à différentes cultures», explique l’entrepreneur.

Lier écologie et robotique
Simon Michaud n’avait pas de bagage en agriculture avant Désherbex. La petite histoire, c’est qu’il voulait intégrer à son projet de fin d’études les valeurs entrepreneuriales et environnementales qui lui tenaient à cœur. «Quand je suis entré au bac en robotique, je cherchais à faire une différence, à trouver une manière d’avoir un impact positif dans le monde grâce à la technologie, raconte-t-il. C’est là que je suis tombé sur le problème du désherbage dans les champs de carottes et d’oignons.»
D’après lui, le premier enjeu du désherbage, c’est qu’il est souvent effectué manuellement, dans des conditions ardues pour les travailleurs et travailleuses. Le second est lié aux herbicides: «Depuis des années, on met des herbicides dans nos champs en pensant que ça va régler le problème. Mais, en fait, les mauvaises herbes y résistent beaucoup et envahissent complètement les champs.» Voilà un problème grandissant pour les productrices et producteurs – et c’est là que Désherbex entre en jeu.
Simon Michaud et son équipe ont d’abord présenté cette idée dans un petit concours d’entrepreneuriat à l’UdeS, où ils ont remporté une somme de 5000$. «Cet argent-là a servi à un premier prototype, qui nous a permis de gagner un peu plus d’argent dans d’autres concours et de tranquillement faire boule de neige.» Aujourd’hui, c’est presque un million de dollars qui ont été investis dans le projet.

Petit train va loin
Plusieurs entreprises agricoles de la province – qui sont aujourd’hui des clients impatients de disposer de la nouvelle technologie – ont aidé à la création du prototype. «On est chanceux parce qu’on a pu travailler très tôt avec des producteurs intéressés par notre technologie, des gens pour qui le désherbage est un gros problème et qui cherchent des solutions.» Simon Michaud mentionne entre autres la ferme Delfland, à Napierville (qui est aussi l’acheteur de la première machine commerciale), les Fermes Farnham, à Sainte-Sabine, ainsi que les Fermes Hotte et Van Winden, aussi à Napierville.
À moyen et long termes, le jeune entrepreneur voit grand, avec des visées internationales. Le fait de travailler aux États-Unis permettrait à l’entreprise de continuer ses travaux de désherbage durant l’hiver. «En Californie, par exemple, il y a de la culture à longueur d’année», mentionne Simon Michaud. En plus de la finalisation des tests sur le terrain et de la préparation à la commercialisation s’ajoute la recherche de partenaires et d’investisseurs. Malgré le travail colossal qui l’attend, le Québécois arbore un sourire confiant lorsqu’il parle des étapes à venir. Après tout, son invention a le potentiel de changer le visage de l’agriculture de demain. Rien que ça!
Désherbex en chiffres
2 à 3: De 2 à 3 semaines sont nécessaires pour construire une machine. Le prototype commercial a été assemblé en moins de deux mois.
2 à 6: Les robots Désherbex mesurent entre 2 et 6 mètres.
10: Chaque machine possède 10 bras robotisés et 10 caméras.
5: L’équipe de Désherbex est aujourd’hui composée de 5 personnes, dont 4 sont employées à temps plein.
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